SOURCE - Jean-Marie Guénois - Le Figaro - 23 mars 2016
Des discussions sont en cours pour la reconnaissance de la Fraternité Saint Pie X. Un processus « qui prendra du temps ».
RELIGION Le pape François, contre toute attente, tend actuellement une main aux disciples de Mgr Marcel Lefebvre. À quelques jours du 25° anniversaire de la mort de cet évêque qui s'opposa à certaines orientations du concile Vatican II en ordonnant quatre évêques contre l'avis de Rome en 1988 et qui fonda, à Ecône (Suisse), en 1970, la Fraternité sacerdotale Saint Pie X (FSSPX), son actuel supérieur général, Mgr Bernard Fellay, vient de confirmer sur le site de cette institution, dici.org, que le dialogue a effectivement discrètement repris avec le Vatican depuis le mois de juillet 2015.
Mais contrairement à certaines rumeurs annonçant une reconnaissance imminente, ce responsable précise que le processus de discussion connaît cer-tes « un grand progrès » sur certains points mais qu'il est « lent » et qu'il «prendra du temps », parce que demeure une « méfiance » réciproque. Cette Fraternité internationale compte aujourd'hui 600 prêtres, dont 250 Français et 200 séminaristes, dont 60 Français.
Ce dossier fut une priorité du pontificat de Benoît XVI mais il s'était conclu par un échec. Ce pape avait certes levé, en janvier 2009, les excommunications qui frappaient les quatre évêques ordonnés par Mgr Lefebvre. Il avait rétabli, en juillet 2007, «à titre extraordinaire», la liturgie de la messe selon le missel en usage avant le concile Vatican II (1962-1965), deux demandes préalables demandées par la Fraternité Saint Pie X. Mais le cycle de discussions doctrinales, lancées par le théologien Benoît XVI pour trouver un accord sur le fond, et en particulier sur le concile Vatican II, fut un fiasco.
C'est donc sous un autre angle que le pape François approche la question. Il connaît bien, par l'Argentine, les oeuvres de ce mouvement religieux. Il a également récemment dépêché plusieurs visites dans des centres de la Fraternité pour mieux évaluer ses fruits pastoraux. C'est donc en pasteur qu'il avance.
Dans cet esprit, la congrégation pour la Doctrine de la foi, chargée de ce dossier au Vatican, a donc formulé en juillet 2015 la proposition - déjà exprimée sous Benoît XVI - d'attribuer, sur le modèle de l'Opus Dei, un statut de « prélature personnelle » à cette Fraternité.
Mais la divine surprise constatée par les lefebvristes est que des éléments clés, pourtant exigés par Benoît XVI pour une reconnaissance canonique, ont disparu de la nouvelle proposition romaine ! L'un des évêques de la Fraternité, un Argentin, Mgr Alfonso de Galarreta, expliquait lors de son passage en France en janvier dernier : « Il n'y a plus la profession de foi du cardinal Ratzinger » mais « la profession de foi du concile de Trente » dans laquelle se reconnaît Ecône. Deux paragraphes - impossibles à accepter par la FSSPX - sur « l’œcuménisme » et sur « la liberté religieuse » ont été également supprimés. En liturgie, enfin, il est juste demandé de « reconnaître la validité des nouveaux sacrements, de la nouvelle messe. selon l'édition typique, l'édition latine originale. ce que la Fraternité a toujours reconnu ».
Mgr Fellay peut donc conclure : « II est très clair que le pape François veut nous laisser vivre et-survivre. Il a même dit que jamais il ne ferait de mal à la Fraternité. Il a refusé de nous condamner pour schisme en disant "ils ne sont pas schismatiques, 'ils sont catholiques"». Mais le supérieur, qui n'élude pas les .« paradoxes » de ce pape, prévient également que cette décision, qu'il soumet actuellement à ses prêtres, ne pourra souffrir aucune « ambiguïté », source de « chaos peu de temps après ». Il ajoute comme « condition sine qua non », la « liberté » d'action pour « que nous soyons acceptés tels que nous sommes ».
