SOURCE - DICI - 23 octobre 2015
« Deux archevêques syriens ont approuvé les frappes russes contre les groupes rebelles dans leur pays », titrait l’agence américaine Catholic News Service (CNS) le 9 octobre 2015. En effet, Mgr Jean-Clément Jeanbart, archevêque melkite catholique d’Alep, de passage à Genève, déclarait le 8 octobre à la Radio Télévision Suisse (RTS) que l’intervention de la Russie dans la guerre civile syrienne « redonne espoir » aux chrétiens de Syrie chez lesquels il a pu constater « un regain de confiance ». La Russie sert la cause des chrétiens et « Vladimir Poutine est en train d’aider à résoudre un problème et de nous sortir d’une situation inextricable », a poursuivi Mgr Jeanbart. « La lutte contre l’ ‘Etat Islamique’ est la priorité », a précisé le prélat, avant de s’adresser aux politiciens britanniques, le 13 octobre à Londres, sur la persécution des chrétiens dans son pays. L’archevêque d’Alep, confiait récemment à l’Aide à l’Eglise en Détresse (AED) : « J’ai dû ces trois dernières années oublier mes 72 ans et courir partout pour trouver de quoi alléger le poids des privations multiples dont souffre mon peuple bien-aimé ».
« Deux archevêques syriens ont approuvé les frappes russes contre les groupes rebelles dans leur pays », titrait l’agence américaine Catholic News Service (CNS) le 9 octobre 2015. En effet, Mgr Jean-Clément Jeanbart, archevêque melkite catholique d’Alep, de passage à Genève, déclarait le 8 octobre à la Radio Télévision Suisse (RTS) que l’intervention de la Russie dans la guerre civile syrienne « redonne espoir » aux chrétiens de Syrie chez lesquels il a pu constater « un regain de confiance ». La Russie sert la cause des chrétiens et « Vladimir Poutine est en train d’aider à résoudre un problème et de nous sortir d’une situation inextricable », a poursuivi Mgr Jeanbart. « La lutte contre l’ ‘Etat Islamique’ est la priorité », a précisé le prélat, avant de s’adresser aux politiciens britanniques, le 13 octobre à Londres, sur la persécution des chrétiens dans son pays. L’archevêque d’Alep, confiait récemment à l’Aide à l’Eglise en Détresse (AED) : « J’ai dû ces trois dernières années oublier mes 72 ans et courir partout pour trouver de quoi alléger le poids des privations multiples dont souffre mon peuple bien-aimé ».
De son côté
l’archevêque catholique syriaque d’Hassaké-Nisibi (nord-est de la Syrie), Mgr Jacques Behnan Hindo, a défendu la
campagne de Russie auprès de l’agence vaticane Fides, le 2 octobre
dernier : « le sénateur américain John McCain a protesté en disant que les Russes ne bombardent
pas les positions de l’Etat islamique, mais plutôt les rebelles anti-Assad
formés par la CIA. Je trouve que ces propos sont inquiétants. Ils représentent
une reconnaissance flagrante que, derrière la guerre contre Assad, il y a
également la CIA ». Une grande puissance qui, depuis le 11 septembre,
proteste parce que les Russes frappent les milices d’Al-Qaïda en Syrie, cela
signifie-t-il, s’alarme le prélat, qu’Al-Qaïda est désormais un allié des
Etats-Unis, juste parce qu’en Syrie, il a un nom différent ?
L’agence italienne
Asianews, de l’Institut Pontifical des Missions Etrangères, faisait part le 9
octobre de l’entretien de Mgr Hindo. Les offensives russes de ces derniers
jours en Syrie ont démontré leur efficacité contre les terroristes du prétendu
Etat islamique (EI), déclarait-il, en les forçant à se replier vers le désert
irakien. « L’intervention de Moscou s’est avérée positive, a expliqué le
prélat syrien, parce qu’elle cible réellement Daech, et les milices djihadistes
ont commencé à fuir la région [d’Hassaké, ndlr] dans l’empressement, à bord
d’environ 20 véhicules. Ils ont abandonné 20 autres voitures sur place. C’est
le signe qu’ils ont vraiment dû battre en retraite ». L’archevêque vit
sous la menace constante de l’EI : « Je réside à moins de trois
kilomètres de la ville. Il y a un mois, l’offensive des djihadistes a été
repoussée, et ils se sont déployés autour de la ville. Ces deux dernières
semaines, grâce à l’attaque des Russes, ils ont commencé à se retirer. »
En revanche, Mgr
Hindo a émis de sérieuses réserves sur les opérations américaines, « pour
la galerie », et dénoncé l’« ambiguïté » des Etats-Unis. Le
prélat déplore en particulier qu’elles n’aient pas empêché l’enlèvement de
centaines de chrétiens, après l’offensive de l’EI dans la vallée du Khabour, en
février dernier. « Dans la nuit du 23 février, lorsqu’ils ont attaqué Daech,
les avions américains ont survolé la zone pendant une longue période sans
intervenir. Puis pendant trois jours on n’a pas vu le moindre tir, laissant le
champ libre aux milices djihadistes. Cela nous fait penser que celles-ci, en
quelque sorte, ont été aidées par les américains, qui affichent une attitude
ambiguë. » Les inquiétudes pour ces otages sont d’autant plus vives après la
récente exécution de trois chrétiens assyriens, dont la vidéo a été diffusée
sur les réseaux islamistes.
Mgr Hindo s’est
élevé contre les actions menées par les Etats-Unis, qui ne bombarderaient pas
les milices djihadistes, mais le gouvernement syrien. « Il ne s’agit pas
d’être pour ou contre le gouvernement, souligne l’archevêque. Les gens d’ici
n’ont jamais cru dans les attaques américaines. Seuls les Kurdes ont réellement
combattu sur le terrain, mais pour tenir leurs positions ». Le prélat
relève que les Kurdes ne peuvent pas à eux seuls régler le problème. Il affirme
que les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ne parlent que d’attaquer
Daech, mais pas le Front Al-Nosra ni les autres milices islamistes liées à
Al-Qaïda.
Mgr Hindo accuse les
gouvernements occidentaux de « travailler pour la sécurité d’Israël et
pour diviser la Syrie et l’Irak, afin de mettre la main sur les richesses de
ces pays. Il ne s’agit pas seulement de pétrole, parce que, au large de nos
côtes, un très grand gisement de gaz a récemment été découvert. Il existe
également un enjeu concernant les pipelines que l’Arabie saoudite et le Qatar
voudraient construire vers l’Occident », affirme le prélat. « Damas n’a
pas accepté leur passage sur son territoire, et voilà le résultat »,
s’insurge-t-il. Le problème est « extrêmement complexe », avertit Mgr
Hindo. Il déplore la vision occidentale selon laquelle il ne s’agirait que
d’une guerre de religion entre les sunnites, les chiites, les chrétiens et les
musulmans. « Dans cette guerre, Daech dissimule des intérêts économiques
et a pour but de diviser le pays, contre la volonté d’un peuple, dont une
majorité est unie et veut rester unie », affirme-t-il avec force.