30 décembre 2016

[Lettre à Nos Frères Prêtres] La haine du prêtre apostat contre la messe

SOURCE - Lettre à Nos Frères Prêtres - décembre 2016

Selon la théologie de Luther, puisque l’âme du chrétien n’est pas transformée par la grâce, les sacrements n’opèrent plus rien de réel en elle.
La modification de la messe et des sacrements 
En vérité, les sacrements ne transmettent plus la grâce, ils se contentent de signifier et de réchauffer la « foi-confiance » en la rémission de nos péchés. Ne doivent donc être conservés que les sacrements qui produisent cet effet psychologique. Pour Luther, le seul véritable sacrement est le baptême, même s’il admet qu’on puisse conférer la confirmation, l’extrême-onction, voire la pénitence, si on les comprend comme des « excitateurs de la foi » et non des sources de grâce.
   
Pour la même raison, l’idée de la messe comme renouvellement non sanglant du sacrifice du Christ, qui nous en applique quotidiennement les mérites, perd toute signification. Seul sera conservé un mémorial de la Cène, pour nous faire souvenir de l’unique sacrifice du Christ sur la croix et raviver notre foi-confiance en sa rédemption. C’est ainsi que Luther va progressivement modifier la messe, d’abord en 1523 avec son Court exposé de la messe et de la communion, ensuite en 1526, avec La Messe allemande et l’ordre du service de Dieu.
Les imprécations de Luther contre la messe catholique
Toutefois, Luther ne se contente pas de cette mise à l’écart de la messe. Piètre théologien, mais doué de l’instinct des révolutionnaires, il a perçu qu’il frapperait au cœur de l’Église catholique en démolissant la messe. Prêtre en rupture de ban, moine infidèle à ses vœux, il finit par développer une haine véritablement pathologique à l’égard du saint sacrifice. Ses mots à ce sujets sont effrayants : « La messe, déclare-t-il en 1521, est la plus grande et la plus horrible des abominations papistes ; la queue du dragon de l’Apocalypse ; elle a déversée sur l’Église des impuretés et des ordures sans nom ». « C’est l’injure la plus abominable, la honte la plus effroyable que l’on puisse faire à Notre Seigneur Jésus-Christ et à Dieu le Père lui-même ». « La prêtraille va à la messe comme des cochons à leur auge ». Et il renchérit en 1524 : « Oui, je le dis : toutes les maisons de prostitution, que pourtant Dieu a sévèrement condamnées, tous les homicides, meurtres, vols et adultères sont moins nuisibles que l’abomination de la messe papistique ». Et il conclut : « Quand la messe sera renversée, je pense que nous aurons renversé toute la papauté. Car c’est sur la messe, comme sur un rocher, que s’appuie la papauté tout entière avec ses monastères, ses évêchés, ses collèges, ses autels, ses ministères et doctrines, c’est-à-dire avec tout son ventre. Tout cela s’écroulera nécessairement, quand s’écroulera leur messe sacrilège et abominable ».
La suppression du sacrifice par l’abolition de l’offertoire
Ce que veut Luther, c’est réaliser la négation pratique de la dimension sacrificielle de la messe ; et la partie qu’il vise est l’offertoire : « Nous déclarons en premier lieu que notre intention n’a jamais été d’abolir absolument tout le culte de Dieu, mais seulement de purger celui qui est en usage de toutes les additions dont on l’a souillé (…) Je parle de cet abominable Canon qui est un recueil de lacunes bourbeuses : on a fait de la messe un sacrifice, l’on a ajouté des offertoires (…). La messe n’est pas un sacrifice ou l’action du sacrificateur. Regardons-la comme sacrement ou comme testament. Appelons-la bénédiction, eucharistie, ou table du Seigneur (…). Qu’on lui donne tout autre titre qu’on voudra, pourvu qu’on ne la souille pas du titre de sacrifice ou d’action ». Et donc, quand il arrive à cet endroit dans sa description de la messe, voici ce qu’il en dit fort logiquement : « Suit toute cette abomination à laquelle on assujettit tout ce qui précède. On l’appelle offertoire, et tout ressent l’oblation (…) C’est pourquoi rejetant tout ce qui ressent l’oblation avec le Canon, nous retenons ce qui est pur et saint, et nous commençons ainsi notre messe… »