SOURCE - Paix Liturgique n°293 - 28 juillet 2011
Du 16 au 21 août, Madrid accueillera les JMJ. Le Saint Père s'y rendra à partir du 18 et célébrera la messe pour les séminaristes le samedi 20 et la messe de clôture le 21. Cet événement nous a incités à compléter notre campagne européenne de sondages sur la réception du Motu Proprio Summorum Pontificum par une enquête en Espagne. Confiée au très sérieux Institut Ipsos, celle-ci a été réalisée en deux vagues d'entretiens directs au cours du mois de juin. 2000 Espagnols de 15 ans et plus, dont 1265 ont déclaré être catholiques, y ont répondu.
I – La forme extraordinaire en Espagne
Ce n'est pas compliqué, elle n'existe quasiment pas ! Avant le 7 juillet 2007, les messes traditionnelles dominicales se comptaient sur les doigts d'une main, Fraternité saint Pie X comprise...
Aujourd'hui, elle demeure extrêmement peu développée : trois messes dominicales hebdomadaires pour la FSSPX,et pas plus d'une quinzaine dites par des prêtres diocésains ou Ecclesia Dei. En outre, le nombre des fidèles assistant à ces messes est généralement faible, ce qui tranche avec la situation habituelle de la forme extraordinaire, d'ordinaire très fréquentée. Il faut dire que les horaires des messes sont souvent peu favorables aux familles (8h30, 19h30, etc.).
Mais il faut considérer que la situation est en pleine mutation – ce que le présent sondage, comme on va le voir, confirme. Une dynamique se dessine en effet, notamment portée par des groupes de demandeurs souvent jeunes et des prêtres désireux de mettre leurs pas dans ceux du Saint Père et du cardinal Cañizares, préfet de la Congrégation pour le Culte divin et ancien archevêque de Tolède (voir notre lettre 180 ). Mais le signe majeur de cette évolution est le nombre croissant de jeunes prêtres apprenant à célébrer la messe traditionnelle.
Dans notre lettre 275, nous indiquions que la baisse du nombre des séminaristes en Espagne était très impressionnante : 1 227 grands séminaristes en 2010-2011, contre 1 337 l’an passé, soit une chute de 9% en une année, que l’épiscopat espagnol camoufle un peu, en ajoutant aux chiffres des grands séminaires ceux des petits séminaires, qui existent encore dans la péninsule ibérique alors qu’ils ont pratiquement disparu en France. Au total, le volume global des grands et petits séminaristes hispaniques est tombé de 24,3%, près du quart, en 5 ans (link). En Espagne, comme partout en Europe occidentale, l’effondrement du nombre des prêtres et des séminaristes est donc massif et dramatique, mais les nouveaux prêtres et les séminaristes qui restent sont, là aussi, beaucoup plus « identitaires ». C’est une donnée très importante et qui doit nous aider à il faut lire le présent sondage.
La marginalité de la liturgie traditionnelle en Espagne tient au contexte historique et culturel dans lequel a été accueillie la réforme conciliaire. Franquisme oblige, le catholicisme était en effet religion d'État à l'époque de l'entrée en vigueur du Novus Ordo. De ce fait, le clergé jouissait encore d'une grande autorité sur les fidèles et d'une grande discipline interne. Nul, prêtre ou laïc, n'a songé à contester le missel de Paul VI, d'autant plus que celui-ci y a été - au départ - célébré avec toute la révérence et la dignité qui caractérisaient la liturgie tridentine. L'attitude, enfin, des congrégations fortement implantées dans le royaume, comme l'Opus Dei – même si Mgr Escrivá a continué à célébrer la messe traditionnelle en privé – ou les Jésuites, a bien entendu joué en faveur de l'adoption unilatérale de la liturgie moderne.
