SOURCE - Romano Libero - Golias - 15 novembre 2010
C’est une querelle dont se fait écho le site « Summorum Pontificum Observatus » et qui mérite notre attention. Elle secoue la frange la plus théologienne de la galaxie traditionaliste et touche des questions de fond. Elle oppose Dom Basile Valuet, moine bénédictin de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux et Mgr Brunero Gherardini, l’un des derniers survivants de la vieille école romaine de théologie. Les deux hommes se situent résolument dans la mouvance traditionaliste. Le premier a tenté une interprétation que l’on peut qualifier de minimaliste du décret de Vatican II sur la liberté religieuse. Eloignée de celle, jugée libérale, du Père John Courtney Murray, qui domine pourtant en théologie.
Mgr Gherardini, chanoine de Saint Pierre, ancien professeur à l’université du Latran, jadis conseiller théologique des cardinaux Giuseppe Pizzardo et Dino Staffa, connaît bien la théologie protestante, en particulier celle de Karl Barth. C’est un spécialiste réputé d’ecclésiologie et de mariologie. Il est en outre le postulateur de la cause en canonisation de Pie IX. Il est l’auteur d’un livre remarqué /Le Concile Œcuménique Vatican II. Un débat à ouvrir/. Préfacé par Mgr Mario Oliveri, évêque italien d’Albenga-Imperia en Ligurie et que l’on dit dans la ligne du défunt cardinal Siri.
C’est le mensuel traditionaliste La Nef, qui fait état du débat entre ces deux penseurs ultra-conservateurs. Dom Basile reproche à Mgr Gherardini de façon étonnement insolente dans un tel milieu, son point de vue, se montrant dogmatique et arrogant dans la défense de Vatican II, dont il se fait le défenseur impavide (mais quel Vatican II s’agit-il ? Un monstre artificiel ? Une pure vue de l’esprit pour réconcilier les contraires ?). Brandissant l’argument d’autorité, car il faut concilier Vatican II et « la Tradition » - ou ce que l’on prend pour tel - sans même oser se demander si cela est toujours possible. Au moins Mgr Gherardini a-t-il le courage d’envisager que la réponse puisse être nuancée.
En clérical accompli, soucieux peut-être de plaire aux néo-conservateurs, Dom Basile tire les oreilles du vieux protonotaire romain dont la critique risque d’ébranler la confiance des fidèles ! Le Barroux veut-il plaire à tout prix aux néoconservateurs qui prônent un néo-intransigeantisme mais en se drapant derrière Vatican II ?
Là où, à notre avis, Dom Basile a franchement tort c’est dans sa survalorisation du magistère ordinaire de l’Eglise. En effet, en bonne théologie classique, tout Vatican II n’est pas infaillible et imposer de façon abrupte la soumission à tout ce qu’il contient, en prétendant a priori que cela ne pose aucun problème d’harmonie éventuel avec le Magistère précédent, est un excès d’autoritarisme magistériel. Beaucoup plus fin et nuancé dans sa position - une autre classe ! - Brunero Gherardini qui ne tranche pas les choses au couteau montre au contraire avec intelligence la complexité d’un débat.
Faut-il le répéter une fois encore : à la différence de Dom Basile et Brunero Gherardini nous nous réjouissons de l’écart de la lettre et plus encore de l’esprit de Vatican II (un élan à poursuivre) par rapport à ce qui précède (et qui n’est pas purement et simplement identifiable à LA tradition !) et ne le déplorons pas ! Si, contrairement au mot hâtif du futur cardinal Yves Congar Vatican n’a sans doute pas été une « révolution d’octobre dans l’Eglise », le dernier Concile constitue bien un tournant, selon nous à poursuivre ! De son point de vue, Mgr Gherardini est fondé à questionner ce qui peut bien être envisagé - au moins à titre d’hypothèse - comme une rupture. Quant au concordisme simpliste, étroit et très dogmatique de Dom Basile, et à un degré moindre de « La Nef », sans doute dans la ligne de Mgr Dominique Rey, évêque de Toulon, soucieux de fusionner Vatican II et le traditionalisme (mais quel sens cela aura-t-il ?), et dans une visée néoconservatrice, il ne mérite qu’un qualificatif : « Pathétique ». Il veut faire entrer du vin nouveau dans les outres anciennes...
