Marginalisation de la foi |
Novembre/décembre 2006 - Le Mascaret - Bertrand Le Noac'h |
Emile Poulat s’interroge : « l’Institut du Bon Pasteur est-il "intégriste", "traditionaliste" ? ». Le désarroi de l’intellectuel est touchant, mais à vouloir penser le fait religieux à travers le prisme sociologique il se prive de toute explication philosophique ou théologique. En reprenant à son compte la définition du Père Congar : un intégriste est un catholique de droite, il enferme les catholiques dans des catégories incapables par elles-mêmes de rendre compte des divisions qui les traversent. « Quel est le point commun entre tous ? Finalement, une vision commune du monde. Tous se sentent menacés par l’évolution sociale, trouvent dans les fraternités traditionalistes une protection contre la modernité et ses errements libéraux et "cosmopolites". ». A ce titre le militant CGT qui occupe son usine délocalisée par un fond de pension est un traditionaliste en puissance. José Bové, Monseigneur Lefebvre même combat ! Cette approche n’est jamais qu’un moyen d’esquiver les questions théologiques et de dresser un cordon sanitaire, avec l’aide puissante du politiquement correct, contre ceux qui tentent de reconstruire. La division porte plus sur l’interprétation de la modernité que sur des concepts purement politiques ou sociologiques. D’une part ceux qui réduisent la foi au fidéisme, avec l’idée que seule la foi compte et affranchissent la foi de la raison, d’autre part ceux qui, au contraire, ont réduit la raison aux critères étroits de la science moderne, qui sont logico-empiriques, et conduisent à une exclusion méthodique de Dieu. Bertrand Le Noac’hCes deux erreurs empoisonnent le catholicisme, depuis ce que l’on a appelé la crise de la conscience européenne. Au delà de la guerre de « 70 » sur la question liturgique, l’enjeu de fond est bien philosophique : restaurer ce lien connaturel entre la foi et la raison. « Le courage de s'ouvrir à l'ampleur de la raison et non de nier sa grandeur – tel est le programme qu'une théologie se sachant engagée envers la foi biblique doit assumer dans le débat présent. » (Benoît XVI) |