De ce fait, la réaction liturgique frontale a été limitée dans les années 70 à quelques prêtres (3 ou 4). L'immense majorité des prêtres de tendance traditionnelle était alors regroupée dans une association importante et active (près de 6 000 membres) : la Hermandad Sacerdotal Española, soutenue en sous-main notamment par Mgr José Guerra Campos, le Siri espagnol, alors évêque de Cuenca. Les préoccupations de Mgr José Guerra Campos et de la Hermandad Sacerdotal Española étaient prioritairement doctrinales (ce qu’on ne saurait, a priori, leur reprocher et concernait surtout la dénonciation de la liberté religieuse) et politico-religieuses (quelle succession pour le franquisme ?). Mais ces prêtres, qui auraient pu peser sur l’évolution de l’Église d’Espagne et de nombreux fidèles, hésitaient – bien qu'ayant beaucoup de sympathie pour le traditionalisme français – à franchir le pas liturgique de ce qui, à l’époque, semblait une « rébellion ».
Ces dernières années, grâce à Benoît XVI, la situation a cependant évolué pour arriver à l’état actuel, très insatisfaisant du point de vue des célébrations offertes, mais prometteur comme le révèle le sondage de l'institut Ipsos.
II – Les résultats
a) Le premier phénomène que mesure notre enquête, c'est la déchristianisation continue des vieilles nations catholiques, à laquelle le pays des Rois catholiques n'échappe pas. Alors que le service de presse du Saint-Siège a annoncé, le 21 juillet, le chiffre de 92% de catholiques en Espagne (mais sans doute s'agit-il des baptisés et non des croyants déclarés), notre enquête fait ressortir que seulement 63 % des sondés se déclarent catholiques, chiffre qui tombe à 45,1 % chez les 15-24 ans. Les jeunes catholiques sont donc en minorité outre-Pyrénées, ce qui donne un relief particulier aux JMJ de Madrid que le Saint Père ne manquera probablement pas de placer sous le signe de la nouvelle évangélisation.
En outre, notre sondage fait apparaître que 13,9 % des catholiques espagnols déclarent aller à la messe chaque dimanche et 11,3 % au moins une fois par mois. Cela représente seulement 25,2 % de pratiquants, ce qui est un autre reflet de la sécularisation galopante de la Vieille Europe.
b) Les catholiques Espagnols ignorent le Motu Proprio Summorum Pontificum, ce qui, compte tenu des remarques qui précèdent, ne saurait étonner. Sur les 1265 catholiques déclarés, seulement 231, soit 18,3 % disent avoir entendu parler du texte de Benoît XVI libérant la messe traditionnelle. Soit plus de 80%, plus de 4 catholiques sur 5 qui n'en savent rien. Un résultat pire que celui enregistré au Portugal ou “seulement” 74 %, soit 3 catholiques sur 4, affirmaient ne pas avoir connaissance du Motu Proprio. Quatre ans après la promulgation de ce texte majeur du Pontificat de Benoît XVI, ce bilan particulièrement médiocre en dit long sur la ligne de l'épiscopat espagnol.
Chez les pratiquants au moins mensuels (25,2 % de l'ensemble des catholiques), le chiffre est moins catastrophique puisque 30,5 % connaissent l'existence du Motu Proprio contre 69,5 % qui l'ignorent.
c) 36,1 % des catholiques pratiquants estiment “normale” la présence des deux formes du rite romain au sein de leur paroisse. Considérant la méconnaissance que les Espagnols ont du Motu Proprio et de la possibilité de la coexistence pacifique des deux formes de l'unique rite romain dans les paroisses qu'il rappelle, ce résultat démontre que, spontanément, les catholiques ibériques sont prêts à accueillir la réconciliation liturgique voulue par le Souverain Pontife. Ce résultat est tout à fait considérable au regard des 80 % de catholiques espagnols qui ignorent tout du Motu Proprio, ce d'autant qu'il convient d'ajouter tous les catholiques qui ne se prononcent pas. Ainsi, la proportion des catholiques qui n'estiment pas normale la coexistence des deux formes du rite romain dans les paroisses doit être nuancée en raison du contexte tout à fait particulier de l'Espagne. Cette disposition d'esprit est particulièrement vérifiée chez les 25-44 ans qui sont plus de 40 % à trouver normale cette coexistence des deux formes liturgiques.
d) Enfin, en ce qui concerne l'attitude envers la célébration de la forme extraordinaire :
- 27,4 % des pratiquants se déclarent prêts à y assister toutes les semaines
- et 23 % au moins une fois par mois.
