Un million de manifestants
scandant, le 11 janvier 2015 à Paris, le slogan « Je suis Charlie »
et brandissant un stylo devenu le symbole de la liberté d’expression
assassinée, telle est la version officielle, consensuelle et unanimiste, des
médias et des partis politiques. Mais en réalité, quand on sait ce qu’est
vraiment Charlie Hebdo, il aurait fallu faire dire à chacun de ces
manifestants : je suis pour l’anarchie et le sacrilège comme ces
caricaturistes qui représentaient la Sainte Vierge de façon obscène dans leur
numéro de Noël ; je suis nihiliste et blasphémateur comme eux qui – il y a
quelques années – dessinaient deux poubelles de tri sélectif avec l’inscription
« ceci est mon corps » et « ceci est mon sang », ou plus
récemment montraient un préservatif sous la forme d’une hostie.
Le 7 janvier,
jour de l’attentat, le pape François a affirmé qu’il était impératif de
« s’opposer à la haine et à toute forme de violence qui détruit la vie
humaine, viole la dignité de la personne, mine radicalement le bien fondamental
de la coexistence pacifique entre les personnes et les peuples, au delà des
différences de nationalité, de religion et de culture ».
Et Mgr Stanislas
Lalanne, évêque de Pontoise, et Mgr Pascal Delannoy, évêque de Saint-Denis,
étaient les représentants officiels de l’Eglise à la manifestation du 11
janvier. Pendant ce temps-là, un des caricaturistes survivants de Charlie
Hebdo déclarait « vomir sur ceux qui, subitement, disent être nos
amis », en ironisant : « nous avons beaucoup de nouveaux amis,
comme le pape, la reine Elizabeth ou Poutine : ça me fait bien rire ».
Le 8 janvier à
midi, sous la pluie, la cathédrale Notre-Dame de Paris sonnait le glas. Pour
qui sonnait ce glas?