SOURCE - FSSPX Actualités - 7 février 2018
Le cardinal Joseph Zen, évêque émérite de Hong-Kong, a rencontré le Saint-Père le 12 janvier 2018 dans le but de plaider la cause des évêques de l’Eglise clandestine qui pourraient faire les frais d’un éventuel rapprochement du Saint-Siège avec la Chine.
Le cardinal Joseph Zen, évêque émérite de Hong-Kong, a rencontré le Saint-Père le 12 janvier 2018 dans le but de plaider la cause des évêques de l’Eglise clandestine qui pourraient faire les frais d’un éventuel rapprochement du Saint-Siège avec la Chine.
Le prélat chinois a notamment évoqué les cas de Mgr Peter Zhuang, évêque de Shantou, et de Mgr Guo Xijin, évêque de Mindong qui ont reçu de Rome l’ordre de quitter leur siège dans le but d’apaiser les relations avec le pouvoir chinois.
Le cardinal précise à Asia News qu’il a demandé au pape « s’il avait eu le temps d’étudier la question comme il l’avait promis » et si ses collaborateurs le tenaient informé ; et François de répondre : « comme je l’ai déjà dit, je ne veux pas d’une autre affaire Mindszenty ».
Cette réponse fut considérée par Mgr Zen comme rassurante : « une consolation ». Mgr Joseph Mindszenty est cet archevêque métropolitain d’Esztergom et primat de Hongrie qui fut persécuté par le régime communiste. D'abord condamné à la prison à vie après un procès de type stalinien, en 1949, puis libéré lors de l'insurrection de 1956, il trouve refuge à l'ambassade des Etats-Unis lorsque les chars soviétiques viennent rétablir la dictature socialiste. Il y reste bloqué durant quinze ans. Finalement, le Saint-Siège négocie en 1971 son départ dans le cadre de l'Ostpolitik en usant de compromission. Il est même demandé au haut prélat de renoncer à sa charge de primat de l'Eglise de Hongrie, ce que le cardinal Mindszenty refusera toujours de faire.
De son côté, le cardinal Zen a conclu de la comparaison faite par François entre le cardinal hongrois et son cas : « je suis enchanté d’être un obstacle à un rapprochement entre Rome et la Chine communiste, et la chose la plus importante pour nous reste de prier pour le Saint-Père ».
L’évêque émérite de Hong Kong donne aussi son avis sur les motivations d'un hypothétique rapprochement entre Rome et Pékin : le pape craindrait – selon le cardinal - un éventuel point de rupture dans une Eglise divisée face au régime chinois. « Certains disent que tous les efforts pour parvenir à un accord [entre la Chine et le Saint-Siège] visent à éviter un schisme ecclésial. C’est ridicule ! Le schisme est déjà là, dans l’Eglise indépendante (soumise au pouvoir de Pékin). Les papes ont évité d’utiliser le mot ‘schisme’ parce qu’ils savaient que beaucoup dans la communauté catholique officielle n’y étaient pas de leur plein gré, mais sous une forte pression », a déclaré le prélat.
Cet entretien du prélat chinois a fait réagir le Vatican. Un communiqué publié par la Salle de presse du Saint-Siège, le 30 janvier 2018, précise : « le Pape François est en contact constant avec ses collaborateurs, en particulier la Secrétairerie d’Etat, sur les questions chinoises ».
Dans le même sens, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Vatican, s’est exprimé auprès de Gianni Valente pour Vatican Insider le 31 janvier 2018 : « nous demeurons persuadés que les fidèles chinois grâce à leur esprit de foi sauront reconnaître que notre action est animée par la confiance dans le Seigneur et ne répond pas à une logique mondaine ». Certes. N'empêche qu'il a semblé urgent de rétablir un climat plus diplomatique et conciliant avec le pouvoir chinois, qui sonne comme un démenti cinglant pour l’évêque émérite de Hong-Kong.