Donc, 50,4 % des pratiquants, soit tout juste la moitié des pratiquants espagnols, assisteraient à la liturgie traditionnelle dans leur paroisse si elle venait à y être offerte sans s'y substituer à la forme ordinaire.
Ce résultat, supérieur à celui de la France (34 %, sondage CSA, il est vrai datant de 2008 : les derniers sondages diocésains montrent que la demande s’est fortement accrue depuis - Rennnes + 55 %) et de la Suisse (35 %, Demoscope 2011) est équivalent à celui du Portugal (53 %, Harris Interactive 2010) mais inférieur à celui de l'Italie (63 %, Doxa 2009) et de la Grande-Bretagne (Harris Interactive 2010) où, rappelons-le, 2 pratiquants sur 3 (66 %) se déclaraient prêts à participer, dans leur paroisse, à la messe selon la forme extraordinaire du rite romain.
III – LES REFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
1) En Espagne, comme dans tous les pays où nous avons commandité une enquête jusqu'à présent, les catholiques sont beaucoup plus ouverts que les observateurs ne l'imaginent à la forme traditionnelle de la liturgie. Pour tout dire, depuis que nous avions annoncé, dans notre lettre 264, ce projet d'enquête, de nombreux amis nous avaient avertis que « les résultats ne seraient pas bons », que « l'Espagne, c'est spécial » et autres mises en garde que nous sommes en fait habitués à entendre à chaque nouvelle enquête.
Nous sommes passés outre et, de fait, les résultats enregistrés par l'institut Ipsos, sont en parfaite harmonie avec ceux relevés dans les autres pays que nous avons couverts. Peu nous importe, en réalité, que les résultats soient « bons » ou « mauvais » (ils le sont d'ailleurs par ce qu'ils révèlent de l'état de la foi dans des pays au catholicisme naguère exemplaire), ce qui compte c'est ce qu'ils traduisent, de façon universelle et cohérente, à savoir :
– et l'insatisfaction des fidèles de la liturgie qu'ils trouvent dans les paroisses et le désir de bénéficier "d’autre chose"
– le désir d'une forte proportion de catholiques de vivre leur foi au rythme de la forme extraordinaire du rite romain,
– la volonté d'obéir à Rome et de voir la réforme de la réforme engagée par le Saint Père se développer dans les paroisses,
– la joie de redécouvrir l'un des trésors, longtemps interdit, de l'Église.
2) Notre sondage est très attendu en Espagne où existe encore une presse attentive à la religion catholique et où les portails catholiques d'information en ligne sont très florissants. D'ores et déjà, de nombreux sites ont commenté les premiers résultats détaillés que nous avons communiqué en exclusivité aux journalistes d'infocatolica.com. Gageons donc que, très vite, aucun prélat d'outre-Pyrénées n'ignorera que 50 % des pratiquants espagnols sont désireux de goûter à l'enrichissement mutuel des deux formes du rite romain dans leur paroisse. Et c'est important dans un pays où, jusqu'à présent, seul l'archevêque de Saragosse, Mgr Ureña Pastor, a d'ores et déjà célébré la liturgie extraordinaire dans son diocèse. Le cardinal Cañizares, en effet, n'a pas encore célébré en Espagne alors qu'il a déjà officié à Rome notamment ou bien célébré des ordinations sacerdotales dans le rit traditionnel à la Fraternité Saint Pierre, à l'Institut du Bon Pasteur ou à l'Institut du Christ Roi Souverain Prêtre.
3) Vous pouvez retrouver l'intégralité de ce sondage sur le site de Paix Liturgique ainsi que tous les autres sondages réalisés depuis 10 ans.
4) Ce sondage a coûté la somme de 6 500 € TTC. Si vous souhaitez participer à son financement et nous permettre de continuer notre travail d’information, vous pouvez adresser votre don à Paix liturgique, 1 allée du Bois Gougenot, 78290 CROISSY-SUR-SEINE en libellant votre chèque à l’ordre de Paix liturgique ou par virement :
IBAN : FR76 3000 3021 9700 0500 0158 593 - BIC : SOGEFRPP.
