SOURCE - DICI - 16 janvier 2015
Le 22 décembre 2014, lors de la
traditionnelle Le
Figaro du 22 décembre, Jean-Marie
Guénois parle d’« attaque au vitriol de François contre la
curie romaine ». L’avant-veille dans Le Figaro Magazine du
20 décembre, il relevait les faits qui, depuis le synode d’octobre, montrent
que le pape transforme l’Eglise en profondeur, au risque de créer un climat de
peur dans son entourage et de s’isoler un peu plus. Voici quelques extraits
significatifs de cette enquête purement factuelle ; les mots soulignés
sont de la rédaction de DICI :
« A l’extérieur, ce pape plaît… Mais cet état de grâce s’émousse dans les cercles dirigeants de l’Eglise. Quelque chose semble même avoir basculé depuis le synode sur la famille de l’automne 2014. Comme si le trouble ternissait une bienveillance qui s’était manifestée a priori après l’élection pontificale. Et l’accumulation des indices autorise à s’interroger : l’Eglise catholique ne risque-t-elle pas d’affronter une tempête à la fin de l’année 2015, après la seconde session du synode sur la famille?
« Si le pape est de spiritualité classique, il apparait clairement, maintenant, qu’il est directement inspiré et conseillé par les courants catholiques héritiers de la vision la plus progressiste de Vatican II (…) L’Eglise ne peut ‘se réduire’, comme dit le pape, à sa droite et à sa gauche, mais il reste que cette dernière ‘sensibilité’ est aujourd’hui aux commandes. (…)
« A Rome, le préfet chargé de la nomination des évêques, le cardinal canadien Marc Ouellet, nommé parBenoît XVI, a été doublé d’un numéro 2, ami de François. Même méthode dans le secteur liturgique : le 24 novembre, le pape a placé le très classique cardinal africain Robert Sarah à la tête de la Congrégation pour le culte divin, mais non sans avoir muté ailleurs, le 5 novembre – avec ‘effet immédiat’ – ceux qui devaient être ses adjoints : l’Anglais Anthony Ward et l’Espagnol Juan Miguel Ferrer Grenesche, deux prélats proches de la ligne de Benoît XVI en la matière. Ils ont été remplacés par un Italien, promoteur d’un retour à une liturgie moderne, le père Corrado Maggioni.
« ‘Sa façon de gouverner déconcerte’, confie un haut responsable du Saint-Siège, réputé pour sa modération. (…) ‘Le climat interne n’est pas bon. La peur règne car personne aujourd’hui n’est certain de son avenir, alors que le Saint-Siège était par excellence synonyme de stabilité’, explique un laïc travaillant au Vatican. »
Revenant sur le discours adressé aux cardinaux, Guénois écrit dans Le Figaro du 2 janvier 2015 : « Le discours retentissant de François aux vœux de la curie romaine le 22 décembre dernier où il a sciemment et méticuleusement attaqué frontalement son administration et les hommes qui la font tourner – avec souvent beaucoup d’abnégation et de sérieux –, en diagnostiquant publiquement les ‘quinze maladies’ du système, pourrait, là aussi, le priver de ses meilleurs éléments et finir de contribuer à son isolement. » Et d’ajouter : « Il y a un paradoxe entre la façade démocratique de ce pontificat et la force de sa poigne. François veut donner plus de pouvoir aux évêques et aux conférences épiscopales, il récuse l’appellation de ‘pape’ pour privilégier celle d’ ‘évêque de Rome’ mais beaucoup, en curie, parlant de son autorité évoque son ‘autoritarisme’… Autre paradoxe : le pape veut une gestion collégiale de l’Eglise catholique en transformant le Synode des évêques en une sorte d’assemblée permanente consultative et constituante. Mais toute la réforme de la curie revient à concentrer le pouvoir exécutif – qui était l’apanage du secrétaire d’Etat, le Premier ministre – dans les seules mains du … pape. Cette réforme là est désormais acquise. Il faut remonter loin dans l’histoire de l’Eglise pour retrouver une telle concentration.
