Ratzinger et la prière pour les Juifs - Commentaire de M. l’abbé Francesco Ricossa, supérieur de l’Institut Mater Boni Consilii |
6 février 2008 - Communiqué de l'Institut Mater Boni Consilii |
Commentaire de M. l’abbé Francesco Ricossa, supérieur de l’Institut Mater Boni Consilii Comme il est de notoriété, la correction du texte liturgique traditionnel a été demandée par la communauté juive après la "promulgation" du Motu Proprio Summorum Pontificum. Se répète donc ce qui se produisit avec Vatican II et la réforme liturgique qui s’en est suivie, c’est-à-dire que ce qui devrait être enseignement et prière de l’Église est au contraire dicté, ou pour le moins influencé, par ce qui est étranger et même opposé à l’Église. La requête de la communauté juive va au-devant des projets personnels de Joseph Ratzinger, lequel a, depuis longtemps et à plusieurs reprises, préconisé une "réforme de la réforme" liturgique au moyen d’un amalgame et d’une contamination du rite Romain et de celui réformé après Vatican II sous un angle œcuménique. Le même Motu proprio prévoit et souhaite cette contamination ; la célébration versus Deum mais avec le rite montinien à la Chapelle Sixtine en a été une expérience ; la nouvelle réforme de l’oraison pro Judæis de la Semaine Sainte en est le dernier exemple. Comme nous avons déjà eu l’occasion de le dire, le Rite Romain traditionnel, que l’on n’a pas réussi à supprimer avec 40 années d’interdit et de persécutions, risque maintenant (si tant est que cela soit possible) de disparaître par fusion et contamination avec le rite réformé. On objectera que dans la nouvelle oraison pour les Juifs on demande leur conversion, alors que dans l’oraison réformée par Paul VI on demande leur fidélité à l'Alliance (!), c’est-à-dire, en fait, de persévérer dans l’erreur. À cette objection, on peut facilement répondre : d’abord, que ce n’est pas l’oraison réformée qui a été modifiée, bien qu’étant scandaleuse et inacceptable pour la foi chrétienne ; elle continue de faire partie du "rite ordinaire" qui, de fait, est encore célébré partout dans nos églises ; et ensuite, qu’au contraire, c’est l’oraison traditionnelle qui a été modifiée et à nouveau prohibée, comme si elle était imprononçable. La nouvelle oraison prévue pour qui utilisera le missel "de 1962" doit être jugée non seulement pour ce qu’elle dit, mais pour ce qu’elle se refuse à dire : c’est-à-dire qu’on refuse d’admettre avec saint Paul que le peuple jadis élu - en refusant Jésus-Christ - est comme aveuglé et dans les ténèbres. Saint Paul le savait bien, lui qui - de pharisien meurtrier des chrétiens qu’il était - converti par le Seigneur sur le chemin de Damas, fut frappé d’une mystérieuse cécité jusqu’à ce que, par le baptême, il fût libéré des ténèbres du judaïsme et vit la vraie Lumière qui resplendit dans les ténèbres, Jésus-Christ le Verbe de Dieu. La nouvelle oraison ratzingérienne demande pour les Juifs la lumière du Christ, mais nie qu’ils se trouvent dans les ténèbres du refus du Christ, ayant honte de la parole révélée (II Cor. 3, 15-16), comme si les Juifs devaient seulement avancer dans la voie de Dieu et non sortir de l’erreur. Une telle décision ne peut être attribuée seulement à la "Secrétairerie d’État", comme d’aucuns essaieront de dire, eux aussi aveugles volontaires, mais à Benoît XVI lui-même aux ordres de qui est la Secrétairerie d’État ; elle ne peut au contraire être attribuée à l’Église Catholique, épouse immaculée du Christ, et au Christ lui-même. Souhaitons que les catholiques soient cohérents, et sachent refuser un plat (le "Motu Proprio", les différents indults, la messe elle-même si elle est célébrée "una cum") qui, encore une fois, démontre n’être rien d’autre qu’un cadeau empoisonné. Abbé Francesco Ricossa Verrua Savoia, Mercredi des Cendres, 6 février 2008. |