Du 16 au 21 août, Madrid accueillera les JMJ. Le Saint Père s'y rendra à partir du 18 et célébrera la messe pour les séminaristes le samedi 20 et la messe de clôture le 21. Cet événement nous a incités à compléter notre campagne européenne de sondages sur la réception du Motu Proprio Summorum Pontificum par une enquête en Espagne. Confiée au très sérieux Institut Ipsos, celle-ci a été réalisée en deux vagues d'entretiens directs au cours du mois de juin. 2000 Espagnols de 15 ans et plus, dont 1265 ont déclaré être catholiques, y ont répondu.
I – La forme extraordinaire en Espagne
Ce n'est pas compliqué, elle n'existe quasiment pas ! Avant le 7 juillet 2007, les messes traditionnelles dominicales se comptaient sur les doigts d'une main, Fraternité saint Pie X comprise...
Aujourd'hui, elle demeure extrêmement peu développée : trois messes dominicales hebdomadaires pour la FSSPX,et pas plus d'une quinzaine dites par des prêtres diocésains ou Ecclesia Dei. En outre, le nombre des fidèles assistant à ces messes est généralement faible, ce qui tranche avec la situation habituelle de la forme extraordinaire, d'ordinaire très fréquentée. Il faut dire que les horaires des messes sont souvent peu favorables aux familles (8h30, 19h30, etc.).
Mais il faut considérer que la situation est en pleine mutation – ce que le présent sondage, comme on va le voir, confirme. Une dynamique se dessine en effet, notamment portée par des groupes de demandeurs souvent jeunes et des prêtres désireux de mettre leurs pas dans ceux du Saint Père et du cardinal Cañizares, préfet de la Congrégation pour le Culte divin et ancien archevêque de Tolède (voir notre lettre 180 ). Mais le signe majeur de cette évolution est le nombre croissant de jeunes prêtres apprenant à célébrer la messe traditionnelle.
Dans notre lettre 275, nous indiquions que la baisse du nombre des séminaristes en Espagne était très impressionnante : 1 227 grands séminaristes en 2010-2011, contre 1 337 l’an passé, soit une chute de 9% en une année, que l’épiscopat espagnol camoufle un peu, en ajoutant aux chiffres des grands séminaires ceux des petits séminaires, qui existent encore dans la péninsule ibérique alors qu’ils ont pratiquement disparu en France. Au total, le volume global des grands et petits séminaristes hispaniques est tombé de 24,3%, près du quart, en 5 ans (link). En Espagne, comme partout en Europe occidentale, l’effondrement du nombre des prêtres et des séminaristes est donc massif et dramatique, mais les nouveaux prêtres et les séminaristes qui restent sont, là aussi, beaucoup plus « identitaires ». C’est une donnée très importante et qui doit nous aider à il faut lire le présent sondage.
La marginalité de la liturgie traditionnelle en Espagne tient au contexte historique et culturel dans lequel a été accueillie la réforme conciliaire. Franquisme oblige, le catholicisme était en effet religion d'État à l'époque de l'entrée en vigueur du Novus Ordo. De ce fait, le clergé jouissait encore d'une grande autorité sur les fidèles et d'une grande discipline interne. Nul, prêtre ou laïc, n'a songé à contester le missel de Paul VI, d'autant plus que celui-ci y a été - au départ - célébré avec toute la révérence et la dignité qui caractérisaient la liturgie tridentine. L'attitude, enfin, des congrégations fortement implantées dans le royaume, comme l'Opus Dei – même si Mgr Escrivá a continué à célébrer la messe traditionnelle en privé – ou les Jésuites, a bien entendu joué en faveur de l'adoption unilatérale de la liturgie moderne.
