SOURCE - Patrice de Plunkett - 23 avril 2008
« Traditionalistes » ? Le vrai problème est insoluble (à vue humaine)
…et il n’est pas où les médias croient le voir :
Dans une nième lettre à ses partisans, le supérieur d’Ecône – il se nomme Bernard Fellay – redit qu’il n’est pas question de réintégrer l’Eglise catholique romaine ; il couvre celle-ci de griefs virulents, selon l’habitude lefebvriste. La presse croit pouvoir en déduire que cette lettre donnera du « déplaisir » à Rome. Cette affirmation est au moins équivoque.
En effet, la fable d’une papauté ratzingérienne « habitée du désir de renouer avec Ecône » ne repose sur rien. Le pape sait de longue date ce qu’est le micro-climat écônesque. Si Rome ressent un « déplaisir », ce n’est pas d’échouer à rallier Ecône, c’est de voir que des catholiques ont pu se rétracter hors du monde réel, hors des tâches du chrétien d’aujourd’hui : dans l’enclos mental d’une idéologie passéiste à vocabulaire religieux qui n’est pas compatible avec l’évangélisation du XXIe siècle. (Pour mesurer cette incompatibilité, il suffit de relire les directives du pape aux Etats-Unis).
Contrairement à ce que veut croire la presse, le « conservatisme » (?) de Benoît XVI n’établit aucune « parenté » entre lui et Ecône. D’abord, parce que Benoît XVI n’est pas un « conservateur »*. Ensuite, parce que les hantises de la « petite Eglise » lefebvriste sont d’une autre nature que les perspectives de la grande Eglise. Les commentateurs aimeraient que Benoît XVI ait des faiblesses envers Ecône, parce que cette attitude signerait une incompatibilité entre Rome et le monde réel ; mais les commentateurs se fourvoient. Comme d’habitude.
Quant aux « traditionalistes » de Mgr Fellay, ils ont un problème qui tient à leurs mobiles profonds – et qui paraît insoluble à vue humaine.
(*) Terme qui n’a aucun sens dans le contexte catholique.