SOURCE - Mgr Williamson - Initiative St Marcel - 16 janvier 2016
De toute amarre si j’affranchis mon esprit,
De toute amarre si j’affranchis mon esprit,
Comment être étonné du chaos qui s’ensuit ?
Il y a quelques mois, un lecteur américain de ces « Commentaires » fit quelques remarques astucieuses que voici : «Ici dans les colonies notre “Liberté religieuse” se retourne vraiment contre nous. Un juge fédéral “catholique” a mis en prison un officier protestant d’état civil pour avoir refusé de délivrer une licence de mariage de même sexe. Les défenseurs bien intentionnés de cet officier n’ont pas cessé de citer la “liberté religieuse” en sa défense, ne s’apercevant pas que la liberté religieuse était précisément le problème, non la solution. Incroyable. On sombre dans le chaos moral et personne ne semble comprendre pourquoi.» «On sombre dans le chaos moral et personne ne semble comprendre pourquoi.» Bien dit, en effet ! Mais les “Traditionalistes” qui prennent au sérieux la Tradition devraient être en mesure de sonder le problème.
Car si je prends la Tradition au sérieux, je comprends que la DOCTRINE passe en premier, en d’autres mots que la religion catholique ne se fonde pas sur une soupe mentale avec la morale et la Messe, mais sur les réalités doctrinales qui gouvernent à la fois et la morale et la Messe. Ces réalités ont leur point de départ dans l’existence du Dieu Tout-Puissant, de qui dépend toute la création à tout moment de son existence pour continuer d’exister, alors qu’Il pourrait tout annihiler sans Lui-même subir le moindre changement. Par Lui-même Il crée chaque âme humaine au moment de la conception de son corps pour qu’elle use du libre-arbitre dont Il la dote pour choisir de vivre et de mourir conformément à Son immuable Loi morale, et ainsi monter au Ciel pour passer l’éternité dans la béatitude avec Lui-même. Mais le libre-arbitre, pour être véritable, signifie que les âmes peuvent choisir d’enfreindre Sa Loi et, si elles ne s’en repentent pas, de passer l’éternité à Le défier en Enfer. De cette manière, c’est elles qui seront brisées, mais non Sa Loi. Cette Loi est résumée dans les Dix Commandements, et elle n’est point arbitraire mais elle est conforme à la nature humaine pour laquelle elle fut établie, tout comme le mode d’emploi du fabricant d’une machine correspond à la machine pour laquelle le fabricant l’a rédigé.
Or, le Sixième et le Neuvième de ces Commandements enseignent aux êtres humains à faire bon usage du mécanisme reproductif intrinsèque à leurs corps. Ce mécanisme n’est pas un jouet mais un instrument sacré conçu par Dieu pour la formation des familles humaines ici-bas en vue de peupler le Ciel en-haut. Ni deux hommes ni deux femmes ne peuvent avoir des enfants et former une famille, mais seulement un homme et une femme ensemble, et puisque peupler le Ciel est une affaire sacrée, tout manquement à ces deux Commandements devient rapidement gravissime et mérite la damnation éternelle. «On ne se moque pas de Dieu» – Gal. VI, 7. Par conséquent, la frustration de l’acte du mariage par des partenaires du même sexe figure parmi les quatre crimes contre Dieu qui crient vengeance au Ciel, comme l’enseigne l’Église catholique, et ce qui est pire, par le «mariage» de même sexe on se moque en plus de la sainte institution de Dieu. Dans toute cette doctrine, il n’y a pas le moindre élément de chaos.
Alors d’où vient le chaos? Du libéralisme. De la fausse religion du libéralisme. D’avoir fait de la liberté une idole. Car dans Romains I, saint Paul insiste sur ce point que ce péché particulier qui crie vengeance au Ciel provient de l’idolâtrie. C’est une fois qu’un homme a enfreint le Premier Commandement que Dieu le livre à des pratiques honteuses contre le Sixième Commandement, sans doute dans l’espoir que l’ignominie manifeste de l’impureté contre nature le rendra conscient de l’horreur bien plus grande en el le-même , mais moins facile à reconnaître, de l’idolâtrie. Que notre liberté soit devenue d’un idéal une idole est, de nos jours, de plus en plus difficile à reconnaître, car après plus de deux cents ans l’adulation de la liberté religieuse est devenue monnaie courante, et rien aujourd’hui ne semble plus naturel. Les hommes ont perdu tout sens du vrai Dieu. Au contraire, la liberté religieuse est devenue la liberté suprême, sans laquelle toutes les autres libertés semblent insignifiantes.
Et cette liberté finit par sortir l’esprit humain de ses gonds. En effet, toute vérité ou réalité qui prétend s’imposer à mon esprit diminue d’autant ma liberté, et donc je refuse de la reconnaître, à moins qu’elle ne me convienne. Or bien des règles morales ne me conviennent pas. Donc je les refuse au nom de la liberté. Ce faisant je sombre dans le chaos moral, tout en étant convaincu que j’exerce mon droit le plus sacré, en sorte que je ne comprends plus du tout pourquoi c’est le chaos mental puis social qui s’ensuit. Mais c’est moi-même qui ai sorti ma tête de ses gonds, et fait sauter les fondements de la société. Le chaos est donc tout à fait compréhensible.
Kyrie eleison.