SOURCE - Abbé Paul Aulagnier - Séminaire Saint-Vincent - 5 novembre 2013
(conférence spirituelle N°6 : 4 novembre 2013)
Tandis que l’Eglise chante à travers les siècles, toujours, avec allégresse, l’heureuse faute qui nous a valu un tel Rédempteur et nous dit qu’il y a un seul vainqueur de la mort et du péché, un seul libérateur de toute servitude, un seul en le nom duquel nous puissions être sauvés, et ce nom est Jésus-Christ, que voyons nous autour de nous ?
Vivons-nous, dans nos pays, de
la joie de Pâques éclairée par la Lumière du Christ Ressuscité ? L’étoile
des Mages est-elle la lumière des Nations, nos pays chantent-ils le Gloria
in excelsis Deo comme les anges dans la nuit de Noël ou sommes-nous
dans la « nuit de misère » pour s’exprimer comme Jacques Maritain dans son
livre « antimoderne » ?
Cette question est capitale.
Comment répondre à pareille question,
Or il m’importe au plus haut point de répondre à cette question puisque je veux absolument justifier ma résolution ferme en tant que Recteur de cette maison (le séminaire Saint Vincent de Paul de l’Institut du Bon Pasteur) , je m’y suis engagé auprès de notre Supérieur Général, de former pour l’IBP et pour l’Eglise un clergé essentiellement « antimoderne ». C’est ce que j’ai appris auprès de Mgr Lefebvre…
Ce jugement négatif serait-il de nature à nourrir une espérance et une intelligence? Etudier ce « temps présent » serait-ce étude vaine et cela nous éloignerait-il de notre recherche du Christ pour en vivre: « Mihi vivere Christus est » ? L’objet du séminaire.
Alors pourquoi donc cette recherche sur la notion « antimoderne »
Voyons les choses de près. Ce sera l’objet des conférences spirituelles qui suivent.
Quel est donc ce « temps présent » ?
Comment répondre à pareille question.
En considérant les grandes lignes de l’histoire moderne que pouvons-nous dire du « temps présent ».
Pendant trois siècles, depuis la Révolution, on assiste à une dépossession progressive et universelle de l’Eglise. Au terme, nous avons un monde naturaliste dédié par une science matérielle et puissante au service de l’orgueil et du luxe humain. Là, comme jadis en la nuit de Noël, à Bethléem, le Christ n’y trouve plus sa place parce qu’il n’y a plus de place pour lui.
Dans les périodes de l’Histoire Chrétienne…même les plus sombres, la foi demeurait dans la cité. Dans la vie politique, aujourd’hui, quelle place, dites-moi, tient elle ?
Quelle est la forme constante de l’histoire des trois derniers siècles ? L’homme s’isole de la vie surnaturelle et devient sourd à l’enseignement révélé. Il se soustrait à Dieu par antithéologisme et à l’être par idéalisme. (NB C’est ce que dit Jean Paul II : il est urgent de revenir à la philosophie pérenne, à la philosophie de l’être. Cf : La doctrine politique de JP II, ch. 1). Il se replie sur soi, s’enferme comme un tout puissant dans sa propre immanence, fait tourner l’univers autour de son « moi », s’adore enfin comme étant l’auteur de la vérité par sa pensée et de la loi par sa volonté.
Ainsi l’esprit de la Révolution antichrétienne met l’homme à la place de Dieu.
Aussi comprenez-vous l’étonnement de Mgr Lefebvre quand il prit connaissance du jugement du cardinal Ratzinger donnant sa pensée sur le texte fameux du Concile Vatican II, « Gaudium et Spes » : Cf Les principes de la Théologie catholique (Ch ultime : l’Eglise et le monde pp. 423-427). (Mgr Lefebvre était radicalement opposé à cet esprit. A juste titre. Il était même horrifié : Mettre l’homme à la place de Dieu, replié sur lui-même dans un anthropocentrisme absolu, et vouloir « dialoguer » et « coopérer » avec un tel monde, c’était pour lui une aberration…Il voulait, comme Saint Pie X et saint Paul, prêcher le Christ et le Christ crucifié. Car « dialoguer » et « coopérer » ne pouvaient pas, pour lui, ne pas affaiblir les catholiques modernes en favorisant chez eux ce qui fut le libéralisme, le modernisme…à savoir l’infiltration peu à peu dans les âmes des dogmes maçonniques et de l’optimisme humanitaire qui, de fait, est la caractéristique du Concile Vatican II et de son texte Gaudium et Spes dans ce désir de collaboration avec le monde tel que devenu depuis 1789….)
