SOURCE - FSSPX Actualités - 17 avril 2019
Lors d’un entretien accordé à l’hebdomadaire Valeurs actuelles le 27 mars 2019, le cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, a évoqué sans « langue de buis » les défis auxquels une Eglise en crise doit faire face dans le monde contemporain.
Lors d’un entretien accordé à l’hebdomadaire Valeurs actuelles le 27 mars 2019, le cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, a évoqué sans « langue de buis » les défis auxquels une Eglise en crise doit faire face dans le monde contemporain.
Le haut prélat guinéen dresse un constat sévère : « la situation que nous vivons au sein de l’Eglise ressemble en tout point à celle du Vendredi saint, quand les apôtres ont abandonné le Christ, que Judas l’a trahi, car le traître voulait un Christ à sa manière, un Christ préoccupé par des questions politiques », explique-t-il.
Un des maux actuels consiste, selon le cardinal Sarah, en une tiédeur ecclésiastique qui a pour effet d’affadir les vérités de la foi : « aujourd’hui, je ne crains pas d’affirmer que des prêtres, des évêques et même des cardinaux ont peur de proclamer ce que Dieu enseigne et de transmettre la doctrine de l’Eglise. Ils ont peur d’être désapprouvés (…) Alors ils disent des choses floues, vagues, imprécises, pour échapper à toute critique », dénonce-t-il avant d’ajouter : « c’est une trahison… »
Et il ajoute cette précision qui semble remonter jusqu’au plus haut degré de la hiérarchie : « On ne peut pas sacrifier la doctrine à une pastorale qui serait réduite à la portion congrue de la miséricorde. (…) Il y a une tendance perverse qui consiste à fausser la pastorale, à l’opposer à la doctrine et à présenter un Dieu miséricordieux qui n’exige rien ».
L'héritage de Vatican II
Contre cette mollesse et cet affadissement qui « font partie de la culture actuelle », le responsable de la liturgie à Rome demande aux chrétiens et aux pasteurs d’exercer « les muscles de la foi », déplorant au passage que « la crise de la liturgie (ait) provoqué la crise de l’Eglise », et lâchant comme un aveu : « nous avons été coupables de négligence ».
Le préfet de la Congrégation pour le culte divin tient ici à préciser : « la désacralisation de la liturgie a toujours des conséquences graves. Nous avons voulu humaniser la messe, la rendre compréhensible, mais elle reste un mystère qui est au-delà de la compréhension ». Des paroles lourdes de sens au moment où la messe de Paul VI s’apprête à célébrer tristement ses cinquante ans.
Le cardinal africain soulève aussi les problèmes de gouvernement causés par les Conférences épiscopales - apparues, rappelons-le, dans le sillage de Vatican II ; il encourage la défense du célibat sacerdotal et de l’enseignement moral de l’Eglise, stigmatisant au passage la « barbarie islamiste et la barbarie matérialiste », qui sont « deux démons qui ont peut-être des méthodologies différentes, mais ils agissent dans la même direction ».
La réflexion du cardinal Sarah se fait à la fin plus politique, évoquant la délicate question de l’immigration : « c’est une fausse exégèse que d’utiliser la Parole de Dieu pour valoriser la migration », prévient-il.
Et ce haut prélat africain de conclure sur un avertissement solennel à l’Europe : « il y a un grand risque que, faute de natalité, elle (l’Europe) ne disparaisse, envahie par les étrangers, comme Rome a été envahie par les barbares. Je parle en africain. Mon pays est majoritairement musulman. Je crois savoir de quelle réalité je parle. »
Il est bien dommage que cette analyse courageuse ne puisse aller vraiment au fond des choses en ce qui concerne les causes. Prétendre que Dieu nous a donné des papes solides en Paul VI, Jean-Paul II, Benoît XVI et François, c’est faire preuve de cécité, et empêcher l’intelligence d’aller aux solutions vraies et entières. On reste ainsi sur sa faim, tout comme à la lecture du dernier texte de Benoît XVI.