Le péché originel du lefebvrisme |
par Carenac - 11/03/2006 - http://tourdedavid.hautetfort.com/ |
Lassé d’entendre parler de « l’esprit de Monseigneur », pour justifier toutes les positions les plus contradictoires, il m’a semblé utile de tenter une petite synthèse sur ce sujet qui me parait être un point clé de la crise ou se trouve le « traditionalisme » au sens large : l’ambiguïté des positions de Monseigneur Lefebvre Lui-même… A cette seule affirmation, je sais bien que l’adrénaline va monter et que des vagues de haine vont submerger bien des lecteurs : qu’importe, laisser moi exposer mon propos ! Tout d’abord, et en toute simplicité, il convient de remarquer que tous ceux qui crachent (ou crachaient, comme Dom Augustin..) dessus lui doivent – la plupart du temps et son enseignement, et les Saints Ordres, quand ce n’est pas – en plus – d’importantes subsides sonnantes et trébuchantes : ce n’est donc pas sur ce terrain que j’entends situer mon propos. Pas plus, non plus, pour remarquer que – s’il n’y avait pas eu quelques « têtes » à résister - dont MGR L. Lui même est l’une des plus remarquables... et remarquées – il n’y aurait pas eu de résistance. Et donc plus de Messe Tridentine… et plus de Clergé latin certainement prêtre ! Secondement, il est aisé, 40 ans après la bataille, de voir plus clair : on a effectivement tout le recul sur les faits, toutes les études doctrinales développées par les uns et par les autres ; L’on s’est rendu compte qu’il n’y avait pas au monde que le microcosme français ou romain, mais que le monde Catholique recelait « toto orbe terrarum » des résistants et des résistances remarquables, quoique souvent méconnu(e)s, et dont les positions s’accordaient … sans même qu’ils se connussent ! Par conséquent, il me parait utile de ne tirer aucune gloire d’avoir vu clair avant les autres : simplement, cette clairvoyance doit se mettre au service des autres, quelqu’en soient le coût (les coups !!!) et les opprobres… (Et elles ne manquent pas !) Oui, MGR a signé tous les textes du concile Vat. II, même les plus contraires à la Doctrine Catholique antérieure infailliblement définie ; Oui, certains membres de la Fraternité Saint Pie X ont menti, ou ont erré (et fait errer !) en osant soutenir, y compris par écrit, que MGR n’avait jamais signé ces textes… MAIS, OUI, MGR a – ensuite – courageusement dénoncé ces erreurs, par des prêches vigoureux (J’étais à la Messe de Lille, l’été 1976, et j’en suis témoin !!!) et par des écrits circonstanciés (« j’accuse le concile… ») ! OUI, MGR a dit la « nouvelle messe »… Mais, OUI, MGR a publiquement réitéré ses plus vigoureuses critiques contre ce « n.o.m. », parlant de « la messe de Luther », etc... Et préfaçant avec éloges, un ouvrage effectué par le TRP Guérard des Lauriers qui démontre la non validité intrinsèque de ce « n.o.m. »… Oui, MGR a reconnu Paul VI et lui a donné du « Très Saint Père », Mais, OUI, MGR a parlé de ces pontifes conciliaires comme des « antichrists », se demandant comment un « pape » pouvait « détruire autant de choses dans l’Eglise en aussi peu de temps »… OUI, MGR a chassé le TRP Guerard des lauriers, et plusieurs séminaristes (dont MM les Abbés Seuillot, Guépin, Belmont, Lucien, Schaeffer, de Blignières) « coupables » de « sédévacantisme », MAIS, OUI, MGR a bien préfacé l’ouvrage du TRP Guerard des Lauriers sur le n.o.m. », ouvrage, qui – dès sa première partie - tient pour démontrée la « Non-consistance » formelle de l’Autorité… Et MGR ne faisait pas mystère de se demander comment de tels « pontifes » pouvaient être de vrais papes devant l’ampleur des destructions et la multiplicité des actes objectivement idolâtriques posés par eux… Alors, pourquoi, me direz vous, de telles incohérences chez MGR ; Tout d’abord, rentrons en, nous-mêmes, et profitons de ce temps de carême, pour méditer – POUR NOUS – ce mot de l’Ecriture : « Omnis homo mendax » : « Tout homme est menteur ! » et aussi : « le juste pêche 7 fois le jour » Il est donc parfaitement inutile de battre la coulpe du voisin : MGR est mort et a été jugé par l’Agneau : nous n’avons aucun commentaire à faire : juste de ferventes prières, pour que son combat public et ses vertus privées lui aient été largement comptées dans la miséricordieuse balance du Bon Dieu ! Juste, pour notre propre gouverne, il nous faut examiner le contexte afin d’essayer de comprendre… pour nous instruire ! 