SOURCE - Rémi Fontaine - 26 novembre 2019
Rapporteur (LREM) de la mission d’information sur la loi bioéthique, le professeur Jean-Louis Touraine s’est fait connaître à la fin des années 1970 en réalisant des greffes de cellules souches fœtales. Ne cachant pas être initié au Grand Orient de France, il a récemment déclaré parmi d’autres affirmations transgressives : « Il n’y a pas de droit de l’enfant à avoir un père à quelque moment que ce soit ! » Le journal Présent s’honorait jusque-là d’avoir été l’un des premiers à pointer sa logique d’apprenti sorcier, au grand mécontentement du mandarin lyonnais.
Rapporteur (LREM) de la mission d’information sur la loi bioéthique, le professeur Jean-Louis Touraine s’est fait connaître à la fin des années 1970 en réalisant des greffes de cellules souches fœtales. Ne cachant pas être initié au Grand Orient de France, il a récemment déclaré parmi d’autres affirmations transgressives : « Il n’y a pas de droit de l’enfant à avoir un père à quelque moment que ce soit ! » Le journal Présent s’honorait jusque-là d’avoir été l’un des premiers à pointer sa logique d’apprenti sorcier, au grand mécontentement du mandarin lyonnais.
Il se trouve en effet que le déjà célèbre professeur a intenté naguère un procès en diffamation contre le quotidien Présent à ses débuts, suite à la parution de deux articles du 26 novembre 1983, cosignés par Hugues Kéraly (cofondateur et rédacteur en chef du journal) et moi-même, après que l’Association internationale contre l’exploitation des fœtus humains ait elle-même saisi le Conseil national de l’Ordre des médecins.
Dans un livre multipliant les contrevérités et les désinformations, l’actuel gérant du néoPrésent, Francis Bergeron, prétend aujourd’hui désigner ce double article comme une « faute professionnelle ». Évoquant en effet les condamnations passées du journal pour « diffamation », il écrit dans cet ouvrage publié chez un éditeur confidentiel très peu en phase avec la pensée catholique de Jean Madiran :
« Précisons que ces diffamations (du moins cela a-t-il été jugé comme tel) étaient assez insignifiantes, tant dans leur portée que dans leur condamnation, à l’exception d’un article de Rémi Fontaine [il omet Kéraly !] qui s’en était pris à trois chercheurs lyonnais en immunologie [il omet de nommer Touraine !], accusés de se livrer à un “abominable” trafic de fœtus. Les condamnations financières furent considérables dans cette dernière affaire et Présent dut publier à ses frais le texte de la condamnation dans cinq journaux, ainsi que dans ses colonnes. Cela coûta une fortune au journal. Erreur de jeunesse de Fontaine, sans doute, mais la faute professionnelle était plutôt grave. La direction de Présent de l’époque eut l’élégance de ne pas renvoyer le (alors jeune) journaliste. »
Loin de considérer cet article comme une grave « faute professionnelle », cette direction (tellement différente de celle d’aujourd’hui) eut surtout l’élégance de me féliciter et de m’encourager à poursuivre ce combat pour la culture de vie ainsi défendue au niveau des principes. A tel point même que Me Georges-Paul Wagner faisait toujours référence à ce procès avec une certaine fierté, comme on peut en juger aux Vingt ans de Présent :
« Une fois, je m’en souviens, au tribunal correctionnel de Lyon, où Rémi Fontaine comparaissait pour une prétendue diffamation, nous vîmes un juge assesseur se plonger de toute son âme dans la lecture de nos articles, pendant que nos adversaires péroraient et que le ministère public requérait. Il nous accordait l’exclusivité totale et en pleine audience, c’était beau comme l’antique Lugdunum ou, si on veut, comme un camion. »
A l’occasion de ses cinquante ans de barreau, je rappelais également sa défense alors quasi-prophétique (comme celle de Me Jean-Baptiste Biaggi pour Kéraly) sur le principe de l’indisponibilité du corps humain :
« Je garde en mémoire l’éloquence et la sagesse de cette plaidoirie qui n’avait pu, malgré tout, convaincre le juge féminin d’alors. Tout avait été dit avec talent et justesse. Mais nous venions évidemment trop tard aux yeux du monde et des DHSD (droits de l’homme sans Dieu). A contre-courant du vent idéologique dominant, confrontés déjà à la force injuste de la loi Chirac-Veil. »
Profitant en effet de l’« IVG » légalisé, ces médecins usaient de certains « tissus fœtaux » intacts (empruntés selon des procédés très spéciaux) comme d’un matériel disponible à des fins thérapeutiques, disaient-ils, la fin justifiant bien sûr les moyens. Le Professeur Touraine en usait alors au terme d’une filière assez discrète et de ce qu’il faut bien appeler une discrimination, qui, pour notre malheur, fut considérée cette fois positive par la justice. Nous fûmes donc condamnés en dépit de notre antiracisme humain authentique. Paradoxe du temps…
« Tout avait été dit, témoignais-je donc, mais – une fois n’est pas coutume – nous avons perdu ce procès. Restait pour autant notre honneur d’avoir défendu de notre mieux les plus faibles parmi les plus petits de l’espèce humaine. » Ayant relu ces deux articles [toujours disponibles] à la lumière de ce que nous vivons aujourd’hui en matière de soi-disant « bioéthique » et au regard de la carrière de Jean-Louis Touraine, il n’y a aucunement à en rougir comme l’insinue ce texte. Pas plus que SOS-Tout-petits devrait avoir honte de ses procès perdus ! Si ce n’est qu’une nouvelle saillie de Francis Bergeron contre d’anciens collaborateurs historiques de Présent, outre des méthodes peu orthodoxes, elle révèle aussi et surtout que la ligne éditoriale de son nouveau journal n’est pas aussi fidèle à ses origines qu’il le prétend…
Rémi Fontaine