SOURCE - Oremus - via La Lettre de Paix liturgique - Numéro 49 - 27 janvier 2006
Le 25 septembre dernier, Mgr Rey, évêque de Toulon, a érigé la paroisse Saint-François de Paule, où la messe traditionnelle était déjà célébrée depuis plusieurs années, en paroisse personnelle. Cette formule canonique originale est une première en France. Le curé de cette communauté, l’abbé Fabrice Loiseau, répond à nos questions.
Monsieur l’abbé, qu’entend-on au juste par les termes paroisse personnelle ?
Le 25 septembre dernier, Mgr Rey, évêque de Toulon, a érigé la paroisse Saint-François de Paule, où la messe traditionnelle était déjà célébrée depuis plusieurs années, en paroisse personnelle. Cette formule canonique originale est une première en France. Le curé de cette communauté, l’abbé Fabrice Loiseau, répond à nos questions.
Monsieur l’abbé, qu’entend-on au juste par les termes paroisse personnelle ?
Abbé Loiseau – Tout d’abord, il faut préciser qu’il s’agit bien d’une paroisse à part entière, avec la possibilité d’administrer tous les sacrements et de tenir des registres sans dépendre d’une autre paroisse. Saint-François de Paule est donc plus qu’une simple chapelle et, comme pour toute paroisse, c’est un curé que l’évêque désigne à sa tête.Mais s’il s’agit d’une paroisse comme les autres, qu’y a-t-il de nouveau ?
Il y a bien une particularité ! Conformément à la volonté de notre évêque, la liturgie y est célébrée selon le rite romain traditionnel, qu’il célèbre lui-même lors de ses visites. Cette paroisse est donc celle de tous les fidèles du diocèse qui sont attachés à cette liturgie. Avant d’être territoriale, sa mission est donc personnelle, en ce sens qu’elle s’adresse à des personnes particulières. D’où l’appellation de paroisse personnelle. Cela n’a donc rien à voir avec la personnalité de son desservant !C’est en effet une situation tout à fait particulière. Mais, pour autant, le cas de Saint François de Paule est-il unique ?
Non, car il existe des exemples similaires au Brésil et aux États-Unis. Le diocèse de Campos au Brésil, érigé en administration apostolique par le pape Jean-Paul II en 2002, se trouve dans une situation à peu près comparable, en ce sens que son évêque et ses prêtres ont la mission de célébrer le rite romain traditionnel. L’existence de cette administration apostolique est le fruit des négociations entre Monseigneur Rangel et le Saint-Siège.En effet. La volonté de ces évêques était d’intégrer pleinement à la vie du diocèse les fidèles attachés à l’ancien rite, en leur accordant une paroisse à part entière. Mais, dans le cas de Toulon, comment est-on parvenu à une telle solution ?
Aux États-Unis, il y a l’exemple de l’église Saint-François de Sales à Mableton (Géorgie) qui a été érigée au rang de paroisse par l’archevêque d’Atlanta en janvier 1999. C’est également le cas de la paroisse du Saint-Sacrement à Kansas City et de deux autres paroisses du même diocèse.
La reconnaissance de cette paroisse personnelle s’est faite grâce à une étroite collaboration entre le diocèse et la commission « Ecclesia Dei ». Dimanche 25 septembre, le vicaire général est donc venu à Saint-François de Paule pour lui conférer officiellement son nouveau statut. Mais cela n’a été possible que parce qu’à Toulon, il existe depuis des années une réelle ouverture entre le diocèse et les fidèles « traditionalistes ». C’est ainsi que nous participons régulièrement aux activités du diocèse, et qu’un intérêt missionnaire commun a pu se développer au fil des ans.Quelles seront à votre avis les conséquences de ce nouveau statut sur la vie de votre communauté ?
Le statut canonique fort de notre communauté marque assurément une plus grande reconnaissance de l’ancien rite, comme rite actuel de l’Église catholique. Ce n’est pas une pièce de musée ! Ce statut nous donne également une plus grande liberté dans l’apostolat que l’évêque attend de nous, comme de tous les membres du diocèse, prêtres ou laïcs. C’est un moyen exceptionnel pour développer la mission.Monseigneur Rey vous envoie donc en mission, à Toulon, en 2005 ?
Assurément ! Il entend nous associer pleinement à l’élan du pape Jean Paul II pour la Nouvelle Évangélisation. C’est l’une des raisons pour lesquelles s’est créée, avec l’encouragement de l’évêque, une nouvelle communauté de prêtres, la Société des Missionnaires de la Miséricorde. L’évêque nous a remis l’habit le dimanche 4 septembre dernier.Une nouvelle communauté ? N’est-ce pas une division de plus ?
Absolument pas, puisque je continue à travailler avec la Fraternité Saint Pierre, et que j’invite des prêtres d’autres communautés à venir célébrer la messe à la paroisse. La diversité fait partie de la richesse de l’Église. Il s’agit pour nous d’une nouvelle spiritualité autour de la Miséricorde, de l’adoration Eucharistique et de la mission, particulièrement auprès des musulmans. Mais je préfère attendre quelques mois pour vous en parler plus précisément, car nous devons faire nos preuves par une vie commune et une persévérance dans notre spiritualité.Vous avez dit que la mission est l’une des préoccupations de votre communauté. Concrètement, comment vous y prenez-vous pour annoncer l’Évangile ?
Nous essayons de nous rendre visibles et de témoigner de notre foi. Nous allons dans la rue ! Nous organisons des processions, certains jours de fête. Pour la Fête-Dieu, par exemple, les paroisses du centre de Toulon nous ont demandé d’organiser avec elles une procession autour du port. Nous récitons également le chapelet en public ; nous faisons des prédications de rue. Le parvis de Saint-François de Paule, en plein cœur de Toulon, se prête parfaitement à ces manifestations de prière publique.