SOURCE - Abbé Xavier Beauvais, fsspx - L'Acampado - novembre 2018
Tout le monde ne peut être riche, ni savant, ni célèbre.
Tout le monde ne peut être riche, ni savant, ni célèbre.
Mais il y a une chose qu’on peut exiger de chacun,
c’est un caractère irréprochable.
Conquérir des royaumes terrestres est le fait
d’hommes exceptionnels et la couronne royale est faite
pour bien peu de fronts. Mais conquérir le royaume des
trésors spirituels et placer la couronne d’un caractère viril
sur notre front, c’est là une tâche sublime et sacrée qui
doit nous préoccuper tous sans exception ; mais beaucoup manquent à la remplir. Et pourquoi ? Parce que, ce
caractère irréprochable avec le secours de la grâce, c’est
le résultat d’une lutte souvent dure, d’une guerre qu’on
se fait à soi-même et à son égoïsme et qui demande beaucoup de conquêtes, beaucoup d’abnégation et de discipline. C’est ce combat que chacun de nous doit livrer et
en sortir victorieux.
Le résultat magnifique que vous obtiendrez dans
cette lutte, ce sera un caractère impeccable. Selon le
terme classique de saint Augustin : «homines sunt voluntates»
la valeur de l’homme est déterminée par sa volonté, par
l’intelligence, certes, qui est la plus haute faculté de l’âme
mue aussi par la volonté. Notre société doit être composée de cerveaux cultivés, mais à cette société ne doivent
pas manquer les épaules d’acier.
Le savoir et le caractère, en somme.
La base et le soutien moral d’une société, ce ne
sera jamais la lâcheté mais le caractère, spécialement dans
un monde bouleversé et qui paraît marcher sur la tête,
dans un monde où l’évidence nous montre un dépérissement effrayant de la volonté, en ces jours de veulerie
presque générale où l’on se plait à dire que ce n’est que
sagesse de se conformer au monde, aux circonstances et
à voir le salut public dans le reniement des principes de
la politique réaliste et dans la recherche des intérêts personnels. Puissiez-vous avec le secours de la grâce qui ne
manque pas, être de ces hommes au caractère inattaquable, aux principes justes et solides, puissiez-vous être de
ceux qui ne reculent point devant la difficulté, droits
comme la vérité, lumineux comme le soleil ; en somme,
encore une fois, des hommes et des femmes au caractère
inébranlable où l’âme n’est pas basse, où les sentiments
ne sont pas mesquins, des hommes qui s’intéressent au
problème spirituel. Et même si nous étions condamnés
à rester une minorité, c’est cette minorité qui aurait raison, celle qui travaille et se fatigue sur le chemin du caractère, pendant que les autres semblent plongés dans
l’insouciance. Comme le disait un grand penseur hongrois, «un grand esprit dont le caractère n’est pas à la même hauteur, est la plus malheureuse, et souvent la plus méprisable des
créatures».
Si l’on veut devenir un caractère, il faut faire ce
travail spirituel. L’expérience montre que le chemin du
caractère n’est pas un chemin facile, il y faut apporter, en
plus des convictions intellectuelles étayées sur une formation pro fonde, une volonté forte pour combattre ce
qui nous détourne de Dieu et nous attache aux créatures
-en clair, le péché- une volonté qui ne connaisse ni arrêt,
ni trêve.
Mais qu’est-ce qu’un caractère ?
Le mot désigne la volonté humaine fixée vers le
bien. Nous sommes donc des caractères si nous avons
de nobles principes auxquels nous restons invariablement
fidèles, même si cette constance impose des sacrifices.
Celui qui change de principes -prenez par exemple, les
principes de notre identité catholique face aux problèmes
que suscite la nouvelle messe, ou face à toutes ces tendances pseudo conservatrices issues du groupe Ecclesia
Dei- celui donc qui change de principes selon les circonstances, selon ses amitiés, ou même parce qu’il vient de
tomber amoureux de quelqu’un qui n’est pas dans la
même ligne, celui ou celle qui abandonne une façon
d’agir, de penser, de se vêtir, de parler reconnue jusqu’ici
comme bonne et saine, sous prétexte qu’il ne doit pas
endurer le moindre désagrément pour elle, un tel caractère versatile est bien peu sûr et augure mal de l’avenir.
Il faut nous animer de nobles principes et, ensuite, par un exercice continu, nous habituer à agir selon
ces principes en toutes circonstances.
