3 juillet 2019

[Abbé Gonzague Peignot, fsspx - Le Seignadou] "Voici le temps de vacances..." (éditorial)

SOURCE - Abbé Gonzague Peignot, fsspx - Le Seignadou - juillet-août 2019
Bien chers fidèles, voici le temps de vacances, un temps nécessaire pour le repos de l'esprit, de celui du corps parfois, un temps bien légitime, peut-être même utile, mais qui peut s'avérer bien périlleux pour l'âme si l'on ne veille pas à le régler, à l'organiser, en gardant toujours à l'esprit que le Bon Dieu n'est jamais en vacances, que notre âme, que celle de chacun nos enfants, doit toujours être prête à pouvoir se présenter devant Dieu et doit donc toujours s'efforcer à progresser dans la vertu.

Ce temps de vacances est d'ailleurs un temps propice à la pratique des vertus du foyer, à une vie de famille, et donc de charité, plus intense. Et pour réussir ce défi, parce que c'est un défi, celui d'une éducation réussie, il est trois mots qu'il sera bon de retenir, qu'il ne faudra pas oublier, trois mots qui permettront de développer les vertus si nécessaires à nos âmes, et spécialement la vertu de force, qui se développe toujours plus difficilement dans un monde toujours plus lascif et sensuel.
     
Ces trois mots sont : générosité, lecture et prière.
     
Générosité. Oui, il est fondamental de développer dans les âmes de nos enfants, dans notre âme aussi, la générosité. Notre monde se perd par l'égoïsme, la perte de la notion effective du bien commun. On ne vit plus que pour ses intérêts personnels, que pour l'assouvissement de sa volonté propre, de ses désirs, quels qu'ils soient. Et force est de constater que cette ambiance nous affecte bien souvent. A cela, il ne faut pas oublier que les blessures du péché originel nous portent et nous porteront toujours à la recherche de soi. Alors il convient de profiter de ces temps de vacances, où nos enfants sont plus présents, plus disponibles aussi, pour développer en leur âme cette générosité qui détruira cet égoïsme. Comment ? En les encourageant, en les obligeant si besoin, à rendre service bénévolement, sans compter, sans espérer une contrepartie, afin que petit à petit, ils fassent leur cette parole de Saint Ignace de Loyola : « Donner sans compter, (...) sans attendre d'autre récompense que celle de savoir que nous ferons la volonté de Dieu. »

Faire travailler un enfant contre de l'argent, c'est développer son avidité, c'est provoquer sa concupiscence envers les biens matériels, c'est écarter son cœur des biens éternels, pour la bonne et simple raison que ce cœur est déjà préoccupé par les richesses terrestres ; c'est aussi et surtout détruire l'esprit de sacrifice, et donc s'assurer la destruction des vocations religieuses et sacerdotales.

Encourager un enfant à rendre service, c'est développer sa vertu de force, parce que c'est tout d'abord lui faire accomplir une œuvre qui lui est difficile d'une certaine façon, en raison de notre nature viciée par le péché originel, et parce que c'est ensuite bien souvent l'occasion de le forcer à achever l'œuvre commencée, et donc à faire preuve de persévérance, moyen privilégié pour grandir dans la vertu de force.
     
A cela, il est important d'ajouter que c'est un moyen d'occuper les enfants, de fuir l'ennui, l'oisiveté, mère de tous les vices, spécialement de l'impureté. Combien d'enfants partent en vacances innocents, et reviennent l'âme ravagée par l'impureté en raison du manque de saines occupations !

Alors peut-être que l'inspiration vous manque. Voici donc quelques suggestions. Il y a bien sûr les services qui peuvent être rendus à la maison : le couvert, la vaisselle, le ménage, même pour les garçons... Il est bon aussi de faire travailler nos enfants à l'entretien de la maison, ou à sa réfection. Si le début est souvent laborieux, la joie d'avoir accompli une œuvre est souvent un stimulant important pour l'avenir. Nous n'oublierons pas l'entretien du jardin, la préparation du bois pour l'hiver... Les activités ne manquent pas. Elles pourraient cependant manquer chez vous. Soyez certains qu'elles ne manquent pas à la paroisse ou à l'école. De l'entretien de l'église, à celui du jardin, en passant par tous les menus travaux, ou même les gros travaux dont l'école a besoin, nous saurons occuper vos enfants à toute heure du jour !
     
La lecture. Les vacances ne signifient pas abolition de toute activité intellectuelle. S'il est évident que
les vacances ne sont pas le temps de l'étude, qu'il serait désordonné de prendre ce temps à suivre tout un programme scolaire, il ne faut pas négliger la nécessité que notre esprit a de rester éveillé, d'être nourri. La lecture, une lecture choisie, adaptée, est le moyen de garder notre esprit en éveil, de le nourrir, et d'entretenir ainsi le goût pour l'exercice intellectuel sans lesquels les enfants tombent bien souvent dans la paresse face à leur travail au cours de l'année scolaire. C'est aussi un excellent moyen de développer là encore la vertu de force ; à l'encontre des films et des jeux d'ordinateur qui ne font que laisser les enfants dans une passivité qui engendre la mollesse des cœurs tout autant que celle des corps, la lecture exige attention et compréhension, et exerce ainsi la vertu de force. Concrètement, il s'agit de veiller à toujours avoir un livre en cours de lecture et à le lire un peu tous les jours. Il faut y veiller pour soi, il faut y veiller pour ses enfants.

La prière. Comme nous l'avons dit, Dieu n'est jamais en vacances. Il faut donc Le prier tout autant que dans le cours de l'année. Il faut aussi être très vigilant pour permettre à chacun des membres de
notre famille de se confesser tous les quinze jours au moins, toutes les semaines pour les adolescents.
Comment réussir ? Un excellent moyen sera d'assister à la messe en famille une fois par semaine, en plus du dimanche. On pourrait choisir un jour de la semaine pour cela. On viendra à la messe en avance pour permettre la confession de ceux qui le souhaitent, on pourra prendre rendez-vous à cette fin, sans hésiter. Pour faciliter cet exercice, un prêtre sera à votre disposition presque tous les jours du mois de juillet et d'août de 11h à 11h40 avant la messe.
    
Enfin, inutile de prétendre passer de bonnes vacances sans la très sainte vierge Marie. Récitons le chapelet en famille. Organisons nos journées pour que cette belle dévotion soit accomplie quotidien-
nement. Avant le repas du soir par exemple, sachons réunir la famille pour ce temps de dévotion mariale ; sinon dans les nombreux trajets que nous avons.
     
Bien chers fidèles, retenez donc : générosité dans les occupations, lecture, et prière du chapelet tous
les jours, de la messe une fois par semaine avec la réception du sacrement de pénitence.
     
Alors, mais alors seulement, nous ne reculerons pas au cours de ces vacances, et si nous ne reculons
pas, c'est bien parce que nous avançons vers la béatitude céleste que je vous souhaite à tous.
In Corde Jesu et Mariae.
     
Abbé Gonzague Peignot +