Nous avons célébré la fête des
mères – curieusement la France est le seul pays d’Europe (avec Monaco) à la
célébrer le dernier dimanche de mai, avec quelques pays d’Afrique
( ! ?), et voilà pourquoi, romain en toutes choses, je la célèbre,
quant à moi, le deuxième dimanche de mai, comme à Rome ! – et, à
l’occasion des ordinations sacerdotales de ce mois de juin, nous allons
célébrer le sacerdoce.
Et ce peut être l’occasion, me
semble-t-il, pour nos jeunes, de s’interroger avant d’entrer dans la vie et d’y
choisir une orientation. Que vais-je faire de ma jeunesse, des grâces et des
trésors que la grâce a déposés en moi ?
Souvent la réponse est quasi
évidente et immédiate, parfois elle demande réflexion, étude et prière. Le plus
important est de bien formuler l’interrogation : non pas qu’est-ce qui me
plait – qu’est-ce qui va m’ouvrir de beaux débouchés, me donner une belle
situation – comment gagner ma vie…etc. Plus simplement, et, surtout plus
objectivement : étant considéré l’état du monde et ce que je suis, par
nature et par grâce, de quoi les hommes ont-ils besoin et qu’est-ce que je peux
leur apporter ?
Le sacerdoce ou la vie
religieuse ? Le mariage et la fondation d’une famille ? La
consécration à une œuvre de charité à laquelle je donnerai tous les instants de
ma vie et tout mon cœur (éducation, santé, justice, entraide) ?
Mais le point le plus important
est que chacun et chacune prenne le temps de se poser la question. Qu’il
demande aide, lumière et conseil à qui peut lui en apporter (parents, éducateurs,
prêtre) mais qu’il ne demande pas que l’on décide à sa place ! Et malheur
aux parents qui ont la vocation pour leurs enfants, et aux éducateurs qui ne se
limitent pas au rôle de conseillers et de guides, et qui décident à la place de
l’enfant.
Nous parlons et prêchons souvent
sur la vocation sacerdotale et religieuse.
Nous parlons aussi du mariage, de
la famille et du rôle des éducateurs chrétiens.
Mais nous ne parlons jamais de ce
que nous pourrions nommer la « troisième voie », le célibat consacré.
Et pourtant, sans parler de vocation proprement dite (ce que certains
contesteraient), nous pouvons parler de choix et de grâce d’en-haut, car ce
n’est pas un choix moins noble ni une voie moins grande.
Je lisais récemment le récit d’un
homme qui, à l’âge de trente-trois ans, songeait à se marier mais qui, dit-il,
« rencontra un médecin qui me parla de l’Eglise et de la beauté d’un être
tout entier à son service, bien que vivant dans le monde. Je ne sais ce qu’il
advint pendant les jours qui suivirent cet entretien, ni comment cela
advint ; le fait est que priant dans une église déserte où j’étais entré
pour laisser libre cours au tumulte des pensées qui s’agitaient dans mon
esprit, j’entendis cette même voix qui m’avait déjà parlé lorsque je m’étais
confessé au Père de la mission : tu ne te marieras pas, tu m’offriras ta
vie. Je serai ton amour pour l’éternité… Ce furent des années de travail, de passions,
de rencontres avec les âmes, de grands rêves… »
Le grand pape Pie XII n’a pas
craint d’en chanter la louange (Sacra virginitas. Pie XII. 25 mars 1954): La
multitude des fidèles qui, depuis le début de l’Église jusqu’à nos jours, ont
consacré à Dieu leur chasteté, est innombrable : les uns en gardant intacte
leur virginité ; d’autres en lui vouant, à la mort du conjoint, leur veuvage;
d’autres, enfin, en regrettant leurs péchés, par le choix d’une vie
parfaitement chaste; mais tous se distinguent par cette résolution commune de
s’abstenir, pour Dieu, des plaisirs de la chair et cela pour toujours. Que
l’enseignement des saints Pères sur la gloire, le mérite de la virginité soit
donc pour tous ceux-ci une invitation, un soutien et une force pour persévérer
fermement dans leur sacrifice accompli, de sorte qu’ils n’ôtent ni ne
reprennent jamais la moindre parcelle de l’holocauste déposé sur l’autel de
Dieu.
