SOURCE - Séminaire Saint-Vincent - 17 janvier 2015
Vous connaissez tous, je pense, cette Magnifique définition de la Révolution que nous trouvons dans l’œuvre de Mgr Gaume :
« Si, arrachant son masque,
vous lui demandez qui es–tu ? Elle vous dira :
« Je ne suis pas ce que l’on
croit. Beaucoup parle de moi et bien peu me connaissent. Je ne suis ni le
carbonarisme…, ni l’émeute, ni le changement de la monarchie en république, ni
la substitution d’une dynastie à une autre, ni le trouble momentané de l’ordre
public. Je ne suis ni le hurlement des jacobins, ni les fureurs de la Montagne
ni le combat des barricades, ni le pillage, ni l’incendie, ni la loi agraire ni
la guillotine, ni les noyades. Je ne suis ni Marrat, ni Robespierre, ni Babeuf,
ni Mazzini, ni Kossuth. Ces hommes sont mes fils, ils ne sont pas moi. Ces
choses sont mes œuvres, elles ne sont pas moi. Ces hommes et ces choses sont
des faits passagers et moi je suis un état permanent.
Je suis la haine de tout ordre
que l’homme n’a pas établi et dans lequel il n’est pas roi et Dieu tout
ensemble. Je suis la proclamation des droits de l’homme sans souci des droits
de Dieu. Je suis la fondation de l’état religieux et social sur la volonté de
l’homme au lieu de la volonté de Dieu. Je suis Dieu détrôné et l’homme à
sa place (l’homme devenant à lui-même sa fin). Voilà pourquoi je m’appelle
Révolution, c’est-à-dire renversement ».
Et voilà pourquoi nous assistons,
depuis 1789 et depuis, toujours d’avantage, en France et dans l’univers, à une
véritable sédition, i.e. à un total bouleversement du régime social issu des
principes Evangéliques. Cette sédition se déroule aujourd’hui sous nos yeux,
plus que jamais et avec une intensité jamais égalée.
La Révolution cherchent, en
conséquence, à corrompre les mœurs, à saper les bases de la société civile, à
les ébranler et si elle pouvait arriver jusque-là, à les détruire de fond en
comble. Elle cherche de tout son pouvoir à effacer les droits divins et
humains, Elle « n’ouvre sa bouche que pour vomir contre Dieu ses
blasphèmes. Voilà ce qu’elle a voulu faire acclamer dimanche dernier dans les
rue de Paris. Pour elle, n’ayant ni foi ni loi, seule la raison
indépendante de Dieu a des droits. Ni Dieu. Ni Maître.
Ainsi son principe comme
son but c’est d’ éliminer le christianisme tout entier de la société politique
et d’y substituer les droits de l’homme sans Dieu qui ne sont que l’expression
de la volonté général et donc variables et mutables à l’infini selon la
pression des « puissances d’argent » et nullement fondés dans la
nature humaine créée par Dieu. De ces droits et de cette nature humaine
immuable et stable, l’esprit révolutionnaire n’en veut pas.
Et contre cette négation, se
dresse aujourd’hui toute une élite chrétienne – ce n’est pas sans
surprendre cet esprit révolutionnaire. « N’aurions-nous pas
encore assez pourri la jeunesse, se demande-t-il, dans nos écoles laïques.
C’est à croire !
Ainsi, MBCF, la Révolution c’est
le Christ refoulé au fond de la conscience individuelle, banni de tout ce qui
est public, de tout ce qui est social ; banni de l’Etat qui ne cherche
plus dans son autorité la consécration de la sienne propre. Autrefois on
disait : Toute autorité vient de Dieu. Aujourd’hui toute autorité vient du
peuple, du nombre. La Révolution c’est le Christ banni des lois, dont sa loi
n’est plus la règle souveraine. La Révolution c’est le Christ banni de la
famille ; banni de l’école ; banni de partout. C’est la nation
chrétienne débaptisée, répudiant sa foi historique, traditionnelle.
La Révolution c’est tout un monde
qui s’édifie en dehors de Dieu, un monde sans Dieu. C’est une législation sans
Dieu. C’est enfin une fameuse déclaration des « droits de l’homme »
sans Dieu.
Et alors la critique fondamentale
que nous adressons à la Déclaration des Droits de l’homme de 1789 - qui
est la Religion du monde moderne – est celle-ci : nous la rejetons parce
qu’elle fonde les droits de l’homme sur la volonté humaine, et ne
reconnait plus la souveraineté de Dieu…Dieu n’est plus qu’une opinion
facultative.
Voilà notre critique. Critique essentielle.
Voilà notre critique. Critique essentielle.
Les droits de l’homme ont-ils
leur principe « dans la nature humaine créés par Dieu ou seulement en
l’homme et dans sa seule volonté libre ? Telle est la question
fondamentale. La contestation sur le fondement des droits de l’homme est une
contestation capitale. Elle est trop facilement endormie, écrivait Jean
Madiran.
