SOURCE - Père Michel Salamolard - cath.ch - 6 octobre 2012
J’ai pour Mgr Bernard Fellay une vraie tendresse. Voilà quelque temps que je l’observe. Je tends régulièrement mes jumelles à Marcel Lefebvre, très intéressé, lui aussi, par l’évolution (si ce terme convient) d’Écône. Ce pauvre Marcel, je vous l’ai dit il y a longtemps, fut accueilli par Dieu comme l’enfant prodigue. Il n’en finit pas de se repentir, émerveillé maintenant de la générosité divine, qu’il avait sous-estimée sur votre Terre.
J’ai pour Mgr Bernard Fellay une vraie tendresse. Voilà quelque temps que je l’observe. Je tends régulièrement mes jumelles à Marcel Lefebvre, très intéressé, lui aussi, par l’évolution (si ce terme convient) d’Écône. Ce pauvre Marcel, je vous l’ai dit il y a longtemps, fut accueilli par Dieu comme l’enfant prodigue. Il n’en finit pas de se repentir, émerveillé maintenant de la générosité divine, qu’il avait sous-estimée sur votre Terre.
Mais revenons à nos moutons, ou plutôt au berger des moutons dissidents, serrés (plus ou moins!) les uns contre les autres dans le bercail de la Fraternité Saint Pie X.
Nous voyons, Lefebvre et moi, Mgr Fellay plongé dans un grave conflit de conscience, qui le taraude. Cela me rappelle mon état d’esprit quand j’étais dans la baleine. Que faire pour bien faire? J’entends Bernard crier vers Dieu, comme je l’ai fait autrefois. «Seigneur, je suis au fond du trou, délivre-moi!»
Cruel dilemme! Choix cornélien! Fellay est convaincu, au fond de son cœur, que la communion avec le pape et avec tous les évêques est la pierre de touche de la Tradition catholique. Il a fait son possible afin de rétablir le lien brisé par Lefebvre. Mais il est maintenant pressé de toute part, de l’extérieur par ses collègues et par ses brebis, de l’intérieur de lui-même par son attachement à celui qui l’a naguère choisi comme évêque.
Tradition, tradition, quand tu nous tiens, tu nous tiens bien! Mais il arrive aussi que tu nous tiennes fort mal, pour notre malheur. Disciples, ouvrez vos cahiers, écoutez une magistrale leçon d’exégèse, notez tout!
Dans le Nouveau Testament, le mot tradition (paradôsis, en grec) figure 13 fois. Dix fois, tenez-vous bien, il est pris en mauvaise part. Il désigne alors la tradition (religieuse) des hommes, des anciens, opposée au commandement de Dieu ou à la vraie tradition, celle qui vient du témoignage apostolique. Cette tradition-là, à laquelle les Pharisiens s’agrippent, plane aussi comme une menace sur les chrétiens. Elle empêche de se situer et de vivre dans la tradition qui vient du Christ, par le ministère des apôtres.
Trois fois, «tradition» est pris dans un sens positif par saint Paul. Mais à chacune de ces fois, l’Apôtre précise qu’il s’agit de la tradition transmise par le ministère apostolique (1_Corinthiens 11,2; 2_Thessaloniciens 2,15 et 3,6). Deux autres fois, il rappelle qu’il transmet ce qu’il a lui-même reçu. Il n’est pas l’origine ni le juge de la tradition, mais son témoin.
Conclusion, mes amis, la marque distinctive de la tradition catholique, le sceau de son authenticité, c’est sa proclamation par le ministère apostolique établi dans l’Église. Le ministère de Paul, de Pierre et de ceux à qui ils ont ensuite imposé les mains, les chargeant de garder et de communiquer à leur tour le vivant trésor de la foi.
Donc, comme le rappelait récemment Mgr Müller, le nouveau préfet de la Congrégation pour la doctrine, la foi traditionnelle n’est pas objet de négociation ni de jugement personnel, mais de réception dans la fidélité au magistère authentique et vivant.
Que fera Mgr Fellay? Bien malin qui peut le deviner, dites-vous? Eh bien, moi, Jonas, je parie qu’il fera le bon choix, celui de Rome! Tôt ou tard. Vous me direz menteur, nabots de la foi! La FSSPX éclatera, un schisme de plus, et la Tradition vaincra. Une fois de plus…
p.o. Michel Salamolard