SOURCE - Ennemond - le Forum Catholique - 16 avril 2008
Que Dom Gérard Calvet ait combattu pour maintenir la sainte messe, qu'il n'ait pas hésité en des heures sombres à s'activer pour écrire à temps et à contretemps que cette liturgie est le trésor de l'Eglise dont découle la sanctification des âmes, est un fait historique ; nous lui en serons gré au-delà des ans.
Tous les monastères bénédictins qui observent la liturgie traditionnelle l'ont eu pour père, la revue Itinéraires n'aurait pas été ce qu'elle fut sans lui. Il était un adversaire farouche de cette nouvelle messe, "équivoque" et acceptée par les Protestants.
Vouloir justifier deux dispositions de cet abbé paraît malgré tout étrange. La concélébration du rite de Paul VI avec Jean-Paul II et l'acceptation du principe de célébration du nouveau rite par les moines du Barroux ne sont pas les pages qui jouent en faveur de cette défense. Certes, de manière relative, ces faits ne feront pas de Dom Gérard un ardent défenseur du NOM, mais à la place qu'il occupait jusqu'à cette date, il a, quoiqu'on dise, brisé d'une certaine manière le cordon sanitaire qui était soigneusement placé autour de cette messe. Dans le cadre de la FSSP, ce cordon n'a, par exemple, pas été brisé par les prêtres non-signataires. Dans leur cas, on ne leur demandait pourtant qu'une concélébration, une fois par an, le Jeudi Saint.
Mais cette concélébration, ces prêtres courageux l'ont refusé car elles les auraient liés à ces nouveaux rites « équivoques au point d'être acceptés par les protestants qui les reçoivent dans un autre sens. » Ces mots de l'abbé Dulac, Jean Madiran les a repris dans Présent il y a tout juste cinq jours, en ajoutant : « Cette observation n’a rien perdu de sa valeur.»
Il ne s'agit pas de juger ici un homme. J'avais moi-même 7 ans au moment des sacres. Je suis incapable de savoir ce que j'aurais fait en 1988. Je n'aurais sans doute pas été capable de mener le combat de Dom Gérard. Mais, historiquement parlant, maintenant que le décès du fondateur du Barroux est un peu éloigné et que Jean Madiran se permet de lancer cette actualité retrospective, il me paraît que les arguments de l'abbé Aulagnier ne sont pas si légers que cela.
C'est une question qui se pose pour l'avenir : Pour défendre la vérité, n'est-il pas nécessaire de souligner l'équivocité du nouveau rite plutôt que vouloir se justifier en essayant de prouver son "orthodoxie" et en soulignant sa validité ? Donner la moindre allégeance active à ce rite, n'est-ce pas déjà relativiser l'équivocité que l'on peine à dénoncer ?