SOURCE - Laurent Mauron - Le Parisien - 26 novembre 2019
Les riverains contestent le permis de construire qui permettrait à cet établissement de Fontenay-le-Fleury proche de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X de s’agrandir de 1 485 m2.
Dans cette école privée hors contrat de 145 élèves, on trouve uniquement des filles, scolarisées du CP à la 1e. Le cours Sainte-Clotilde est dirigé à Fontenay-le-Fleury par les Sœurs Dominicaines de Saint-Jésus de Fanjeaux, congrégation liée à la Fraternité sacerdotale Saint Pie X, mouvement qui regroupe les « catholiques de tradition ». Autrement dit, des intégristes.
Depuis son rachat en 2014, l'école est installée dans le château de Ternay, ancienne résidence de Sacha Guitry, rue René-Dorme. L'institution a déposé une demande de permis de construire en vue d'un agrandissement de ses locaux de 1 485 m2 pour porter leurs effectifs à 200 enfants et 18 Sœurs. Celui-ci prévoit l'édification de 10 salles de classe supplémentaires, d'un réfectoire et d'une salle polyvalente.
Le projet inquiète les riverains de l'établissement, qui font circuler une pétition contre cette construction, déjà signée par 70 personnes. Ils ont également pris un avocat, qui a déposé, ce mardi, une requête en annulation du permis devant le tribunal administratif de Versailles.
Les riverains craignent «des problèmes en matière de circulation et de stationnement»
« Nous sommes vent debout contre ce projet qui pose des problèmes en matière de circulation et de stationnement », précise Benoît Ayela, porte-parole des riverains, furieux, aussi, « de ne pas avoir été consultés, ni avisés de ce qui se tramait ».
La rue René-Dorme est une rue étroite. « Le trafic est intense chaque matin dans le secteur avec la D 127 et le CD 11 qui sont saturés dès 7h30. Dans notre rue, c'est un défilé de voitures, ajoute un autre riverain. Cet agrandissement impliquera forcément, à terme, des travaux de voirie et des abords à la charge de la commune. »
L'autre sujet de désaccord, ce sont les arbres. 145 devraient être abattus si le permis se concrétise : une éventualité qui choque les voisins, alors qu'on se trouve sur un site remarquable.
Une zone classée
Le château de Ternay est, en effet, situé en zone classée. Une situation qui fait que le permis de construire a échappé - en partie - aux mains de la commune. « Nous sommes dans une procédure dite de compétences liées. C'est surtout l'Etat qui l'a instruit, via un arrêté du ministère de l'Environnement et après consultation de la commission des sites. Notre pouvoir consiste surtout à vérifier des éléments liés aux réseaux ou à la sécurité incendie. Comme tout nous semblait en place, nous avons signé ce permis », explique Richard Rivaud, le maire DVD, qui entend rester sur une ligne purement « légaliste » dans cette affaire. Il rappelle aussi que le PLU (plan local d'urbanisme) du secteur prévoit la possibilité d'un établissement d'enseignement.
«Une polémique incompréhensible» pour l'école
Du côté de l'école, on juge « cette polémique incompréhensible ». « L'école, qui a ouvert depuis 2015, est nécessaire et fait du bon travail, insiste l'assistant maître d'ouvrage, l'agence Principio basée à Laval (Mayenne), qui répond en son nom. On va rénover un parc qui n'existait plus depuis longtemps en replantant 113 arbres d'ici à 2030. Nous pensons aussi à des solutions de pedibus depuis un parking de proximité pour la circulation dans la rue. Toutes les procédures ont été suivies à la lettre et on va redonner une fonction d'habitation au château pour les sœurs. On est prêt à rencontrer les riverains s'ils le désirent. »
Reste que l'enseignement dispensé heurte aussi ces opposants au projet. « Les méthodes pratiquées rejettent les principes de liberté religieuse et de conscience, martèle Clarisse Taillandier, une riveraine en colère. Il faut penser à ces gamines scolarisées. Comment peut-on leur inculquer, alors qu'on parle aujourd'hui de la parité hommes-femmes, que les femmes ne sont pas là pour briller ou réussir dans le monde, de ne pas s'encombrer de connaissances érudites mais de se borner à devenir des bonnes maîtresses de maison ? » « Je comprends qu'on puisse être surpris ou irrité. Cela dépend des convictions personnelles de chacun », répond-on chez Principio.