Mais un autre nous a dit avec autorité ce qu’il convient de penser des temps actuels. C’est saint Pie X, dans son encyclique « E Supremi Apostlatus » du 4 octobre 1903.
«Nous éprouvions une sorte de terreur, terrebat nos quam maxime à considérer les conditions funestes de l’humanité à l’heure présente. Peut-on ignorer la maladie si profonde et si grave qui travaille, en ce moment bien plus que par le passé, la société humaine, et qui, s’aggravant de jour en jour et la rongeant jusqu’aux moelles, l’entraîne à sa ruine ? Cette maladie, Vénérables Frères, vous la connaissez, c’est, à l’égard de Dieu, l’abandon et l’apostasie ; et rien sans nul doute qui mène plus sûrement à la ruine, selon cette parole du prophète : « Voici que ceux qui s’éloignent de vous périront » …»
Il est clair après cet aperçu, que nous ne luttons pas pour la défense et le maintien de l’ordre social et politique actuel. Nous luttons pour sauvegarder les éléments de justice et de vérité, les restes du patrimoine humain, les réserves divines qui subsistent sur la terre et pour préparer et réaliser l’ordre nouveau qui doit remplacer le présent désordre…Il convient d’intégrer l’immense matériel de vie contenu dans le monde moderne, certes, mais il convient surtout de haïr le monde moderne pris dans ce qu’il regarde comme sa gloire propre et distinctive : l’indépendance à l’égard de Dieu. Nous haïssons l’iniquité révolutionnaire bourgeoise qui enveloppe et vicie aujourd’hui la civilisation, comme nous haïssons l’iniquité révolutionnaire-prolétarienne qui veut l’anéantir. C’est pour Dieu, ce n’est pas pour la société moderne que nous voulons travailler. S’il ne s’agissait que de défendre la République de la maçonnerie ou de la culture laïque…qui, d’entre vous, oserez lever le petit doigt ? Enfin ce n’est pas des hommes que nous attendons le salut, c’est de celui dont il a été dit : Nec enim aliud sub coelo nomen datum est hominibus, in quo oportet eos salvos fieri ».
Alors je veux travailler à la restauration de l’ordre du Christ.
Y coopère toute restauration des ordres religieux, tout rayonnement nouveau de l’ordre bénédictin, de l’ordre des dominicains, toutes les nombreuses communautés « Ecclesia Dei » ;
Ne trouvez-vous pas que cette œuvre est exaltante.
Elle doit galvaniser tous nos efforts, toute notre attention, tout notre zèle.
Vous qui allaient, par votre sacerdoce, coopérer à la renaissance dont nous venons de rappeler quelques éléments positifs, vous allez être les auxiliaires des forces divines, vous aller coopérer à l’ordre futur en disposant les linéaments d’être et de santé où la vie se réfugie pour construire l’avenir. C’est pour les intérêts de Dieu que vous allez combattre, c’est bien « pour le parti de Dieu que vous allez travailler. Si Jésus parlant de Lui-même, a dit : « Qui n’est pas avec moi est contre moi », n’oublions pas que parlant des apôtres et de leur effort terrestre, il a dit aussi : « Qui non est adversum vos, pro vobis est « (Mac 9 39 ; Lc 9 50)
C’est de vous que dépend l’œuvre du salut, comme de ses causes prochaines.
Mieux ce sont des saints que dépend cette opération pleinement agissante et efficace parce qu’ils sont unis pleinement à Celui qui fait tout. La ferveur cachée, dit jacques Maritain, des amis de Dieu, voilà ce qui importe avant tout à la conduite de l’univers. La charité seule peut sauver les nations, elle qui est inséparable de la justice et de la vérité, car c’est Dieu qu’elle aime et les hommes pour lui ».
