Marcel Lefebvre et sa sœur Bernadette
|
Le 29 novembre 1905, rue Leverrier à Tourcoing, naissait Marcel Lefebvre, fils de René Lefebvre, filateur, et de Gabrielle Watine. Sa sœur Christiane confia au Père Marziac les souvenirs qu'elle avait retenu de leur mère.
«Oserais-je parler sans trembler des "intuitions" de Madame Lefebvre quand elle mettait au monde un enfant ? Elle ne les embrassait jamais avant qu'ils ne soient revenus de l'église après le baptême. Louise, la servante, lui portait le bébé qu'elle embrassait et elle exprimait alors sa pensée.
«Pour le premier, René, né le 22 janvier 1903, elle désirait un prêtre et tandis qu'elle le portait, elle promit de communier tous les jours. Ce petit René, à l'âge de cinq ans écrivit une lettre au pape Pie X qui venait de promulguer une encyclique sur la communion des enfants. Il reçut un télégramme de Sa Sainteté, l'autorisant à communier. Il devint prêtre et fut missionnaire au Gabon pendant près de quarante ans.
«Pour la seconde, Jeanne, elle éprouva dès le début de la grossesse le besoin de réparation pour les péchés du monde par la prière. La fille qui naquit devint religieuse Réparatrice.
«Pendant qu'elle portait le troisième, Marcel, fortifiée de la lecture qu'elle faisait de la vie de sainte Monique, elle faisait l'édification de tous par sa patience et sa douceur, qu'elle puisait dans la prière et l'assistance quotidienne à la Messe. Après le baptême de Marcel, en l'embrassant le bébé pour la première fois, Madame Lefebvre s'exprima ainsi : "Celui-ci aura un grand rôle à jouer dans la Sainte Eglise, à Rome, auprès du Saint-Père". C'était un 29 novembre 1905 !
«Le quatrième enfant fut Bernadette. Pendant la grossesse, la maman éprouva le besoin de faire ses oraisons sur l'agonie de Notre Seigneur. Embrassant l'enfant après le baptême, elle dit : "Elle sera un signe de contradiction". Ce fut bien ce qui arriva, puisque pendant toute sa vie de religieuse elle eut à lutter, à l'image de son frère évêque (elle appartenait à la même congrégation que lui) contre l'autodéstruction de l'Eglise - que ce soit au Gabon, à Rome, ou bien à Saint-Michel-en-Brenne où elle dirige actuellement les religieuses de la Fraternité Saint-Pie X.
«Pendant la grossesse du cinquième enfant, elle lut la vie de sainte Thérèse d'Avila, réformatrice du Carmel. A la naissance de Christiane, en 1908, elle prédit qu'elle deviendrait carmélite. Celle-ci est aujourd'hui la Mère prieure du carmel de Quiévrain en Belgique, fondée le jour de la fête de sainte Thérèse le 15 octobre 1978. »
Père Jean-Jacques Marziac, Monseigneur Marcel Lefebvre, soleil levant ou couchant?, Paris, N.E.L., 1979, pp. 55-56.