SOURCE - Capitaine Flam - Le Forum Catholique - 10 février 2012
J’ai entendu hier l’abbé Barthe sur Radio courtoisie qui a été extrêmement court sur LA question du moment : accords ou pas. Il a dit en substance et de mémoire : « en théorie, il y a un accord, en pratique non. » Puis il a rappelé qu’ « un préambule a été transmis à Mgr Fellay… ». Puis… c’est tout. Daniel Hamiche le relance… non, y a rien d'autre à dire. Bon… Dont acte. J’ai essayé de comprendre ces propos à la lumière du désormais célèbre discours de Winona. On peut lire ce discours sous deux angles différents : soit le lire avec les yeux de Côme de Prévigny qui retient la phrase « Nous sommes prêts » (vision positive) ; soit à la lumière de La Vie qui pense affirmer que les négociations semble-t-il n’aboutiront pas. Néanmoins, La Vie titre La fin des négociations avec un point d’interrogation….
Personnellement (si mon avis personnel dont tout le monde se fout peut compter), voici ma tentative d’analyse : Mgr Fellay nous explique surtout qu’il a dit « non » car il existe un différent sur le vrai sens du mot tradition et sur l’idée de cohérence. Je suppose qu’il a dit non au préambule, mais la vraie question est a t’il apporté une réponse ? A t’il proposé une autre rédaction, un autre texte en vu d’un accord ? L’abbé Barthe sous entend que non, vu qu’il a repris simplement l’idée qu’un préambule a été transmis à Mgr Fellay. Mais Mgr Fellay lui même sous-entend qu'il n'a pas répondu car il affirme :
«Nous leur avons parlé très clairement : « si vous nous acceptez c’est sans changement. Sans obligation d’accepter ces choses ; alors nous sommes prêts. Mais si vous voulez nous les faire accepter, alors c’est non.»
Vous lisez bien : « Nous leur avons parlé très clairement. » et surtout : « si vous nous acceptez, c’est sans changement. » Donc, il n’y a rien à signer, il n’y a pas de texte à négocier… ou plutôt, Mgr Fellay ne souhaiterait pas un accord sur un texte (Et pourtant, j'utilise encore le conditionnel alors que franchement, l'idée est très claire...).
Certains appellent cela un coup de poker : après avoir obtenu la libéralisation de la messe, la levée des excommunications, les discussions doctrinales, Mgr Fellay placerait la barre plus haute encore : intégration sans condition, ni signature d’un quelconque document. Dans un coup de poker, on cache son jeu et on bluffe. Mgr Fellay, lui, a abattu le sien au risque d’interrompre le processus. On le sait, les choses sont maintenant aux mains de Benoît XVI. Peut être que Mgr Fellay voulait en arriver là, tant il sait que Benoît XVI est personnellement attaché au règlement de la question. Mgr Fellay a pris ce risque publiquement. Pour lui et pour Benoît XVI. De mon côté, j’aurai préféré me réveiller un jour en entendant à la radio : « Les traditionalistes de Mgr Lefebvre ont été pleinement réintégrés dans l’Eglise. » Non. Mgr Fellay a dit les choses publiquement, ce qui, d’un point de vue politique et diplomatique est absolument surprenant. L’avenir dira s’il a eu raison et si le geste n’a pas été maladroit.
Enfin, pour être complet, ce qui m’étonne aussi est que Mgr Fellay n’évoque pas la critique du Concile dans son sermon. Pourtant, il s’agissait d’un point important puisque TOUT LE MONDE l’évoque en ce moment. Mgr Fellay a t’il obtenu le droit de participer à la critique et à l’éclaircissement du Concile ? Nous ne le savons toujours pas. S’il ne l’a pas obtenu, j’imagine qu’il se serait empressé de le mentionner ! Or il n’en parle pas. Je pense, pour ma part, qu’il a obtenu ce droit.
Une seule chose reste sûre : beaucoup a été fait sur le plan statutaire.
Et je peux affirmer que ce qui nous est présenté aujourd’hui – et qui est différent de ce qui nous a été présenté le 14 septembre 2011 – peut être considéré comme bon. Ils remplissent toutes nos conditions, si je puis dire, au niveau pratique. Il n’y a pas beaucoup de problèmes sur ce plan.
On imagine que le statut qui a été concocté à Rome repose sur une totale indépendance de l’ordinaire du lieu, donc des évêques… En somme un statut plus intéressant encore que celui de l’Opus Dei. Une solution sur mesure, une maison dorée dans la maison du Père… Mgr Fellay va t’il franchir la porte de cette maison dorée et, surtout les quelques marches qui le sépare du tombeau de Pierre?
Cap', NY City.