(conférence spirituelle N°6 : 4 novembre 2013)
Tandis que l’Eglise chante à travers les siècles, toujours, avec allégresse, l’heureuse faute qui nous a valu un tel Rédempteur et nous dit qu’il y a un seul vainqueur de la mort et du péché, un seul libérateur de toute servitude, un seul en le nom duquel nous puissions être sauvés, et ce nom est Jésus-Christ, que voyons nous autour de nous ?
Cette question est capitale.
Comment répondre à pareille question,
Or il m’importe au plus haut point de répondre à cette question puisque je veux absolument justifier ma résolution ferme en tant que Recteur de cette maison (le séminaire Saint Vincent de Paul de l’Institut du Bon Pasteur) , je m’y suis engagé auprès de notre Supérieur Général, de former pour l’IBP et pour l’Eglise un clergé essentiellement « antimoderne ». C’est ce que j’ai appris auprès de Mgr Lefebvre…
Antimoderne ?
Ce jugement négatif serait-il de nature à nourrir une espérance et une intelligence? Etudier ce « temps présent » serait-ce étude vaine et cela nous éloignerait-il de notre recherche du Christ pour en vivre: « Mihi vivere Christus est » ? L’objet du séminaire.
Alors pourquoi donc cette recherche sur la notion « antimoderne »
Voyons les choses de près. Ce sera l’objet des conférences spirituelles qui suivent.
Je ne pense pas, ce faisant,
m’éloigner de mon but et de mon sujet principal : le Magistère et le
Sacerdoce.
Bien au contraire.
Bien au contraire.
Quel est donc ce « temps présent » ?
Comment répondre à pareille question.
En considérant les grandes lignes de l’histoire moderne que pouvons-nous dire du « temps présent ».
Depuis le 4ème siècle, la
Lumière du Christ et sa Croix, après la longue période du temps des
martyrs, a fini par illuminer la nuit du paganisme romain, polythéiste,
violent et laxiste. Et cette Lumière a été, pendant les dix siècles de
chrétienté, la Lumière des nations. Depuis, la fin du Moyen Age est
arrivée et son déclin : l’histoire moderne est-elle autre chose que
l’histoire de l’agonie et de la mort de la chrétienté. N’assistons-nous pas à
la fin du monde chrétien, à son déclin. C’est l’irrespect du droit chrétien.
Désormais, l’homme va s’appuyant sur lui-même. La pierre d’angle, hier le
Christ, ne sera plus le Christ. L’esprit d’indépendance absolue, qui, en
définitive, porte l’homme à revendiquer pour lui-même –l’aséité - et qui
est la Révolution anti-chrétienne – s’introduit victorieusement en Europe, avec
la Renaissance et la Réforme et vise à remplacer partout le culte des trois
Personnes Divines par le culte du moi humain. Et c’est ainsi que Dieu est
écarté de tout ce qui est centre de pouvoir et d’autorité dans les peuples. La
Croix n’est plus le signe du ralliement. C’est le « moi », c’est
l’ « ego ».
Pendant trois siècles, depuis la Révolution, on assiste à une dépossession progressive et universelle de l’Eglise. Au terme, nous avons un monde naturaliste dédié par une science matérielle et puissante au service de l’orgueil et du luxe humain. Là, comme jadis en la nuit de Noël, à Bethléem, le Christ n’y trouve plus sa place parce qu’il n’y a plus de place pour lui.
Dans les périodes de l’Histoire Chrétienne…même les plus sombres, la foi demeurait dans la cité. Dans la vie politique, aujourd’hui, quelle place, dites-moi, tient elle ?
Quelle est la forme constante de l’histoire des trois derniers siècles ? L’homme s’isole de la vie surnaturelle et devient sourd à l’enseignement révélé. Il se soustrait à Dieu par antithéologisme et à l’être par idéalisme. (NB C’est ce que dit Jean Paul II : il est urgent de revenir à la philosophie pérenne, à la philosophie de l’être. Cf : La doctrine politique de JP II, ch. 1). Il se replie sur soi, s’enferme comme un tout puissant dans sa propre immanence, fait tourner l’univers autour de son « moi », s’adore enfin comme étant l’auteur de la vérité par sa pensée et de la loi par sa volonté.