1/ Une Famille et une éducation profondément « romaine » ont habitué MGR a une attitude de confiance et d’obéissance filiale à l’Autorité : c’est – en soi – une belle qualité qu’on ne saurait lui reprocher… Mais c’est plus à propos, lorsque l’on a affaire à un Saint Pie X... qu’à un Jean Baptiste MONTINI ! 2/ Un maître profondément libéral : MGR eut pour maître, L’Abbé Le Floch, partisan d’un minimalisme peccamineux, concernant l’Autorité du Pape, et conséquemment la possibilité de concevoir un « pape » auquel… on n’obéit que pour les définitions ex cathédra ! 3/ L’absence de recul : avec une telle éducation familiale, comment MGR – au moment du concile - pouvait il – psychologiquement déjà – avoir le recul lui permettant de se rendre compte de l’entrisme qui se passait au concile ? 4/ La pression du « pape » : plusieurs auteurs l’ont rapporté, et MGR lui même : l’on pressait les évêques réticents de signer les textes qui – pourtant – ne leur paraissaient pas catholiques, en leur serinant : « le pape veut que vous signiiez ! » MGR rapporte que plusieurs signèrent la mort dans l’âme, et certains en moururent de chagrin… 5/ La pression de l’entourage : pour l’avoir vu moi-même à de très nombreuses reprises, MGR était constamment entouré d’une nuée de personnages : adulateurs intéressés, mondains en quête de notoriété, libéraux et ennemis infiltrés : MGR en renverra plusieurs – ET DE CELEBRES … - dès qu’il eut les preuves de leurs mauvaises mœurs et/ou de leurs manigances… Mais, MGR était profondément BON, et pouvait être touché par les arguments des uns et des autres… Conclusion : La fraternité Saint Pie X, et plus généralement, le petit monde « tradi » a hérité de cette contradiction interne à son « Père fondateur » et quoiqu’Il soit devenu beaucoup plus ferme à la fin de sa vie, chacun peut tirer de ses discours les citations permettant de valider sa position : pour les uns, « Saint Père, laissez nous faire l’expérience de la Tradition » Pour les autres : « ces gens là sont des antichrists » ! Certains ont donc logiquement intégré les rangs de l’Eglise Conciliaire, en direct, comme les Abbés Laffargue, Bréguet, Le Pivain etc... Ou par le biais d’instituts : FSSP, ISCRP, ST Jean Marie Vianney, Campos, etc... Ou bien, en « électrons libres »... D’autres ont logiquement constaté qu’il ne pouvait y avoir identité entre l’Eglise Catholique et l’Eglise Conciliaire (pas les memes doctrine, sacrements, messes, « saints », etc…) Et composent les rangs appelés (bien à tord !) « sedevacantistes », avec toutes les nuances possibles. Note importante : Il convient de noter, cependant, que si l’œuvre de MGR a été au commencement de vouloir sauver le Sacerdoce et la Messe, en formant dans un vrai séminaire, conformément à la vraie Doctrine Catholique, de vrais prêtres validement ordonnés, MGR en est venu à constater qu’en fait, c’est la Foi Catholique qui était en jeu et la pérennité de l’Eglise elle-même ! De sorte qu’il est vain – aujourd’hui - de prétendre mener le « combat de la Messe », sans intégrer la dimension holistique de la FOI et de l’Eglise, dont Jésus est la Tête, et qui ne peut avoir pour corps les partisans variés d’un ramassis de fantaisies et d’hérésies les plus diverses, mais bien une phalange de membres ayant une unité de Doctrine, de Foi, et de Sacrements ! Etat actuel de la question : Le Péril imminent est d’évidence l’intégration de la FSSPX à l’église conciliaire : c’est l’enjeu des pourparlers en cours, c’est l’ultime étape avant l’Eclipse complète de la Foi Catholique, du Sacerdoce et de l’Oblation Munda ; Je n’ai pas, et je ne crois pas que personne prétendre sauver la Foi et l’Eglise, mais j’en connais UN… qui ne laisserai pas Son Epouse disparaître et/ou être usurpée par la Grande Prostituée ! « Domine, salva nos, perimus ! » |