SOURCE - Frère Placide, osb - Abbaye de Bellaigue - Lettre aux Amis et Bienfaiteurs n° 24 - Mai 2015
Chers amis et bienfaiteurs,
Chers amis et bienfaiteurs,
Dans le grand portail de la basilique bénédictine de Vézelay, un Christ majestueux, les deux bras largement ouverts, envoie de ses mains des rayons de feu qui viennent frapper les apôtres. Nous pouvons y voir une représentation de la descente de l’Esprit-Saint, le jour de la Pentecôte. L’intention vraisemblable est de signaler de la sorte que la Pentecôte est un mystère du Christ, le mystère de la mission de l’Esprit-Saint par le Christ remonté auprès du Père : Il vous est utile que je m’en aille ; car, si je ne m’en vais pas, le Consolateur ne viendra pas en vous ; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai (Jean XVI, 7). Le discours après la Cène montre, en effet, que la venue de l’Esprit-Saint, indissociable de la glorification du Christ, représente pour les disciples un certain retour mystique du Maître lui-même parmi eux : Je ne vous laisse pas orphelins ; je viendrai à vous… Le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez… Quand viendra le Consolateur que, moi, je vous enverrai… (Jean XIV, 18-19 ; XV, 26). L’Esprit qui descendit sur les apôtres le jour de la Pentecôte est essentiellement l’Esprit du Christ, et il nous donne le Christ d’une manière nouvelle et plus intime.
Aussi n’est-ce pas sans fondement que saint Cyrille d’Alexandrie attribue à l’action de l’EspritSaint la présence mystique du Christ en nos cœurs : « Par l’Esprit, nous possédons Notre-Seigneur Jé- sus-Christ, habitant en nous et nous pénétrant de sa présence. » Et encore : « Le Christ lui-même habite en nous par l’Esprit-Saint, qui est son propre Esprit. » C’est donc par l’Esprit-Saint que se réalise la promesse du Seigneur selon laquelle il sera avec nous jusqu’à la fin des temps : « Il restera avec nous, conclut saint Cyrille, selon qu’il est écrit, tous les jours jusqu’à la fin des temps. Car bien qu’il nous ait quittés selon la chair, afin de comparaître en notre faveur devant le Père, … il habite toutefois, par l’Esprit, en ceux qui sont dignes de sa présence. »
Le Christ grandiose du tympan de Vézelay nous rappelle qu’en se dégageant des limites qui le retiennent dans un lieu sur terre, le Seigneur Jé- sus remplit toutes choses : tous les lieux et tous les temps. Entrant en possession de sa gloire à la droite du Père, le Christ devient disponible à l’huBELLAIGUE Lettre aux Amis & Bienfaiteurs n° 24 - Mai 2015 manité tout entière, à chacun d’entre nous. L’Ascension n’est pas l’effacement de Notre-Seigneur ; son départ est seulement dans le domaine des réalités corporelles et visibles : il est enlevé à nos yeux de chair, mais sa présence se prolonge sous un autre mode. L’Ascension est la condition nécessaire des rapports spirituels que Jésus veut entretenir avec nous. Il remonte vers son Père, mais revient, dans l’Esprit-Saint, se manifester invisiblement au cœur des siens : Celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; et moi, je l’aimerai, et je me manifesterai à lui (Jean XIV, 21).
L’Esprit-Saint nous invite d’abord au silence et à la prière, il nous conduit au fond de notre âme, là où le Christ nous a dit qu’il ferait sa demeure : Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons chez lui notre demeure (Jean XIV, 23). Là on découvre le Seigneur dans une lumière nouvelle, dans cette lumière de l’Esprit-Saint : l’Esprit Saint, le Consolateur, que mon Père enverra en mon nom, lui vous enseignera toutes choses (Jean XIV, 26). Que le Consolateur, l’Esprit de Vérité, daigne nous introduire dans l’intimité du Cœur de Jésus, pour que se réalise sa prière : Père, ceux que vous m’avez donnés, je veux que là où je suis, ils y soient avec moi, afin qu’ils contemplent la gloire que vous m’avez donnée, parce que vous m’avez aimé avant la création du monde (Jean XVII, 24).
Fr. Placide, o.s.b., Prieur