Ainsi l’esprit de la Révolution antichrétienne met l’homme à la place de Dieu.
Aussi comprenez-vous l’étonnement de Mgr Lefebvre quand il prit connaissance du jugement du cardinal Ratzinger donnant sa pensée sur le texte fameux du Concile Vatican II, « Gaudium et Spes » : Cf Les principes de la Théologie catholique (Ch ultime : l’Eglise et le monde pp. 423-427). (Mgr Lefebvre était radicalement opposé à cet esprit. A juste titre. Il était même horrifié : Mettre l’homme à la place de Dieu, replié sur lui-même dans un anthropocentrisme absolu, et vouloir « dialoguer » et « coopérer » avec un tel monde, c’était pour lui une aberration…Il voulait, comme Saint Pie X et saint Paul, prêcher le Christ et le Christ crucifié. Car « dialoguer » et « coopérer » ne pouvaient pas, pour lui, ne pas affaiblir les catholiques modernes en favorisant chez eux ce qui fut le libéralisme, le modernisme…à savoir l’infiltration peu à peu dans les âmes des dogmes maçonniques et de l’optimisme humanitaire qui, de fait, est la caractéristique du Concile Vatican II et de son texte Gaudium et Spes dans ce désir de collaboration avec le monde tel que devenu depuis 1789….)
Tels sont quelques uns des
éléments d’appréciation que la raison du philosophe peut trouver de l’histoire
moderne, des temps modernes.
Mais un autre nous a dit avec autorité ce qu’il convient de penser des temps actuels. C’est saint Pie X, dans son encyclique « E Supremi Apostlatus » du 4 octobre 1903.
Après avoir exprimé, dans les
premiers paragraphes de l’encyclique, son hésitation d’accepter la charge du
Souverain Pontificat ainsi que son angoisse devant la lourdeur de la
tache, le pape exprime vivement son jugement sur les temps
modernes.
«Nous éprouvions une sorte de terreur, terrebat nos quam maxime à considérer les conditions funestes de l’humanité à l’heure présente. Peut-on ignorer la maladie si profonde et si grave qui travaille, en ce moment bien plus que par le passé, la société humaine, et qui, s’aggravant de jour en jour et la rongeant jusqu’aux moelles, l’entraîne à sa ruine ? Cette maladie, Vénérables Frères, vous la connaissez, c’est, à l’égard de Dieu, l’abandon et l’apostasie ; et rien sans nul doute qui mène plus sûrement à la ruine, selon cette parole du prophète : « Voici que ceux qui s’éloignent de vous périront » …»
« De nos jours,
poursuit le Pontife, il n’est que trop vrai, « les nations ont frémi et
les peuples ont médité des projets insensés » (6) contre leur Créateur; et
presque commun est devenu ce cri de ses ennemis : « Retirez-vous de
nous » (7). De là, en la plupart, un rejet total de tout respect de Dieu.
De là des habitudes de vie, tant privée que publique, où nul compte n’est tenu
de sa souveraineté. Bien plus, il n’est effort ni artifice que l’on ne mette en
œuvre pour abolir entièrement son souvenir et jusqu’à sa notion »
« Qui pèse ces choses a
droit de craindre qu’une telle perversion des esprits ne soit le commencement
des maux annoncés pour la fin des temps, et comme leur prise de contact avec la
terre, et que véritablement « le fils de perdition » dont parle
l’Apôtre (8) n’ait déjà fait son avènement parmi nous ». Si
grande est l’audace et si grande la rage avec lesquelles on se rue
partout ã l’attaque de la religion, on bat en brèche les dogmes de la foi, on
tend d’un effort obstiné à anéantir tout rapport de l’homme avec la
Divinité ! »
« En revanche, et c’est
là, au dire du même Apôtre, le caractère propre de l’Antéchrist, l’homme, avec
une témérité sans nom, a usurpé la place du Créateur en s’élevant
au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu. C’est à tel point que, impuissant
à éteindre complètement en soi la notion de Dieu, il secoue cependant le
joug de sa majesté, et se dédie à lui-même le monde visible en guise de temple,
où il prétend recevoir les adorations de ses semblables. Il siège dans le
temple de Dieu, où il se montre comme s’il était Dieu lui-même »
(9) ».
