SOURCE - AFP / Libération - 19 mai 2015
L’abbé Xavier Beauvais, ancien curé de la paroisse intégriste de Saint-Nicolas du Chardonnet à Paris, qui était poursuivi pour avoir lancé «Y’a bon Banania, y’a pas bon Taubira» lors d’une manifestation, a été relaxé mardi.
L’abbé Xavier Beauvais, ancien curé de la paroisse intégriste de Saint-Nicolas du Chardonnet à Paris, qui était poursuivi pour avoir lancé «Y’a bon Banania, y’a pas bon Taubira» lors d’une manifestation, a été relaxé mardi.
Le parquet, qui avait requis contre l’ecclésiastique, poursuivi pour injure publique raciale, une amende de 3.000 euros, va faire appel, selon un source judiciaire.
L’abbé Beauvais, qui officie à la paroisse Saint-Pie X de Marseille, avait crié ce slogan le 20 octobre 2013 lors d’une manifestation contre la «christianophobie» à l’appel du mouvement Civitas.
En soutane face à ses juges, il avait lors de l’audience, le 25 mars, soutenu que, n’ayant ni ordinateur ni téléphone portable, ne lisant pas les journaux, ne regardant pas la télévision, il ne connaissait pas la connotation raciste de l’ancien slogan de la marque de chocolat en poudre.
Il entendait ainsi, avait-il expliqué, opposer la référence à la famille que représente pour lui Banania, à l'«élément de destruction de la famille» qu’est pour lui la loi Taubira sur le mariage homosexuel.
«Si les expressions +y’a bon+ et +y’a pas bon+ sont parfois perçues comme choquantes», a estimé le tribunal correctionnel de Paris, «leur caractère véritablement outrageant et raciste n’est toutefois pas totalement avéré, sauf à considérer, ce qui n’est pas démontré, qu’elles ne pourraient être employées que par des personnes de couleur noire».
Comme l’avait fait valoir l’abbé Beauvais, il a connu «l’époque où le slogan incriminé ne faisait l’objet d’aucune controverse et était associé à un produit populaire présent dans quasiment tous les foyers français», ont estimé les juges.
Pour les juges, il n’était donc pas «nécessairement informé» que «la formulation retenue est non seulement critiquée depuis quelques années par plusieurs associations en raison de ses relents colonialistes et des stéréotypes racistes qu’elle véhiculerait, mais interdite depuis un arrêt de la cour d’appel de Versailles du 19 mai 2011».
L’abbé Beauvais, ont-ils poursuivi, a ainsi pu «utiliser le slogan litigieux en privilégiant son côté pseudo-humoristique et la possibilité de faire à la fois rimer le produit concerné avec le nom de Mme Taubira et coïncider le nombre de pieds des deux propos dans une formule, procédé d’usage courant dans toute manifestation, ainsi qu’en attestent par exemple, dans un registre similaire, les formules +Mitterrand fous le camp+ ou +Sarkozy ça suffit+».
Le tribunal a estimé que les éléments constitutifs de l’infraction «n’apparaissent pas pleinement réunis».
La constitution de partie civile du Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) a été déclarée irrecevable, faute d’accord préalable de Mme Taubira.