SOURCE - La Porte Latine - 28 septembre 2018
Monsieur l’abbé, vous êtes depuis le 15 août dernier à la tête de l’important District de France de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X. Pouvez-vous d’abord nous retracer votre itinéraire personnel préalable à vos nouvelles et lourdes responsabilités?
Monsieur l’abbé, vous êtes depuis le 15 août dernier à la tête de l’important District de France de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X. Pouvez-vous d’abord nous retracer votre itinéraire personnel préalable à vos nouvelles et lourdes responsabilités?
Après 22 ans passés à Ecône, j’arrive à Suresnes. Un lieu qui ne m’est heureusement pas inconnu puisque j’ai déjà occupé les fonctions de Supérieur de ce même district de 1994 à 1996. Il s’agit pourtant d’un vrai changement.
Qu’est-ce que vous retenez principalement de vos longues années de directeur du séminaire international d’Ecône?
La formation sacerdotale reste la fonction principale de la Fraternité et j’ai été très heureux de pouvoir contribuer à l’éclosion de nombreux prêtres que je retrouve en fonction avec grand plaisir. Et puis à Ecône on vit dans le berceau de notre chère société ! Mais c’est loin d’être une forme d’infantilisme : au contraire on vit quasi exclusivement de principes, l’étude et la prière sont les deux activités principales qui accaparent tout le temps. Et c’est bien juste : la formation doctrinale intègre et la perfection morale des jeunes lévites importe par-dessus tout. Ce fut donc pour moi une véritable joie de conduire sous l’égide de saint Thomas ces jeunes gens et de les voir quitter Ecône forts de cette formation. Quelle situation paradoxale! Je me suis réjoui chaque année le 29 juin, jour des ordinations, du départ de ceux avec qui on a vécu en amitié pendant cinq années! Mais ma joie aujourd’hui est de les retrouver à l’œuvre et quelle œuvre, considérable.
Au total, combien avez-vous de prêtres et de maisons dans le District?
Une cinquantaine de prieurés ou écoles, pas loin de 200 prêtres et aussi une trentaine de frères, particulièrement appréciés dans nos écoles.
Votre prédécesseur, M. l’abbé Christian Bouchacourt – aujourd’hui second assistant général – a mis l’accent sur les écoles et a ouvert de nouveaux prieurés. Quelles seront vos priorités?
La responsabilité est grande : il faut conduire tous et chacun vers la béatitude éternelle et la voie est rude : c’est un combat de chaque jour dit l’Ecriture. Il est peu probable que je puisse travailler en extension car les prêtres manquent et c’est un souci majeur. Le zèle pour le Christ Roi doit demeurer la préoccupation constante de tous et chacun : que le Christ règne sur chacun, mais aussi sur les familles pour qu’il règne sur les sociétés. Et la situation actuelle ne va guère dans ce sens. Il est étonnant que ce zèle pour le Christ Roi n’enflamme pas davantage la jeunesse aujourd’hui. Et pourtant quel combat exaltant surtout à l’époque que nous vivons de déchristianisation organisée et de «déconstruction» systématique.
Vous venez d'évoquer les vocations en parlant du zèle qui devrait enflammer les jeunes aujourd'hui. Quel état des lieux peut-on faire concernant ce domaine essentiel, vital pour l’apostolat et la transmission de la Foi?
L’appel des vocations est une préoccupation très importante d’autant plus que c’est un des buts de la Fraternité. On s’étonne que si peu de jeunes gens aient le zèle du salut des âmes et la flamme missionnaire qui animait notre fondateur. Monseigneur Lefebvre avait cette charité ardente qui lui donnait la force d’affronter tous les périls mais toujours dans la mansuétude. N’est-on pas trop installé dans son confort ?
Depuis les sacres de 1988 les Instituts relevant de la Commission Ecclesia Dei ont prospéré sur une injuste condamnation de la FSSPX. Quelle est votre point de vue sur ces anciens «alliés» que d’aucuns appellent les «ralliés»?
Pour ceux qui ont « rallié » est-ce que les « motu proprio » successifs et les communautés Ecclesia Dei ramollissent tellement les intelligences et les volontés qu'ils ne voient plus guère que la Fraternité, providentiellement, est toujours la seule à maintenir l’intégrité doctrinale? Celle-ci en effet ne se réduit pas à une messe saint Pie V le dimanche. Encore une fois il s’agit du règne du Christ Roi sur tout et tous.
Les rapports avec les Ordinaires locaux, à quelques exceptions près, sont inexistants, voire parfois «tendus». Quelle sera la politique du nouveau Supérieur du District de France dans ce domaine?
La déconfiture de l’Eglise en France n’a pas besoin d’être démontrée et les évêques ne peuvent plus la cacher. C’est pourquoi les rapports que nous pouvons avoir avec l’un ou l’autre n’ont plus guère le caractère d’hostilité farouche d’antan. Quoique la fausse doctrine du concile aveugle encore et toujours, il n’en reste pas moins que la possibilité «d’occuper le terrain» est moins difficile : ici ou là, des églises, devraient pouvoir nous être concédées pour notre usage exclusif.
Que pensez-vous du développement d'internet?
Si les moyens électroniques restent des moyens et ne ramollissent pas les cœurs alors je ne doute pas que la conquête du Christ Roi soit encore le combat de tous comme il le fut de Saint Martin, de saint Louis et de sainte Jeanne d’Arc.
Que demandez-vous, en priorité, aux fidèles de votre District et aux milliers de lecteurs quotidiens de La Porte Latine?
Je leur demande une fidélité à toute épreuve mais aussi qu’ils ne contentent pas des apparences liturgiques qu’on peut leur concéder ici ou là...
Merci, Monsieur le Supérieur, d’avoir accordé cet entretien au site officiel du District de France.