« Quelle sera l’issue de
ce combat livré à Dieu par de faibles mortels, nul esprit sensé ne le peut
mettre en doute. Il est loisible assurément, à l’homme qui veut abuser de sa
liberté, de violer les droits et l’autorité suprême du Créateur; mais au
Créateur reste toujours la victoire. Et ce n’est pas encore assez dire :
la ruine plane de plus près sur l’homme justement quand il se dresse plus
audacieux dans l’espoir du triomphe. C’est de quoi Dieu lui-même nous avertit
dans les Saintes Ecritures. « Il ferme les yeux », disent-elles,
« sur les péchés des hommes » (10), comme oublieux de sa puissance et
de sa majesté; mais bientôt, après ce semblant de recul, « se réveillant
ainsi qu’un homme dont l’ivresse a grandi la force » (11), « il brise
la tête de ses ennemis » (12), afin que tous sachent que « le roi de
toute la terre, c’est Dieu » (13), « et que les peuples comprennent
qu’ils ne sont que des hommes » (14).
Mais il faut aussi citer saint
Paul tant il est vrai que cette encyclique de Pie X semble être l’écho du
célèbre chapitre de la deuxième
épitre aux Thessaloniciens.
Saint Paul nous y parle du mystère d’iniquité qui se développe au cours des siècles et qui aura pour terme le déchainement du Captif invisible que l’ordre chrétien régnant dans le monde aura si longtemps retenu. Alors viendra l’apostasie du monde – discessio – et la révélation de l’homme de péché, que le Seigneur Jésus mettra à mort par le souffle de sa bouche. « Son avènement aura lieu par la puissance de Satan, parmi toutes sortes de miracles, de signes, de prodiges mensongers et avec toutes les séductions de l’iniquité pour ceux qui périssent, parce qu’ils n’ont pas ouvert leur cœur à l’amour de la vérité qui les eut sauvés. C’est pourquoi, ajoute l’Apôtre, Dieu leur envoie des illusions puissantes qui les feront croire au mensonge, en sorte qu’ils tombent sous son jugement tous ceux qui ont refusé leur foi à la vérité et ont consenti à l’iniquité ».(2 Th 2 9-12)
Saint Paul nous y parle du mystère d’iniquité qui se développe au cours des siècles et qui aura pour terme le déchainement du Captif invisible que l’ordre chrétien régnant dans le monde aura si longtemps retenu. Alors viendra l’apostasie du monde – discessio – et la révélation de l’homme de péché, que le Seigneur Jésus mettra à mort par le souffle de sa bouche. « Son avènement aura lieu par la puissance de Satan, parmi toutes sortes de miracles, de signes, de prodiges mensongers et avec toutes les séductions de l’iniquité pour ceux qui périssent, parce qu’ils n’ont pas ouvert leur cœur à l’amour de la vérité qui les eut sauvés. C’est pourquoi, ajoute l’Apôtre, Dieu leur envoie des illusions puissantes qui les feront croire au mensonge, en sorte qu’ils tombent sous son jugement tous ceux qui ont refusé leur foi à la vérité et ont consenti à l’iniquité ».(2 Th 2 9-12)
Ainsi ce temps décrit par
saint Paul pourrait être regardé comme le terme du grand mouvement
d’apostasie qui a commencé à la fin du Moyen Age et qui va son train d’enfer.
Et cette absence du Christ,
dans l’ordre temporel, a pour conséquence, le désordre social, le combat
social, des forces de destruction. Il n’y a pas d’ordre et de justice
possibles, là où manquent l’ordre et la justice entre l’homme et Dieu.