« On comprend aujourd’hui pourquoi, en 2005, le cardinal Carlo Maria Martini, lors du Conclave qui a élu Benoît XVI n’a pas soutenu son confrère jésuite Bergoglio pourtant outsider du cardinal Ratzinger. Ils partageaient le même programme réformiste, une sorte de concile Vatican III progressiste en acte, mais l’archevêque de Buenos Aires n’avait pas bonne réputation dans la Compagnie de Jésus. Il était connu pour son caractère ombrageux et autoritaire qui lui avait valu une longue mise à l’écart quand il était en charge du gouvernement d’une province jésuite. »
Dans le Journal du dimanche du 28 décembre, le journaliste Nicolas Diat affirme au sujet des vœux de François aux cardinaux : « Sur la centaine de convives, personne n’a fait de commentaires pour répondre au pape. Ces quinze maladies curiales, dont certaines relèvent presque de la psychiatrie, énoncées tel un syllabus, n’ont suscité aucune réaction, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas une incompréhension, une lassitude. Le plus dommageable, c’est qu’il n’a pas eu un mot pour les personnes extraordinaires de la curie, et elles existent. Des religieuses dont personne ne parle mais qui servent leur dicastère avec une abnégation totale… Ces accusations à la limite de la diffamation ont blessé. » Et de s’interroger : « Pourquoi le pape a-t-il choisi la médiatisation alors qu’il aurait fort bien pu faire ces reproches dans le secret de certaines réunions ? C’est un peu comme si le président de la République française avait lancé une canonnade contre son gouvernement devant les caméras du monde entier. »
L’année qui vient permettra de vérifier la pertinence de ces analyses. Tous les observateurs s’accordent à reconnaître que le prochain Synode sur la famille qui se tiendra du 4 au 25 octobre 2015, sera éminemment révélateur. DICI reviendra dans ses prochaines livraisons sur la façon dont cette réunion se prépare actuellement, tant chez les progressistes que chez les défenseurs de la famille chrétienne. (Sources : Figaro/FigMag/Apic/IMedia/JDD/benoîtetmoi – DICI n°308 du 16/01/15)
cérémonie de présentation des vœux à la curie romaine, le pape François a appelé les cardinaux à un sérieux « examen de conscience » face aux nombreuses « maladies » qui les menacent. « Une curie qui ne s’autocritique pas, qui ne s’améliore pas, est un corps infirme », a asséné le Saint-Père, qui n’a pas hésité à parler « d’Alzheimer spirituel », l’oubli de l’histoire du salut dans nos vies qui guette certains, au risque de construire des murs autour de soi. Le pape a repris des critiques qu’il a souvent formulées dans ses homélies, fustigeant la mondanité et l’autoglorification, le carriérisme et l’opportunisme qui transforment le service en pouvoir. Ce sont les maux de ceux qui multiplient les pouvoirs et qui se mettent à calomnier, diffamer, pour s’exhiber et montrer qu’ils sont plus capables que les autres. « Gardons-nous du terrorisme des bavardages », a-t-il aussi lancé sur un ton grave.
Dans
« A l’extérieur, ce pape plaît… Mais cet état de grâce s’émousse dans les cercles dirigeants de l’Eglise. Quelque chose semble même avoir basculé depuis le synode sur la famille de l’automne 2014. Comme si le trouble ternissait une bienveillance qui s’était manifestée a priori après l’élection pontificale. Et l’accumulation des indices autorise à s’interroger : l’Eglise catholique ne risque-t-elle pas d’affronter une tempête à la fin de l’année 2015, après la seconde session du synode sur la famille?
« Si le pape est de spiritualité classique, il apparait clairement, maintenant, qu’il est directement inspiré et conseillé par les courants catholiques héritiers de la vision la plus progressiste de Vatican II (…) L’Eglise ne peut ‘se réduire’, comme dit le pape, à sa droite et à sa gauche, mais il reste que cette dernière ‘sensibilité’ est aujourd’hui aux commandes. (…)
« A Rome, le préfet chargé de la nomination des évêques, le cardinal canadien Marc Ouellet, nommé parBenoît XVI, a été doublé d’un numéro 2, ami de François. Même méthode dans le secteur liturgique : le 24 novembre, le pape a placé le très classique cardinal africain Robert Sarah à la tête de la Congrégation pour le culte divin, mais non sans avoir muté ailleurs, le 5 novembre – avec ‘effet immédiat’ – ceux qui devaient être ses adjoints : l’Anglais Anthony Ward et l’Espagnol Juan Miguel Ferrer Grenesche, deux prélats proches de la ligne de Benoît XVI en la matière. Ils ont été remplacés par un Italien, promoteur d’un retour à une liturgie moderne, le père Corrado Maggioni.