C’est une querelle dont se fait écho le site « Summorum Pontificum Observatus » et qui mérite notre attention. Elle secoue la frange la plus théologienne de la galaxie traditionaliste et touche des questions de fond. Elle oppose Dom Basile Valuet, moine bénédictin de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux et Mgr Brunero Gherardini, l’un des derniers survivants de la vieille école romaine de théologie. Les deux hommes se situent résolument dans la mouvance traditionaliste. Le premier a tenté une interprétation que l’on peut qualifier de minimaliste du décret de Vatican II sur la liberté religieuse. Eloignée de celle, jugée libérale, du Père John Courtney Murray, qui domine pourtant en théologie.
Mgr Gherardini, chanoine de Saint Pierre, ancien professeur à l’université du Latran, jadis conseiller théologique des cardinaux Giuseppe Pizzardo et Dino Staffa, connaît bien la théologie protestante, en particulier celle de Karl Barth. C’est un spécialiste réputé d’ecclésiologie et de mariologie. Il est en outre le postulateur de la cause en canonisation de Pie IX. Il est l’auteur d’un livre remarqué /Le Concile Œcuménique Vatican II. Un débat à ouvrir/. Préfacé par Mgr Mario Oliveri, évêque italien d’Albenga-Imperia en Ligurie et que l’on dit dans la ligne du défunt cardinal Siri.
C’est le mensuel traditionaliste La Nef, qui fait état du débat entre ces deux penseurs ultra-conservateurs. Dom Basile reproche à Mgr Gherardini de façon étonnement insolente dans un tel milieu, son point de vue, se montrant dogmatique et arrogant dans la défense de Vatican II, dont il se fait le défenseur impavide (mais quel Vatican II s’agit-il ? Un monstre artificiel ? Une pure vue de l’esprit pour réconcilier les contraires ?). Brandissant l’argument d’autorité, car il faut concilier Vatican II et « la Tradition » - ou ce que l’on prend pour tel - sans même oser se demander si cela est toujours possible. Au moins Mgr Gherardini a-t-il le courage d’envisager que la réponse puisse être nuancée.
En clérical accompli, soucieux peut-être de plaire aux néo-conservateurs, Dom Basile tire les oreilles du vieux protonotaire romain dont la critique risque d’ébranler la confiance des fidèles ! Le Barroux veut-il plaire à tout prix aux néoconservateurs qui prônent un néo-intransigeantisme mais en se drapant derrière Vatican II ?
Là où, à notre avis, Dom Basile a franchement tort c’est dans sa survalorisation du magistère ordinaire de l’Eglise. En effet, en bonne théologie classique, tout Vatican II n’est pas infaillible et imposer de façon abrupte la soumission à tout ce qu’il contient, en prétendant a priori que cela ne pose aucun problème d’harmonie éventuel avec le Magistère précédent, est un excès d’autoritarisme magistériel. Beaucoup plus fin et nuancé dans sa position - une autre classe ! - Brunero Gherardini qui ne tranche pas les choses au couteau montre au contraire avec intelligence la complexité d’un débat.
Faut-il le répéter une fois encore : à la différence de Dom Basile et Brunero Gherardini nous nous réjouissons de l’écart de la lettre et plus encore de l’esprit de Vatican II (un élan à poursuivre) par rapport à ce qui précède (et qui n’est pas purement et simplement identifiable à LA tradition !) et ne le déplorons pas ! Si, contrairement au mot hâtif du futur cardinal Yves Congar Vatican n’a sans doute pas été une « révolution d’octobre dans l’Eglise », le dernier Concile constitue bien un tournant, selon nous à poursuivre ! De son point de vue, Mgr Gherardini est fondé à questionner ce qui peut bien être envisagé - au moins à titre d’hypothèse - comme une rupture. Quant au concordisme simpliste, étroit et très dogmatique de Dom Basile, et à un degré moindre de « La Nef », sans doute dans la ligne de Mgr Dominique Rey, évêque de Toulon, soucieux de fusionner Vatican II et le traditionalisme (mais quel sens cela aura-t-il ?), et dans une visée néoconservatrice, il ne mérite qu’un qualificatif : « Pathétique ». Il veut faire entrer du vin nouveau dans les outres anciennes...