La vie morale de l’homme sans principes est aussi
agitée qu’un roseau surpris par la tempête. Cet homme
agira aujourd’hui d’une façon, et demain, d’une autre. La
pre mière nécessité est donc de former en nous des principes fermes et ensuite d’acquérir la force, cette force qui
nous vient du Saint-Esprit, force dont nous avons besoin
pour suivre sans broncher, la voie que nous savons
bonne, saine et sainte.
Mais encore une fois, notre première tâche est
celle de former, en nous, des principes justes, conformes
à la loi naturelle, à la loi chrétienne.
La deuxième tâche, peut-être beaucoup plus difficile, ce sera de suivre ces principes justes, c’est-à-dire
de s’en traîner dans la voie du caractère ; œuvre personnelle et résultat d’un travail d’éducation de nous-mêmes.
Rester fidèle aux principes donc et ne jamais se départir
de la vérité.
Mais nous avons parlé d’un travail d’éducation de nous-mêmes, quel est-il ? Simplement celui de former notre âme à l’image que Dieu s’est faite de nous. Ce travail, c’est chacun qui l’accomplit personnellement. Les autres pourront peut-être être de bon conseil, pourront nous indiquer le vrai chemin à prendre, mais nous devons sentir, nous-mêmes, chacun personnellement, le besoin de faire ressortir en notre âme la magnifique image que Dieu y a cachée. Nous devons faire nous-mêmes cette éducation de notre âme, sachant parfaitement que le succès nous coûtera bien des efforts, des moments de renoncement et de maîtrise de nous-mêmes.
Mais nous avons parlé d’un travail d’éducation de nous-mêmes, quel est-il ? Simplement celui de former notre âme à l’image que Dieu s’est faite de nous. Ce travail, c’est chacun qui l’accomplit personnellement. Les autres pourront peut-être être de bon conseil, pourront nous indiquer le vrai chemin à prendre, mais nous devons sentir, nous-mêmes, chacun personnellement, le besoin de faire ressortir en notre âme la magnifique image que Dieu y a cachée. Nous devons faire nous-mêmes cette éducation de notre âme, sachant parfaitement que le succès nous coûtera bien des efforts, des moments de renoncement et de maîtrise de nous-mêmes.
Mais il faut de toute évidence que nous amenions
notre volonté à se confondre avec la volonté de Dieu.
L’école la plus sublime du caractère, c’est de pouvoir dire
du fond du cœur:
«Seigneur, que Votre volonté soit faite et non la mienne». La
meilleure forme de l’éducation de nous-mêmes, est donc
de nous demander aussi souvent que possible après nos
actions, nos paroles et même nos pensées : «Seigneur, est-ce bien votre volonté que j’ai dite ou faite, là ?»
Le caractère ne se développe pas dans le chaos
de la vie. Au contraire, celui qui se plonge dans le trouble
du monde sans un caractère ferme, perd facilement le
peu qu’il en avait.
Sans aucun doute, l’aide du Saint-Esprit nous sera
capitale pour être de ces hommes ou de ces femmes aux
principes nobles, à l’idéal bien haut et qui sachent y rester
fidèles. Oui, rester fidèle à ce qu’un jour vous avez reconnu être la Vérité même si personne d’autre la professe, même si tout le monde autour de vous manifeste
insouciance et veulerie. Et certes, fidèle malgré mille
exemples contraires, restez fidèle en toute circonstance,
chose difficile et pénible, certes, mais possible.
C’est donc cette droiture, cette fidélité aux principes, c’est ce front haut que nous appelons caractère.
A nous donc, de ne pas rester au niveau de la
foule, mais d’atteindre ce but dans la vie, ce but auquel
Dieu nous destine : la vision de Dieu au ciel. A nous, d’y
mettre toutes nos forces pour le réaliser, cet idéal. Notre
âme est capable, avec la grâce de Dieu, d’accomplir des
prodiges quand elle met toute sa force et toute sa volonté
au service de cet idéal.
Puisse la Bienheureuse Vierge Marie intercéder
pour nous sur le chemin de cet idéal.
« Un homme de caractère, quand il ne s’est pas attaché à l’ordre, ressemble, dans une nation agitée, à ces cargaisons mal arrimées qui crèvent, dans la tempête, le flanc d’un navire. » (Abel Bonnard in « Les modérés »)