De ce fait, la réaction liturgique frontale a été limitée dans les années 70 à quelques prêtres (3 ou 4). L'immense majorité des prêtres de tendance traditionnelle était alors regroupée dans une association importante et active (près de 6 000 membres) : la Hermandad Sacerdotal Española, soutenue en sous-main notamment par Mgr José Guerra Campos, le Siri espagnol, alors évêque de Cuenca. Les préoccupations de Mgr José Guerra Campos et de la Hermandad Sacerdotal Española étaient prioritairement doctrinales (ce qu’on ne saurait, a priori, leur reprocher et concernait surtout la dénonciation de la liberté religieuse) et politico-religieuses (quelle succession pour le franquisme ?). Mais ces prêtres, qui auraient pu peser sur l’évolution de l’Église d’Espagne et de nombreux fidèles, hésitaient – bien qu'ayant beaucoup de sympathie pour le traditionalisme français – à franchir le pas liturgique de ce qui, à l’époque, semblait une « rébellion ».
Ces dernières années, grâce à Benoît XVI, la situation a cependant évolué pour arriver à l’état actuel, très insatisfaisant du point de vue des célébrations offertes, mais prometteur comme le révèle le sondage de l'institut Ipsos.
II – Les résultats
a) Le premier phénomène que mesure notre enquête, c'est la déchristianisation continue des vieilles nations catholiques, à laquelle le pays des Rois catholiques n'échappe pas. Alors que le service de presse du Saint-Siège a annoncé, le 21 juillet, le chiffre de 92% de catholiques en Espagne (mais sans doute s'agit-il des baptisés et non des croyants déclarés), notre enquête fait ressortir que seulement 63 % des sondés se déclarent catholiques, chiffre qui tombe à 45,1 % chez les 15-24 ans. Les jeunes catholiques sont donc en minorité outre-Pyrénées, ce qui donne un relief particulier aux JMJ de Madrid que le Saint Père ne manquera probablement pas de placer sous le signe de la nouvelle évangélisation.
En outre, notre sondage fait apparaître que 13,9 % des catholiques espagnols déclarent aller à la messe chaque dimanche et 11,3 % au moins une fois par mois. Cela représente seulement 25,2 % de pratiquants, ce qui est un autre reflet de la sécularisation galopante de la Vieille Europe.
b) Les catholiques Espagnols ignorent le Motu Proprio Summorum Pontificum, ce qui, compte tenu des remarques qui précèdent, ne saurait étonner. Sur les 1265 catholiques déclarés, seulement 231, soit 18,3 % disent avoir entendu parler du texte de Benoît XVI libérant la messe traditionnelle. Soit plus de 80%, plus de 4 catholiques sur 5 qui n'en savent rien. Un résultat pire que celui enregistré au Portugal ou “seulement” 74 %, soit 3 catholiques sur 4, affirmaient ne pas avoir connaissance du Motu Proprio. Quatre ans après la promulgation de ce texte majeur du Pontificat de Benoît XVI, ce bilan particulièrement médiocre en dit long sur la ligne de l'épiscopat espagnol.
Chez les pratiquants au moins mensuels (25,2 % de l'ensemble des catholiques), le chiffre est moins catastrophique puisque 30,5 % connaissent l'existence du Motu Proprio contre 69,5 % qui l'ignorent.
c) 36,1 % des catholiques pratiquants estiment “normale” la présence des deux formes du rite romain au sein de leur paroisse. Considérant la méconnaissance que les Espagnols ont du Motu Proprio et de la possibilité de la coexistence pacifique des deux formes de l'unique rite romain dans les paroisses qu'il rappelle, ce résultat démontre que, spontanément, les catholiques ibériques sont prêts à accueillir la réconciliation liturgique voulue par le Souverain Pontife. Ce résultat est tout à fait considérable au regard des 80 % de catholiques espagnols qui ignorent tout du Motu Proprio, ce d'autant qu'il convient d'ajouter tous les catholiques qui ne se prononcent pas. Ainsi, la proportion des catholiques qui n'estiment pas normale la coexistence des deux formes du rite romain dans les paroisses doit être nuancée en raison du contexte tout à fait particulier de l'Espagne. Cette disposition d'esprit est particulièrement vérifiée chez les 25-44 ans qui sont plus de 40 % à trouver normale cette coexistence des deux formes liturgiques.
d) Enfin, en ce qui concerne l'attitude envers la célébration de la forme extraordinaire :
- 27,4 % des pratiquants se déclarent prêts à y assister toutes les semaines
- et 23 % au moins une fois par mois.
