Les cathos relèvent la tête |
11-09-2008 - Laurent Dandrieu - valeursactuelles.com |
Les cathos relèvent la tête La visite de Benoît XVI en France Laurent Dandrieu, le 11-09-2008 C’est une Église de France en pleine mutation que visite le pape, qui tentera de réduire la fracture entre une nouvelle génération de catholiques décomplexés et une hiérarchie encore trop souvent frileuse. Le grand retour des cathos, titrait l’Express le 10 avril dernier, après que Valeurs actuelles eut constaté que « Les cathos retrouvent la parole » (15 décembre 2006) ou eut recensé « Les intellos tentés par la foi » (20 juillet 2007). Dans un livre paru le 4 septembre aux éditions Panama, l’anticléricale obsessionnelle Caroline Fourest s’inquiète de la montée en puissance des Nouveaux soldats du pape. Qu’on s’en réjouisse ou qu’on s’en alarme, le constat est unanime : c’est une Église de France qui tente de tourner la page de décennies “d’enfouissement”, du nom de cette pastorale soixante-huitarde visant à se fondre dans le monde pour mieux se mettre à son diapason, que va visiter Benoît XVI du 12 au 15 septembre. Au-delà du 150e anniversaire des apparitions de la Vierge à Bernadette, à Lourdes (lire aussi page 84), le pape aura à coeur, au cours de sa visite, d’apporter un encouragement à cette nouvelle génération de catholiques qui, indifférente aux exclusives, aux accusations contradictoires de “repli identitaire”et de “triomphalisme”, à l’ironie et aux clichés des médias, entend simplement, avec enthousiasme et espérance, témoigner de sa foi au grand jour, et redonner à l’Église une visibilité trop longtemps perdue. Ces forces vives du catholicisme français se pressent dans les pèlerinages et les veillées d’adoration, fournissent l’essentiel de ce qui subsiste de vocations, et tentent par de multiples initiatives de répandre la « nouvelle évangélisation » à laquelle les appelle l’Église. Entre traditionalistes, charismatiques, ou catholiques sans étiquette, certes, les sensibilités et les méthodes divergent : les uns insisteront surtout sur les pèlerinages et la puissance de l’Eucharistie, les autres sur les dons de l’Esprit saint, certains organiseront des sessions de “guérison spirituelle”et d’évangélisation de rue ou des festivals de “rock chrétien” qui en laisseront d’autres sceptiques. Mais tous s’unissent sur l’urgence qu’il y a à parler haut et clair à une société qui, à force d’avoir rompu avec ses racines chrétiennes, ne sait plus à quel saint se vouer. Et tous, enfin, ont appris à se respecter, et à travailler ensemble à l’objectif commun. Entre catholiques, l’heure n’est plus à la guerre de chapelles, mais à la mobilisation générale. Des catholiques réconciliés avec eux-mêmes et avec leur foi C’est cet état d’esprit nouveau que visait à concrétiser le motu proprio Summorum pontificum : avec ce texte entré en vigueur le 14 septembre 2007 (dimanche, à Lourdes, Benoît XVI fêtera donc son premier anniversaire), par lequel il érigeait le rite traditionnel en forme extraordinaire d’un rite unique dont la messe moderne est la forme ordinaire, le pape entendait mettre fin à la guerre liturgique au coeur de laquelle, depuis Vatican II, s’était trouvée l’Église de France. Malheureusement, cette réconciliation des catholiques avec eux-mêmes, prélude indispensable à la reconquête des esprits, se heurte parfois aux conservatismes et aux frilosités de certains pans de la hiérarchie. Si certains font feu de tout bois, à l’instar de Mgr Rey (lire son interview en page 16) qui accueille en son diocèse de Fréjus-Toulon des communautés de toutes origines et sensibilités – en faisant ainsi le diocèse le plus vivant de France, et le premier pour les vocations –, si d’autres, comme Mgr Centène (Vannes) ou Mgr Cattenoz (Avignon), osent appeler les catholiques à plus de visibilité e t de cohérence , si Mgr Barbarin (Lyon) a contribué à replacer l’Église au coeur du débat sur la bioéthique, d’autres persistent à stigmatiser comme trop “identitaire” tout projet audacieux, ou à ignorer toutes les initiatives extérieures au cadre diocésain, quand bien même celui-ci serait au bord de la faillite, séminaire fermé et églises sans prêtres. Selon certains analystes, c’est en fédérant une majorité d’opposants au motu proprio que Mgr Vingt-Trois aurait accédé, en novembre 2007, à la présidence de la Conférence épiscopale. Souvent découragés par ces résistances d’arrière-garde, les catholiques se rassurent en songeant qu’elles sont condamnées à périr de leur belle mort. Ils espèrent surtout que Benoît XVI, à l’occasion de sa visite, saura trouver les mots pour ouvrir les coeurs, briser les réticences et libérer, au plus vite, toutes les énergies au service de la Bonne Nouvelle. |