SOURCE - Pro liturgia - 28 août 2009
Le pape Benoît XVI souhaite faire retrouver aux fidèles le sens de l'orientation de la liturgie? Nous ne pouvons que nous en réjouir. Voici, en effet, ce que nous écrivions en 2001 dans "Histoire et avenir de la liturgie romaine" (éd. Téqui):
NOTES.
(1) Documents épiscopat; Bulletin du secrétariat de la conférence des évêques de France, n°5 (mars 1995): conférence donnée par Mgr. Garriga Pere Tena dans le cadre du colloque du Comité d'Art Sacré de Reims.
(2) Rappelons que la Constitution sur la Liturgie de Vatican II n'oblige pas à célébrer "face au peuple": cette question n'est pas même abordée par le Concile, comme l'a rappelé le Cardinal Ratzinger dans une conférence donnée à l'occasion du 10ème anniversaire du Motu Proprio Ecclesia Dei adflicta (cf. Documentation Catholique n°2197, 7 février 1999); de même, ni le Missel Romain ni la récente adaptation française du Cérémonial des Evêques (Desclée-Mame, Paris, 1998) ne font obligation aux prêtres de se tourner vers l'assistance pour célébrer l'Eucharistie. Dans tout aménagement d'une église, il faut se souvenir que c'est la pastorale qui est soumise à la vérité de la célébration liturgique, et non l'inverse.
Le pape Benoît XVI souhaite faire retrouver aux fidèles le sens de l'orientation de la liturgie? Nous ne pouvons que nous en réjouir. Voici, en effet, ce que nous écrivions en 2001 dans "Histoire et avenir de la liturgie romaine" (éd. Téqui):
"L'autel et le sanctuaire ont suivi une évolution qui fait qu'aujourd'hui, dans la majorité de nos églises, on trouve deux autels: celui sur lequel le prêtre célébrait la messe jusqu'au moment de Vatican II, et celui - plus récent - sur lequel on célèbre aujourd'hui l'Eucharistie. Un document officiel - malheureusement méconnu - donne des indications précises et très instructives sur le sens de l'autel et la place qu'il doit occuper:Comment faire concrètement pour régler de façon intelligente et définitive cette question de l'autel unique? Le 30 juin 1965, le Cardinal Lercaro, Président du Consilium pour la Liturgie expliquait:
"L'Eucharistie est à la fois signe et cause de communion (...) La communion ecclésiale est, finalement, communion eucharistique, et toute la cause de l'oecuménisme se concentre dans la possibilité d'obtenir cette communion: participer à une même Eucharistie, s'approcher d'un autel unique (...). C'était déjà l'exhortation de S. Ignace d'Antioche. Je souligne l'affirmation de S. Ignace sur l'unique autel, c'est un point important du point de vue symbolique et pédagogique; mais c'est un des points difficiles pour l'aménagement actuel de nos cathédrales [l'Auteur de l'article s'adresse ici aux évêques de France, n.d.l.r.] et, en général, de nos églises, quand on veut célébrer face au peuple. Il faut chercher des solutions; il y en a, bien sûr, mais ces solutions ne peuvent pas céder facilement à la tentation de mettre une table presque insignifiante pour célébrer face au peuple, en laissant à l'arrière l'autel ancien avec la croix, les candélabres, les fleurs, comme si l'on voulait célébrer la messe aux deux autels". (1)
"... Il y a un engouement général pour la célébration face au peuple (...) Mais cet engouement, bon en soi, a également donné lieu à des solutions de mauvais goût, parfois illogiques ou forcées. (...) En tout état de cause, nous devons souligner que la célébration de toute la messe face au peuple n'est pas absolument indispensable pour une action pastorale efficace. Toute la liturgie de la Parole, avec laquelle se réalise de la façon la plus large la participation des fidèles par le dialogue et le chant, se fait déjà en se tournant vers l'assemblée (...) Il est certainement souhaitable que la liturgie eucharistique soit elle aussi célébrée face au peuple afin que les fidèles suivent tout le rite d'une façon plus directe, et donc y participent d'une façon plus consciente. Mais cela ne doit pas conduire à une rénovation (...) parfois inconsidérée des églises et des autels préexistants, en nuisant d'une façon irréparable à d'autres valeurs qui doivent, elles aussi, être sauvegardées". (2)C'est exactement, semble-t-il, ce que souhaite le Saint-Père: il s'agit d'une modification de nos pratiques qui ne nécessite ni refonte du missel romain actuel, ni remise en cause de Vatican II...
Ne serait-il pas temps de revenir progressivement à l'autel unique dans nos églises afin de redonner à la liturgie restaurée à la suite du Concile sa pleine dimension et son vrai sens? Apprendre à utiliser davantage les autels anciens au lieu de les laisser à l'abandon pour célébrer coûte que coûte face au peuple, pourrait permettre aux fidèles de retrouver le goût pour l'adoration eucharistique. Un retour à l'autel unique trouverait sa pleine signification si toute la partie proprement eucharistique de la liturgie (de l'offertoire à la fin de la communion) s'y déroulait, tandis que la célébration de la Parole et la proclamation des oraisons par le célébrant se feraient respectivement à l'ambon et au siège de présidence situés en avant du choeur. On ne redonnera à la liturgie toute sa portée que si, au lieu de ne se préoccuper que de la position de l'autel, on prend aussi en compte l'ensemble de l'espace qui abrite la célébration et qui permet de donner aux rites leur dimension tant esthétique et visuelle que symbolique."
NOTES.
(1) Documents épiscopat; Bulletin du secrétariat de la conférence des évêques de France, n°5 (mars 1995): conférence donnée par Mgr. Garriga Pere Tena dans le cadre du colloque du Comité d'Art Sacré de Reims.
(2) Rappelons que la Constitution sur la Liturgie de Vatican II n'oblige pas à célébrer "face au peuple": cette question n'est pas même abordée par le Concile, comme l'a rappelé le Cardinal Ratzinger dans une conférence donnée à l'occasion du 10ème anniversaire du Motu Proprio Ecclesia Dei adflicta (cf. Documentation Catholique n°2197, 7 février 1999); de même, ni le Missel Romain ni la récente adaptation française du Cérémonial des Evêques (Desclée-Mame, Paris, 1998) ne font obligation aux prêtres de se tourner vers l'assistance pour célébrer l'Eucharistie. Dans tout aménagement d'une église, il faut se souvenir que c'est la pastorale qui est soumise à la vérité de la célébration liturgique, et non l'inverse.