Ainsi pour la doctrine
révolutionnaire, la volonté humaine, libre de toute contrainte, de toute norme,
sinon celles qu’elle a librement choisies, est au principe de tout. Elle est
maitresse de tout. Elle est la règle ultime de toutes choses. Elle a seule des
droits. Il n’existe d’autorité que celle qui nait de la seule volonté ou du
« suffrage universel », expression de mon bon vouloir. Loin de fonder
les droits de l’homme sur la volonté divine et la nature humaine créé par
Dieu, la philosophie des droits de l’homme les fonde sur l’arbitraire humain,
sur la seule liberté humaine. La liberté est alors le principe suprême et même
unique de la vie individuelle et collective. Cette philosophie commet l’erreur
de ne pas reconnaître sa juste place au principe de l’autorité divine, au
principe de la loi naturelle qui n’est rien d’autre que le reflet de la sagesse
divine.
On comprend par la que la
déclaration maçonnique de 1789 est ainsi directement dirigée contre la religion
catholique. Michelet eut tout à fait raison de la désigner comme le
« credo du nouvel âge », c’est-à-dire destiné à prendre la place du
« Je crois en Dieu ». La liberté de 1789 est celle de « ni Dieu
ni maître ». La seule morale, la seule religion éventuellement admissible
désormais et cela de plus en plus, est celle dont chaque conscience, dans sa
créativité souveraine se forge une idée subjective, valable seulement pour
elle-même. On nomme aussi cela l’anti-dogmatisme.
C’est ainsi que sont corrodées,
nous dit Jean Madiran, les autorités morales et religieuses : l’autorité
du Créateur sur ses créatures, d’une loi morale universelle et irréformable,
d’une Eglise divinement instituée…La loi morale peut survivre pareillement si
elle ne prétend pas davantage à l’objectivité et à l’universalité, si elle
renonce à son caractère d’obligation reçue et si elle n’est plus que
l’expression d’une conscience ne légiférant que pour elle-même. Plus rien ne s’impose
à l’homme, plus rien ne lui est imposé d’en haut ; ce qui lui est imposé
désormais, et cette fois sans condition ni rémission, ce sont les décrets qui
se présentent comme l’émanation du suffrage universel. Contre eux aucun
recours.
La Révolution, c’est la liberté
affirmée comme une idéologie. Dès lors sont exclues radicalement toutes les
légitimités qui prétendent se fonder sur autre chose que le suffrage universel
ou la volonté générale. La déclaration des droits de l’homme sans Dieu c’est la
confiscation de toute légitimité par le suffrage universel
On touche là à l’essentielle de
la pensée révolutionnaire. Qui le comprend à tout compris. Qui ne comprend pas
cela passe à côté et ne participera jamais à ce que Jean Madiran
appelait : « l’école contre-révolutionnaire ».
Mais fonder la Déclaration des
droits de l’homme sur aucun fondement divin et immuable, c’est en affirmer la
faiblesse et c’est exposer l’homme finalement à toutes les dictatures et
totalitarismes.
Comme il a raison Jean-Paul II de
déclarer en décembre 1980 aux évêques brésiliens : « Les droits
de l’homme n’ont de vigueur que là où sont respectés les droits
imprescriptibles de Dieu et l’engagement à l’égard des premiers est illusoires,
inefficaces et peu durable s’ils se réalisent en marge ou au mépris des
seconds ». Et à Munich, le 3 mai 1987, il répétait : « on entend
beaucoup parler, aujourd’hui, des droits de l’homme. Mais on ne parle pas des
droits de Dieu. Droits de l’homme et droits de Dieu sont étroitement liés, et
là où Dieu et sa loi ne sont pas respectés, l’homme non plus ne peut faire
prévaloir ses droits(…) Les droits de Dieu et les droits de l’homme sont
respectés ensemble ou sont violés ensemble (…) Il s’agit de donner à Dieu ce
qui appartient à Dieu. Ce n’est qu’alors que sera donné à l’homme ce qui
appartient à l’homme ».
C’est pourquoi la Révolution ne
se dresse pas seulement contre Dieu mais aussi, finalement et ultimement contre
l’homme lui-même.
C’est le combat ultime
d’aujourd’hui. Jean Madiran l’avait déjà bien noté. Ce sont peut-être ses
dernières paroles que l’on trouve dans son dernier livre publié de son vivant
« Dialogues du pavillon bleu » :
« C’est que nous vivons
quelque chose de beaucoup plus profond qu’une crise politique, intellectuelle
ou morale ; de plus profond qu’une crise de civilisation. Nous vivons ce
que Péguy voyait naître et qu’il nommait une « décréation ». Dans
l’évolution actuelle du monde, on aperçoit la domination à demi souterraine
d’une haine atroce et générale, une haine de la nation, une haine de la
famille, une haine du mariage, une haine de l’homme racheté, une haine de la
nature créée. La signature devient plus lisible que jamais. Il appartient aux
autorités temporelles et aux autorités spirituelles de la dénoncer. Leur carence
empêche les peuples de la voir. » (Dialogues du pavillon bleu ; p.
149)