SOURCE - Jean-Michel Petaux - Sud Ouest - 23 décembre 2006
Le bras de fer entre traditionalistes de Saint-Eloi et diocèse de Bordeaux continue
Pas de cadeau pour Noël - Jean-Michel Petaux
Troisième dimanche de l'Avent. Dans la sacristie de l'église Saint-Eloi, Philippe Laguérie se prépare pour célébrer la messe. Ici, pas de « mon père », mais un « Monsieur l'Abbé » avec deux majuscules, chères aux traditionalistes. « Nous célébrons selon le rite grégorien », rappelle-t-il. A genoux sur leur prieuré, les fidèles suivent donc la messe en latin, selon le missel en vigueur en 1962, avant la réforme liturgique de 1969 issue du concile Vatican II.
« Cette réforme a été un travail bâclé », juge l'abbé Laguérie. « Dès que l'on critique la nouvelle messe, on se heurte à tous les vieux prêtres idéologues de 1968. Ils ont conçu ce nouveau rite dans l'esprit de l'époque, il fallait que cela soit "cool" et "bat'" » estime de son côté Christophe Héry, l'autre abbé de Saint-Eloi.
Sur les murs de la sacristie, deux photos résument à elles seules l'ambiguïté du lieu et les changements survenus ici ces derniers mois. D'un côté, le fondateur de la fraternité sacerdotale Saint Pie X (FFSPX), Mgr Marcel Lefebvre, excommunié en 1988 après avoir ordonné quatre évêques sans l'accord du pape Jean-Paul II. De l'autre, face à l'abbé Laguérie, le portrait officielle de Benoît XVI. Manque encore l'effigie de Mgr Ricard, l'archevêque de Bordeaux...
« Cette réforme a été un travail bâclé », juge l'abbé Laguérie. « Dès que l'on critique la nouvelle messe, on se heurte à tous les vieux prêtres idéologues de 1968. Ils ont conçu ce nouveau rite dans l'esprit de l'époque, il fallait que cela soit "cool" et "bat'" » estime de son côté Christophe Héry, l'autre abbé de Saint-Eloi.
Sur les murs de la sacristie, deux photos résument à elles seules l'ambiguïté du lieu et les changements survenus ici ces derniers mois. D'un côté, le fondateur de la fraternité sacerdotale Saint Pie X (FFSPX), Mgr Marcel Lefebvre, excommunié en 1988 après avoir ordonné quatre évêques sans l'accord du pape Jean-Paul II. De l'autre, face à l'abbé Laguérie, le portrait officielle de Benoît XVI. Manque encore l'effigie de Mgr Ricard, l'archevêque de Bordeaux...
Le 8 septembre dernier, en créant l'Institut du Bon Pasteur, le pape permettait à plusieurs anciens lefebvristes de revenir dans le giron de l'Eglise catholique. Depuis, l'ancien curé de Saint-Nicolas-du-Chardonnet jubile. « Nous sommes en pleine communion avec Rome », se réjouit Philippe Laguérie. Mais les affinités liturgiques de ce prêtre ayant prononcé, entre autres, l'oraison funèbre de Paul Touvier, avec le pape ne sont pas du goût de toute la hiérarchie ecclésiale.
Négociation en cours.
« Le droit canonique prévoit que toute implantation dans un diocèse est suspendue à l'accord de l'évêque du lieu », rappelle le père Jean Rouet, vicaire général du diocèse de Bordeaux. « Nous sommes donc depuis deux mois en train d'élaborer une convention pour définir le cadre et la manière selon laquelle l'église Saint-Eloi serait confiée à l'Institut du Bon Pasteur. » Un adoubement local d'autant plus symbolique que l'archevêque de Bordeaux, Jean-Pierre Ricard, est aussi le président de la conférence épiscopale de France. « Ce serait la première fois qu'une convention ouvrirait à un institut tel que le notre la célébration exclusive selon la liturgie grégorienne », explique l'abbé Héry.
« Nous pensions avoir finalisé l'accord le 25 novembre dernier, ajoute-t-il. Mais une modification a été ajoutée par l'archevêché. Elle ne nous convient pas. » La pomme de discorde porterait sur le choix des rites en vigueur à Saint-Eloi. « L'archevêché souhaiterait que des messes classiques, en français, y soit également célébrées », confie un interlocuteur proche du diocèse. Or les traditionalistes acceptent uniquement de pratiquer la liturgie grégorienne. »
Prévue pour être signée hier, la convention devra donc encore être renégociée en janvier. Faute d'accord, l'abbé Laguérie attend ces dernières semaines un autre cadeau de Noël. A Rome, l'annonce d'une sortie imminente d'un motu proprio, décision à l'initiative personnelle du pape, pourrait augurer de la libéralisation de la messe en latin.
« Nous pensions avoir finalisé l'accord le 25 novembre dernier, ajoute-t-il. Mais une modification a été ajoutée par l'archevêché. Elle ne nous convient pas. » La pomme de discorde porterait sur le choix des rites en vigueur à Saint-Eloi. « L'archevêché souhaiterait que des messes classiques, en français, y soit également célébrées », confie un interlocuteur proche du diocèse. Or les traditionalistes acceptent uniquement de pratiquer la liturgie grégorienne. »
Prévue pour être signée hier, la convention devra donc encore être renégociée en janvier. Faute d'accord, l'abbé Laguérie attend ces dernières semaines un autre cadeau de Noël. A Rome, l'annonce d'une sortie imminente d'un motu proprio, décision à l'initiative personnelle du pape, pourrait augurer de la libéralisation de la messe en latin.