Chers fidèles,
Le triste état de notre patrie, de la sainte Eglise et la
désorientation des âmes peut nous porter au découragement. Humainement parlant,
la situation semble désespérée et pourtant, la Providence Divine ne nous
abandonne pas, nous le savons. Pour nous aider à garder la sainte Espérance,
elle nous propose en 2016 le 31e Jubilé du Grand Pardon de Notre-Dame
du Puy.
En effet, le 25 mars 2016 aura lieu la coïncidence
exceptionnelle de l’Annonciation avec le Vendredi Saint. Pour célébrer cet
événement rare, qui n’arrive que deux ou trois fois par siècle, le pape Jean
XVI, institua en 992 le premier Jubilé du Puy afin d’honorer la
Mère de Dieu et nous rappeler notre rachat par Dieu fait homme, mort sur
la croix pour la rémission de nos péchés. Ce jubilé nous donnera
l’occasion de méditer sur deux grands mystères de notre sainte religion : l’Incarnation
et la Rédemption, de renouveler nos promesses de baptême par lesquelles nous
renonçons à Satan à ses pompes et à ses œuvres et de manifester publiquement
notre désir de vivre sous l’étendard du Christ notre Roi.
Comme pour renforcer notre
dévotion, ce grand jubilé coïncide aussi avec le 300eanniversaire de la
mort de saint Louis-Marie Grignon de Montfort, grand apôtre de la dévotion
mariale. Cette date anniversaire n’est pas fortuite, en effet: le Père de
Montfort encourage fortement la rénovation des promesses du baptême pour
grandir dans la foi et remédier aux dérèglements des chrétiens. Il
démontre cela en s’appuyant sur les Pères de l’Eglise et il cite le catéchisme
du Concile de Trente qui exhorte les curés à « se dévouer et se consacrer
à jamais à notre Rédempteur et Seigneur comme esclaves » [ n° 127 122 129
et 130 Traité de la vraie dévotion]. Il se fait ainsi l’écho de saint Paul dans
son épître aux Romains qui le premier explique cette notion d’esclave : «Quand
vous étiez esclaves du péché, vous étiez libres à l’égard de la justice. Quel
fruit en recueillez-vous alors ? Vous en rougissez aujourd’hui; car le terme de
tout cela, c’est la mort. Mais maintenant qu’affranchis du péché vous êtes
devenus les esclaves de Dieu, vous avez pour fruit la sanctification, et le
terme c’est la vie éternelle. Car le salaire du péché, c’est la mort, tandis
que le don de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus, notre Seigneur. »
Épitre aux Romains VI, 20-23
Mais le Père de Montfort va plus loin ; il propose la
rénovation des promesses du baptême par une voie plus parfaite en
renonçant non seulement à Satan pour se donner à Jésus mais en nous
invitant à le faire par les mains de la Très Sainte Vierge Marie, lui
consacrant nos personnes, nos biens extérieurs et intérieurs, tous nos mérites
passés, présents et futurs, lui laissant le droit d’en disposer et
d’en être la trésorière. [Traité de la Vraie Dévotion n° 121& n°126]
Il se trouve que cette consécration du Père de Montfort a
un lien très étroit avec l’histoire même du sanctuaire du Puy. En effet,
Saint Louis-Marie raconte, que cette dévotion du « Saint Esclavage »
fut inspirée par la Sainte Vierge dans la cathédrale du Puy à la bienheureuse
Agnès de Langeac, qui la transmit à Monsieur Ollier, fondateur du séminaire du
Puy et fondateur de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice, où saint
Louis-Marie fit son séminaire [Traité de la Vraie Dévotion n° 170].
Le Puy est un haut lieu de chrétienté. Le sanctuaire fut bâti à la
demande de la Sainte Vierge (1ère apparition publique mondiale) sur
l’emplacement d’une pierre des druides, pour renverser le paganisme et
implanter la foi. Placé sous le vocable de l’Annonciation, il fut consacré
miraculeusement par les anges au Ve siècle, d’où son nom de « chambre
angélique ». Plus qu’ailleurs, les générations ont honoré en ce lieu
le « Fiat » de Marie et la dépendance de Jésus qui vient à nous par
Marie, prenant notre condition pour expier le péché et nous rétablir dans
l’amitié divine. Le Père de Montfort insiste sur cette dévotion au « Fiat »
et à l’Incarnation le 25 mars. Il désigne ces mystères de notre Rédemption
comme capitale pour notre foi [n°243 & n°142 n°152 Traité de la vraie dévotion].
La prière quotidienne de l’Angélus honore tout
particulièrement ces mystères. Et c’est d’ailleurs auPuy, qu’en 1449, Louis XI
fit publier les lettres apostoliques qu’il avait obtenues du pape Sixte IV pour
étendre la récitation de l’Angélus à midi. L’usage en fut consacré par le
pape Calixte III et Louis XI l’étendit à tout le Royaume en 1476.
Mgr
Lefebvre voyait dans cette consécration au Saint Esclavage à Jésus par
Marie, l’excellente attache pour garder la foi sous la protection de
la Très Sainte Vierge Marie. Il avait en outre une dévotion profonde au mystère
de l’Incarnation, point capital du combat de la foi. Et c’est sans doute
pour honorer sa foi vive que Dieu l’a rappelé à lui un 25 mars, c’était un
Lundi Saint, il y a 25 ans. Ainsi, pour raviver notre espérance dans le
combat de la foi, la Providence permet également d’associer ce Jubilé du 25e anniversaire du rappel à Dieu de Mgr Lefebvre au
Jubilé du Puy et au 300e anniversaire de
la mort du Père de Montfort. Que de coïncidences !
Venez nombreux au Puy !
N’attendez pas la prochaine occasion qui n’aura lieu qu’en 2157 !
Dieu n’attend que nos prières et notre venue au sanctuaire du Puy pour déverser
ses grâces sur l’Eglise, la France et les âmes. La statue de Notre Dame de
France qui domine le sanctuaire du Puy rappelle toutes les grâces privées
et publiques données à notre pays au cours des siècles. Alors acquiesçons à la
volonté de Dieu en sa Providence, soyons généreux et venons nous consacrer à
Jésus par la Vierge Marie.
Il faut souligner enfin que le Salve Regina composé
par Adémar de Monteil, évêque du Puy, fut chanté pour la première fois dans la
cathédrale du Puy, le 15 août 1096, à l’occasion du départ à la première
croisade : venons renouveler notre ferveur et implorer Notre Dame avec cette
belle prière les 9 et 10 avril 2016 au pèlerinage organisé par le
Prieuré Saint François-Régis.
Dans l’attente de nous retrouver tous au Puy pour ce
jubilé béni, que Notre-Dame dispose dès maintenant nos âmes à recevoir
toutes les grâces que son divin Fils voudra nous accorder par sa maternelle
intercession à l’occasion de ce pèlerinage. Que Dieu vous bénisse !
Abbé Christian BOUCHACOURT
Supérieur du district de France.