Cette chasteté parfaite est
matière d’un des trois vœux constitutifs de l’état religieux ; elle est exigée
des clercs majeurs de l’Église latine et des membres des instituts séculiers.
Mais cette vertu fleurit aussi chez de nombreux fidèles qui demeurent laïcs; car
il y a des hommes et des femmes qui ne sont pas dans l’état public de
perfection et qui cependant renoncent totalement au mariage et aux plaisirs de
la chair, de propos délibéré et même par vœu privé, afin de servir plus
librement le prochain et d’unir leur âme à Dieu plus facilement et d’une
manière plus intime.
La question du célibat pour un chrétien
et ce que la Bible dit à ce sujet est souvent mal compris. St Paul nous dit pourtant
clairement: « je voudrais que tous les hommes fussent comme moi ; mais chacun
tient de Dieu un don particulier, l’un d’une manière, l’autre d’une autre. A
ceux qui ne sont pas mariés et aux veuves, je dis qu’il leur est bon de rester
comme moi. » (1 Corinthiens 7 ; 7-8).
Ce n’est pas un péché ni une tare
de rester célibataire, même notre vie entière. Le plus important dans la vie
n’est pas de trouver un mari ou une épouse et d’avoir des enfants, mais c’est
de servir Dieu et le prochain, quelle que soit la situation familiale. Le
célibat ne doit pas être regardé comme une sorte de malédiction ou comme une
indication qu’il y a « quelque chose qui ne va pas » chez cet homme
ou cette femme célibataire. Un célibataire chrétien n’est en rien laissé pour
compte, un chrétien de « seconde classe ». Comme le passage de l’épître aux
Corinthiens le déclare, le célibat est, pour le moins, une vocation supérieure.
Parmi les célibataires « Il
y en a qui vivent leur situation dans l'esprit des béatitudes, servant Dieu et
le prochain de façon exemplaire », il y en a qui ont fait ce choix pour
pouvoir aimer et servir les plus démunis, ceux qui n’ont personne pour les
aimer, veiller sur eux, les instruire, les conseiller, les soigner…
Bien sûr, il y a des vieux
garçons racornis, il y a des vieilles filles grincheuses… mais il y a aussi des
parents et des consacrés indignes ! Ni les prêtres, ni les religieux ou
religieuses n’ont l’apanage de la vertu, de la charité et de la sainteté. Alors,
que vaut-il mieux ?
«Aime et fais ce que tu voudras.»
Ne te préoccupe pas, mon frère, de ce que tu fais, préoccupe-toi d'aimer.
N'importune plus le ciel de ton inutile: « Quelle est ma route? » mais
applique-toi à aimer.
En aimant, tu découvriras ta
voie; en aimant tu écouteras la Voix; en aimant tu trouveras la paix.
L'amour est la perfection de la
loi et la règle de toute vie, la solution de tout problème, l'aiguillon de
toute sainteté.
« Aime et fais ce que tu veux. »
Non, il ne m'est pas possible de
faire ce que je veux, lorsque j'aime.
Lorsque j'aime, je dois faire la
volonté de l'aimé.
Lorsque j'aime, je suis
prisonnier de l'amour et l'amour est terrible dans ses exigences, surtout quand
cet amour a Dieu pour objet et un Dieu crucifié. Je ne peux plus faire ma
propre volonté; je dois faire la volonté de Jésus qui est la volonté du Père.
Et lorsque j'aurai appris à faire
cette volonté, j'aurai réalisé pleinement ma vocation sur la terre et rejoint
le degré de ma perfection. (C. Carretto)
« La grâce veille à tout et
sur tous », et il y a des saints partout où la grâce a le premier et le dernier
mot, même chez des enfants !
Beau mois du Sacré-Cœur à tous et
toutes, avec au cœur un grand désir d’aimer au nom de Celui qui nous a tant
aimés!