SOURCE - Jacques Tremolet de Villers - Présent - Juillet 2014
On fait ça, mes enfants, quand on vieillit… c’est une très belle et poétique méditation de Dom Delatte qui commence ainsi. Il apprend aux moines de son abbaye, réunis en chapitre, comment il restreint ses ambitions… ou plutôt, combien il les affine et les ramène à l’essentiel.
On fait ça, mes enfants, quand on vieillit… c’est une très belle et poétique méditation de Dom Delatte qui commence ainsi. Il apprend aux moines de son abbaye, réunis en chapitre, comment il restreint ses ambitions… ou plutôt, combien il les affine et les ramène à l’essentiel.
L’essentiel pour moi, c’est l’être français, l’essence du saint royaume de France qui s’en va, disloqué, écartelé, parce qu’il est, au sens strict, abandonné.
J’ai assez dit où se trouvait la solution – ou plutôt le commencement de solution institutionnelle d’un possible relèvement – mais le dire et le souhaiter n’est pas encore le faire. Je ne pense pas que la voie électorale, dont je ne dénie absolument pas l’utilité et même la nécessité pour l’instant, soit la plus sûre et la plus efficace pour une telle solution.
Je ne crois pas non plus au coup de force, hypothèse absurde et dérisoire.
Il n’y a donc plus qu’à reprendre le long et lent travail en profondeur de formation des élites. Enseigner à ces jeunes gens et jeunes filles, et, peut-être aussi à leurs ainés, ce que sont « l’histoire et le génie de la France » comme l’écrivait, il y a soixante-dix ans, Jean Ousset, dont nous célébrons ce mois-ci le centenaire de la naissance.
« Travail obscur… travail de pion… » disait-il encore, car il ne s’agit pas d’écrire brillamment, ni même de parler avec éloquence, mais de gagner un à un par l’intelligence et le cœur, ceux qui, demain, incarneront le royaume qui continue.
Ce travail nécessite la mobilisation de toutes ses énergies, et la concentration sur cet « essentiel » avec ce que cela suppose de temps passé non seulement en recherches, en études et documentation, mais encore, mais surtout, en contacts, rencontres, conversations, et, comme le faisait encore mon maître et ami Jean Ousset, en longues soirées où se disputaient les différentes façons de faire connaitre, faire aimer, et faire servir cet inestimable trésor spirituel, intellectuel, culturel et matériel qui s’appelle la France.
Tout ça pour dire, mes chers lecteurs, qu’au moins pour un temps, je suspends le travail de la chronique hebdomadaire et l’attention à l’actualité pour reporter plus intensément le regard sur les voies et les moyens de sauver, pour le temps qui vient, la France de toujours.
D’autres ne manqueront pas, pour tenir cette chronique, avec plus de talent que celui qui s’en va, non pas vers la retraite, mais pour concentrer ce qui lui reste de forces à ce seul essentiel français et chrétien qu’il faut, concrètement, sauver du risque de disparition en se mettant à l’école, non plus seulement du saint religieux de Solesmes, mais aussi du Maréchal de Turenne dont on disait que « plus il avançait en âge, et plus ses plans étaient hardis… » !
Jacques Tremolet de Villers - Nouvelles de la France qui vient - PRESENT