SOURCE - Credidimus Caritati - 7 juillet 2013
Mgr Lefebvre - Conférence aux séminaristes, Écône, 16 janvier 1979« Ce n’est pas parce que quelqu’un est libéral qu’il est nécessairement hérétique. Vous savez, le libéralisme, c’est toute une gamme… Le libéralisme qui est un péché, le libéralisme fondamental, radical, oui, c’est certainement une hérésie. Mais après, vous avez le libéralisme des tièdes. Il y a des nuances, beaucoup de nuances, jusqu’au moment où il y a une teinte de libéralisme. Mais dire, sous prétexte qu’il y a une teinte de libéralisme : “ Celui-là est hérétique ! comme celui qui a les principes libéraux des philosophes du XVIIIe siècle qui sont des hérétiques ! ” Il y a tout de même une différence… « Sachons voir les choses en étant réalistes ! Et ne pas tout de suite dire, parce qu’un bon catholique que vous connaissez, un homme qui a la foi comme vous l’avez, a eu le malheur de vous énoncer une phrase qui est un peu ambiguë – il s’est sans doute trompé ou il a mal exprimé son sentiment : – “ Oh ! celui-là, c’est un libéral, c’est un hérétique, il est probablement franc-maçon ! ” Mais c’est cela immédiatement ! C’est effrayant cet esprit-là !
« Alors il faut que l’on fasse très attention. Je n’ai pas la prétention d’être infaillible, j’essaie de me battre dans les circonstances dans lesquelles on se trouve, dans la génération dans laquelle on se trouve avec toute la foi qu’on essaie d’avoir, et toute la foi qu’on peut avoir, et la prière et le secours de la grâce. Je compte sur le Bon Dieu évidemment. Je n’ai pas, encore une fois, la prétention d’être infaillible, mais je pense tout de même qu’il y a une ligne de réalisme qui est tenue par la Fraternité d’une manière générale et de laquelle il ne faut pas sortir et dont il ne faut pas s’éloigner, sinon on va diviser la Fraternité et la vie deviendra impossible.
« Il faut aussi accepter qu’il y ait des nuances. Nous ne pouvons pas être tous absolument calqués sur le même modèle. Donc il faut avoir une certaine tolérance, je dirais, de ses confrères, de ses amis, de ceux avec lesquels on vit, pourvu que nous ayons les mêmes principes fondamentaux. Qu’il y ait quelques nuances, qu’il y en ait qui soient plutôt tentés d’être plus stricts, plus raides, c’est possible. Dans toutes les spiritualités, vous avez la spiritualité générale qui vous est donnée ; ensuite, vous avez, chacun, votre pratique de spiritualité que vous aimez mieux, les saints que vous préférez, les patrons que vous préférez. Enfin, chacun a un petit peu ses nuances, forcément. Donc il faut savoir se supporter mutuellement quand il n’y a pas vraiment de choses graves. Mais ne venons pas apporter un esprit intolérant, un esprit qui devient absolument impossible, qui n’est plus sacerdotal et même plus chrétien ! »