SOURCE - Ennemond - Le Forum Catholique - 6 mai 2018
Les trente ans qui nous séparent des sacres ont permis de relativiser des jugements hâtifs. Les milieux liés à la FSSPX ont compris que les communautés régularisées n'étaient pas truffées de traîtres par principe. A l'inverse, les milieux Ecclesia Dei ont saisi que la FSSPX n'était pas une oeuvre qui cherchait le schisme à tout prix mais qu'elle voulait maintenir à la fois l'héritage doctrinal et le lien avec Rome.
Les trente ans qui nous séparent des sacres ont permis de relativiser des jugements hâtifs. Les milieux liés à la FSSPX ont compris que les communautés régularisées n'étaient pas truffées de traîtres par principe. A l'inverse, les milieux Ecclesia Dei ont saisi que la FSSPX n'était pas une oeuvre qui cherchait le schisme à tout prix mais qu'elle voulait maintenir à la fois l'héritage doctrinal et le lien avec Rome.
Néanmoins, de part et d'autre, des esprits irréductibles s'évertuent à considérer pour les uns que les consécrations de 1988 ont constitué un acte schismatique épouvantable (à l'encontre des papes eux-mêmes qui ont bien compris qu'ils avaient affaire à un mouvement catholique romain), et à penser pour les autres que hors de la FSSPX ne repousse plus l'herbe catholique. Les premiers font de 1988 la fin de l'ère primaire. Les autres en font l'an 0 de leur ère. Sans doute l'amour propre conduit-il à ces excès, encore aujourd'hui. Il vaut mieux relativiser ces disputes.
Le milieu traditionnel a été contraint et forcé de faire passer la sauvegarde de la doctrine et de la messe par le biais de l'irréguarité canonique, forme de fuite en Egypte pour les catholiques contemporains, acculés face aux proscriptions de l'époque Paul VI. Certains ont estimé que le régularité pouvait été retrouvée en 1984, d'autres ont attendu 1988. D'autres encore 2006. Certains pensent que l'heure de cette reconsidération des relations pouvait être réévaluée aujourd'hui. D'autres trouvent que c'est prématuré. Le tout est de ne pas perdre sa doctrine et son attachement à l'Eglise. Mais vouloir faire de ces évaluations prudentielles des "caprices" me semble tout sauf sage. Il s'agit de cas de conscience d'hommes de Dieu cherchant à servir Dieu.
Il y a cinq ans, Jean Madiran avait reconsidéré sa position. Il trouvait que dans cette optique le geste de Mgr Lefebvre de consacrer des évêques avait été visionnaire. « Dans l’Église, être des évêques, ça compte. Et donc, là, le fondateur avait bien fait, en tout cas il avait fait une fondation durable et assuré les conditions pour que son œuvre dure. » Jean Madiran se serait-il affranchi de la lucidité pour se laisser happer par les caprices ? Sans doute les réalités sont-elles plus complexes que vous ne semblez le dire.