« Qui pourrait, en effet, écrivait Pie X, ne pas sentir
son âme saisie de crainte et de tristesse à voir la plupart des hommes, tandis
qu’on exalte par ailleurs et à juste titre les progrès de la civilisation, se
déchaîner avec un tel acharnement les uns contre les autres, qu’on dirait un
combat de tous contre tous ? Sans doute, le désir de la paix est dans tous
les cœurs, et il n’est personne qui ne l’appelle de tous ses vœux. Mais cette
paix, insensé qui la cherche en dehors de Dieu ; car, chasser Dieu, c’est
bannir la justice; et, la justice écartée, toute espérance de paix devient une
chimère. « La paix est l’œuvre de la justice » (16). Il en est, et en
grand nombre, Nous ne l’ignorons pas, qui, poussés par l’amour de la paix,
c’est-à-dire de la tranquillité de l’ordre, s’associent et se groupent pour
former ce qu’ils appellent le parti de l’ordre. Hélas ! vaines espérances,
peines perdues ! De partis d’ordre capables de rétablir la tranquillité au
milieu de la perturbation des choses, il n’y en a qu’un: le parti de
Dieu »
« Ce retour des nations
au respect de la majesté et de kla souveraineté divi ne, quelques efforts que
nous fassions par ailleurs pour le réaliser, n’adviendra que par
Jésus-Christ….D’où il suit que tout restaurer dans le Christ et ramener les
hommes à l’obéissance divine sont une seule et même chose.
« Or, où est la voie qui
nous donne accès auprès de Jésus-Christ ? Elle est sous nos yeux :
c’est l’Eglise. Saint Jean Chrysostome nous le dit avec raison :
« L’Eglise est ton espérance, l’Eglise est ton salut, l’Eglise est ton
refuge » (21).
Or le monde fait par les révolutionnaires bourgeois, l’ordre social et
politique actuel, est construit sur la Désobéissance, sur le refus de
l’autorité de l’Eglise, sur le refus de l’autorité du Christ, sur le refus de
l’autorité de Dieu. Disons alors qu’il appelle la ruine comme la
peste appelle la mort.
Si vous voulez vous faire une
idée des responsabilités de ceux qui aujourd’hui dirigent le monde depuis trois
siècles et surtout depuis ce dernier siècle, il suffirait de poser quelques
questions :
-Qui a congédié Dieu et
l’Evangile?
-Qui a nié les droits de Dieu sur la cité et la famille ?
-Qui a nié les droits de Dieu sur la cité et la famille ?
-Qui a spolié l’Eglise ?
-Qui a ôté à l’autorité
et à la justice humaines le fondement divin de leur légitimité ?
-Qui a traité les pauvres
comme quelques choses qui rapporte et qui leur a appris à mépriser la
pauvreté ?
-Qui a prétendu fonder l’ordre
humain sur la négation du péché originel, sur le dogme de la bonté originelle
et de la perfectibilité indéfinie et sur la revendication des droits de la
concupiscence ?
-Qui a promulgué que la
loi de la vie terrestre n’est pas la croix mais la jouissance, qui a cherché
comme le royaume de Dieu l’argent et le bien-être temporel, et érigé l’égoïsme
individualiste en système social ?
-Qui a assuré le triomphe de
l’idéologie révolutionnaire ?
–Qui s’est efforcé d’arracher
au peuple les biens spirituels, de le dépouiller de la grâce et des vertus
chrétiennes, de lui ôter toute raison de vivre, tout en le soumettant à des
conditions de travail infrahumaines ?
-Qui lui a appris à se
scandaliser de la souffrance, à refuser la loi de Dieu, à restreindre le nombre
de naissances ?
-Qui a fait un devoir à
l’Etat laïque de disputer à Dieu l’âme des enfants ?
-Qui a expulsé des cités
humaines la justice et la charité ?