Des discussions sont en cours pour la reconnaissance de la Fraternité Saint Pie X. Un processus « qui prendra du temps ».
RELIGION Le pape François, contre toute attente, tend actuellement une main aux disciples de Mgr Marcel Lefebvre. À quelques jours du 25° anniversaire de la mort de cet évêque qui s'opposa à certaines orientations du concile Vatican II en ordonnant quatre évêques contre l'avis de Rome en 1988 et qui fonda, à Ecône (Suisse), en 1970, la Fraternité sacerdotale Saint Pie X (FSSPX), son actuel supérieur général, Mgr Bernard Fellay, vient de confirmer sur le site de cette institution, dici.org, que le dialogue a effectivement discrètement repris avec le Vatican depuis le mois de juillet 2015.
Mais contrairement à certaines rumeurs annonçant une reconnaissance imminente, ce responsable précise que le processus de discussion connaît cer-tes « un grand progrès » sur certains points mais qu'il est « lent » et qu'il «prendra du temps », parce que demeure une « méfiance » réciproque. Cette Fraternité internationale compte aujourd'hui 600 prêtres, dont 250 Français et 200 séminaristes, dont 60 Français.
Ce dossier fut une priorité du pontificat de Benoît XVI mais il s'était conclu par un échec. Ce pape avait certes levé, en janvier 2009, les excommunications qui frappaient les quatre évêques ordonnés par Mgr Lefebvre. Il avait rétabli, en juillet 2007, «à titre extraordinaire», la liturgie de la messe selon le missel en usage avant le concile Vatican II (1962-1965), deux demandes préalables demandées par la Fraternité Saint Pie X. Mais le cycle de discussions doctrinales, lancées par le théologien Benoît XVI pour trouver un accord sur le fond, et en particulier sur le concile Vatican II, fut un fiasco.
C'est donc sous un autre angle que le pape François approche la question. Il connaît bien, par l'Argentine, les oeuvres de ce mouvement religieux. Il a également récemment dépêché plusieurs visites dans des centres de la Fraternité pour mieux évaluer ses fruits pastoraux. C'est donc en pasteur qu'il avance.
Dans cet esprit, la congrégation pour la Doctrine de la foi, chargée de ce dossier au Vatican, a donc formulé en juillet 2015 la proposition - déjà exprimée sous Benoît XVI - d'attribuer, sur le modèle de l'Opus Dei, un statut de « prélature personnelle » à cette Fraternité.
Mais la divine surprise constatée par les lefebvristes est que des éléments clés, pourtant exigés par Benoît XVI pour une reconnaissance canonique, ont disparu de la nouvelle proposition romaine ! L'un des évêques de la Fraternité, un Argentin, Mgr Alfonso de Galarreta, expliquait lors de son passage en France en janvier dernier : « Il n'y a plus la profession de foi du cardinal Ratzinger » mais « la profession de foi du concile de Trente » dans laquelle se reconnaît Ecône. Deux paragraphes - impossibles à accepter par la FSSPX - sur « l’œcuménisme » et sur « la liberté religieuse » ont été également supprimés. En liturgie, enfin, il est juste demandé de « reconnaître la validité des nouveaux sacrements, de la nouvelle messe. selon l'édition typique, l'édition latine originale. ce que la Fraternité a toujours reconnu ».
Mgr Fellay peut donc conclure : « II est très clair que le pape François veut nous laisser vivre et-survivre. Il a même dit que jamais il ne ferait de mal à la Fraternité. Il a refusé de nous condamner pour schisme en disant "ils ne sont pas schismatiques, 'ils sont catholiques"». Mais le supérieur, qui n'élude pas les .« paradoxes » de ce pape, prévient également que cette décision, qu'il soumet actuellement à ses prêtres, ne pourra souffrir aucune « ambiguïté », source de « chaos peu de temps après ». Il ajoute comme « condition sine qua non », la « liberté » d'action pour « que nous soyons acceptés tels que nous sommes ».