Donc, 50,4 % des pratiquants, soit tout juste la moitié des pratiquants espagnols, assisteraient à la liturgie traditionnelle dans leur paroisse si elle venait à y être offerte sans s'y substituer à la forme ordinaire.
Ce résultat, supérieur à celui de la France (34 %, sondage CSA, il est vrai datant de 2008 : les derniers sondages diocésains montrent que la demande s’est fortement accrue depuis - Rennnes + 55 %) et de la Suisse (35 %, Demoscope 2011) est équivalent à celui du Portugal (53 %, Harris Interactive 2010) mais inférieur à celui de l'Italie (63 %, Doxa 2009) et de la Grande-Bretagne (Harris Interactive 2010) où, rappelons-le, 2 pratiquants sur 3 (66 %) se déclaraient prêts à participer, dans leur paroisse, à la messe selon la forme extraordinaire du rite romain.
III – LES REFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
1) En Espagne, comme dans tous les pays où nous avons commandité une enquête jusqu'à présent, les catholiques sont beaucoup plus ouverts que les observateurs ne l'imaginent à la forme traditionnelle de la liturgie. Pour tout dire, depuis que nous avions annoncé, dans notre lettre 264, ce projet d'enquête, de nombreux amis nous avaient avertis que « les résultats ne seraient pas bons », que « l'Espagne, c'est spécial » et autres mises en garde que nous sommes en fait habitués à entendre à chaque nouvelle enquête.
Nous sommes passés outre et, de fait, les résultats enregistrés par l'institut Ipsos, sont en parfaite harmonie avec ceux relevés dans les autres pays que nous avons couverts. Peu nous importe, en réalité, que les résultats soient « bons » ou « mauvais » (ils le sont d'ailleurs par ce qu'ils révèlent de l'état de la foi dans des pays au catholicisme naguère exemplaire), ce qui compte c'est ce qu'ils traduisent, de façon universelle et cohérente, à savoir :
– et l'insatisfaction des fidèles de la liturgie qu'ils trouvent dans les paroisses et le désir de bénéficier "d’autre chose"
– le désir d'une forte proportion de catholiques de vivre leur foi au rythme de la forme extraordinaire du rite romain,
– la volonté d'obéir à Rome et de voir la réforme de la réforme engagée par le Saint Père se développer dans les paroisses,
– la joie de redécouvrir l'un des trésors, longtemps interdit, de l'Église.
2) Notre sondage est très attendu en Espagne où existe encore une presse attentive à la religion catholique et où les portails catholiques d'information en ligne sont très florissants. D'ores et déjà, de nombreux sites ont commenté les premiers résultats détaillés que nous avons communiqué en exclusivité aux journalistes d'infocatolica.com. Gageons donc que, très vite, aucun prélat d'outre-Pyrénées n'ignorera que 50 % des pratiquants espagnols sont désireux de goûter à l'enrichissement mutuel des deux formes du rite romain dans leur paroisse. Et c'est important dans un pays où, jusqu'à présent, seul l'archevêque de Saragosse, Mgr Ureña Pastor, a d'ores et déjà célébré la liturgie extraordinaire dans son diocèse. Le cardinal Cañizares, en effet, n'a pas encore célébré en Espagne alors qu'il a déjà officié à Rome notamment ou bien célébré des ordinations sacerdotales dans le rit traditionnel à la Fraternité Saint Pierre, à l'Institut du Bon Pasteur ou à l'Institut du Christ Roi Souverain Prêtre.
3) Vous pouvez retrouver l'intégralité de ce sondage sur le site de Paix Liturgique ainsi que tous les autres sondages réalisés depuis 10 ans.
4) Ce sondage a coûté la somme de 6 500 € TTC. Si vous souhaitez participer à son financement et nous permettre de continuer notre travail d’information, vous pouvez adresser votre don à Paix liturgique, 1 allée du Bois Gougenot, 78290 CROISSY-SUR-SEINE en libellant votre chèque à l’ordre de Paix liturgique ou par virement :
IBAN : FR76 3000 3021 9700 0500 0158 593 - BIC : SOGEFRPP.