Il est clair après cet aperçu, que nous ne luttons pas pour la défense et le maintien de l’ordre social et politique actuel. Nous luttons pour sauvegarder les éléments de justice et de vérité, les restes du patrimoine humain, les réserves divines qui subsistent sur la terre et pour préparer et réaliser l’ordre nouveau qui doit remplacer le présent désordre…Il convient d’intégrer l’immense matériel de vie contenu dans le monde moderne, certes, mais il convient surtout de haïr le monde moderne pris dans ce qu’il regarde comme sa gloire propre et distinctive : l’indépendance à l’égard de Dieu. Nous haïssons l’iniquité révolutionnaire bourgeoise qui enveloppe et vicie aujourd’hui la civilisation, comme nous haïssons l’iniquité révolutionnaire-prolétarienne qui veut l’anéantir. C’est pour Dieu, ce n’est pas pour la société moderne que nous voulons travailler. S’il ne s’agissait que de défendre la République de la maçonnerie ou de la culture laïque…qui, d’entre vous, oserez lever le petit doigt ? Enfin ce n’est pas des hommes que nous attendons le salut, c’est de celui dont il a été dit : Nec enim aliud sub coelo nomen datum est hominibus, in quo oportet eos salvos fieri ».
Alors je veux travailler à la restauration de l’ordre du Christ.
Y coopère toute restauration des ordres religieux, tout rayonnement nouveau de l’ordre bénédictin, de l’ordre des dominicains, toutes les nombreuses communautés « Ecclesia Dei » ;
Y coopère la rénovation de la
philosophie et de la théologie de saint Thomas;
Y Coopère, oh combien, la
restauration de la vie liturgique, et du retour nécessaire de la messe
tridentine dans l’Eglise et l’abolition ou la restauration de l’ordo nouveau
dans un esprit chrétien ;
Y coopère le grand
mouvement du retour de la spiritualité du Sacré Cœur et du Cœur Immaculé de
Marie, donc la dévotion de Paray le Monial et la dévotion de Fatima.
Y coopère tout effort pour
ramener l’intelligence au vrai, au service de la vérité ;
Tout effort politique pour
faire régner le Christ ;
Y coopère tout développement
du christianisme, tout mouvement qui développe la foi. La foi, dans la
déconfiture actuelle, apparait comme la vraie lumière, une lumière
stable, comme la seule force intellectuelle intègre toujours neuve et vivante
en sa pérennité
Ainsi, à la vérité, malgré une
situation grave, cette époque est pour nous exaltante : elle est
puissamment intéressante pour l’esprit.
Vous voyez donc, Bien chers
abbés, conclut saint Pie X, « quelle œuvre nous est confiée à Nous
et à vous. Il s’agit de ramener les sociétés humaines, égarées loin de la
sagesse du Christ, à l’obéissance de l’Eglise; l’Eglise, à son tour, les
soumettra au Christ, et le Christ à Dieu. Que s’il Nous est donné, par la grâce
divine, d’accomplir cette œuvre, Nous aurons la joie de voir l’iniquité faire
place à la justice, et Nous serons heureux d’entendre « une grande voix
disant du haut des cieux: Maintenant c’est le salut, et la vertu, et le royaume
de notre Dieu et la puissance de son Christ » (22).
Ne trouvez-vous pas que cette œuvre est exaltante.
Elle doit galvaniser tous nos efforts, toute notre attention, tout notre zèle.
Vous qui allaient, par votre sacerdoce, coopérer à la renaissance dont nous venons de rappeler quelques éléments positifs, vous allez être les auxiliaires des forces divines, vous aller coopérer à l’ordre futur en disposant les linéaments d’être et de santé où la vie se réfugie pour construire l’avenir. C’est pour les intérêts de Dieu que vous allez combattre, c’est bien « pour le parti de Dieu que vous allez travailler. Si Jésus parlant de Lui-même, a dit : « Qui n’est pas avec moi est contre moi », n’oublions pas que parlant des apôtres et de leur effort terrestre, il a dit aussi : « Qui non est adversum vos, pro vobis est « (Mac 9 39 ; Lc 9 50)
C’est de vous que dépend l’œuvre du salut, comme de ses causes prochaines.
Mieux ce sont des saints que dépend cette opération pleinement agissante et efficace parce qu’ils sont unis pleinement à Celui qui fait tout. La ferveur cachée, dit jacques Maritain, des amis de Dieu, voilà ce qui importe avant tout à la conduite de l’univers. La charité seule peut sauver les nations, elle qui est inséparable de la justice et de la vérité, car c’est Dieu qu’elle aime et les hommes pour lui ».