« ‘Sa façon de gouverner déconcerte’, confie un haut responsable du Saint-Siège, réputé pour sa modération. (…) ‘Le climat interne n’est pas bon. La peur règne car personne aujourd’hui n’est certain de son avenir, alors que le Saint-Siège était par excellence synonyme de stabilité’, explique un laïc travaillant au Vatican. »
Revenant sur le discours adressé aux cardinaux, Guénois écrit dans Le Figaro du 2 janvier 2015 : « Le discours retentissant de François aux vœux de la curie romaine le 22 décembre dernier où il a sciemment et méticuleusement attaqué frontalement son administration et les hommes qui la font tourner – avec souvent beaucoup d’abnégation et de sérieux –, en diagnostiquant publiquement les ‘quinze maladies’ du système, pourrait, là aussi, le priver de ses meilleurs éléments et finir de contribuer à son isolement. » Et d’ajouter : « Il y a un paradoxe entre la façade démocratique de ce pontificat et la force de sa poigne. François veut donner plus de pouvoir aux évêques et aux conférences épiscopales, il récuse l’appellation de ‘pape’ pour privilégier celle d’ ‘évêque de Rome’ mais beaucoup, en curie, parlant de son autorité évoque son ‘autoritarisme’… Autre paradoxe : le pape veut une gestion collégiale de l’Eglise catholique en transformant le Synode des évêques en une sorte d’assemblée permanente consultative et constituante. Mais toute la réforme de la curie revient à concentrer le pouvoir exécutif – qui était l’apanage du secrétaire d’Etat, le Premier ministre – dans les seules mains du … pape. Cette réforme là est désormais acquise. Il faut remonter loin dans l’histoire de l’Eglise pour retrouver une telle concentration.
« On comprend aujourd’hui pourquoi, en 2005, le cardinal Carlo Maria Martini, lors du Conclave qui a élu Benoît XVI n’a pas soutenu son confrère jésuite Bergoglio pourtant outsider du cardinal Ratzinger. Ils partageaient le même programme réformiste, une sorte de concile Vatican III progressiste en acte, mais l’archevêque de Buenos Aires n’avait pas bonne réputation dans la Compagnie de Jésus. Il était connu pour son caractère ombrageux et autoritaire qui lui avait valu une longue mise à l’écart quand il était en charge du gouvernement d’une province jésuite. »
Dans le Journal du dimanche du 28 décembre, le journaliste Nicolas Diat affirme au sujet des vœux de François aux cardinaux : « Sur la centaine de convives, personne n’a fait de commentaires pour répondre au pape. Ces quinze maladies curiales, dont certaines relèvent presque de la psychiatrie, énoncées tel un syllabus, n’ont suscité aucune réaction, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas une incompréhension, une lassitude. Le plus dommageable, c’est qu’il n’a pas eu un mot pour les personnes extraordinaires de la curie, et elles existent. Des religieuses dont personne ne parle mais qui servent leur dicastère avec une abnégation totale… Ces accusations à la limite de la diffamation ont blessé. » Et de s’interroger : « Pourquoi le pape a-t-il choisi la médiatisation alors qu’il aurait fort bien pu faire ces reproches dans le secret de certaines réunions ? C’est un peu comme si le président de la République française avait lancé une canonnade contre son gouvernement devant les caméras du monde entier. »
L’année qui vient permettra de vérifier la pertinence de ces analyses. Tous les observateurs s’accordent à reconnaître que le prochain Synode sur la famille qui se tiendra du 4 au 25 octobre 2015, sera éminemment révélateur. DICI reviendra dans ses prochaines livraisons sur la façon dont cette réunion se prépare actuellement, tant chez les progressistes que chez les défenseurs de la famille chrétienne. (Sources : Figaro/FigMag/Apic/IMedia/JDD/benoîtetmoi – DICI n°308 du 16/01/15)
cérémonie de présentation des vœux à la curie romaine, le pape François a appelé les cardinaux à un sérieux « examen de conscience » face aux nombreuses « maladies » qui les menacent. « Une curie qui ne s’autocritique pas, qui ne s’améliore pas, est un corps infirme », a asséné le Saint-Père, qui n’a pas hésité à parler « d’Alzheimer spirituel », l’oubli de l’histoire du salut dans nos vies qui guette certains, au risque de construire des murs autour de soi. Le pape a repris des critiques qu’il a souvent formulées dans ses homélies, fustigeant la mondanité et l’autoglorification, le carriérisme et l’opportunisme qui transforment le service en pouvoir. Ce sont les maux de ceux qui multiplient les pouvoirs et qui se mettent à calomnier, diffamer, pour s’exhiber et montrer qu’ils sont plus capables que les autres. « Gardons-nous du terrorisme des bavardages », a-t-il aussi lancé sur un ton grave.
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