12 mars 2009


Merci Très Saint Père!
12 mars 2009 - Christophe Geffroy - vatican-integristes.blogs.la-croix.com
Permettez-moi de réagir de façon très spontanée et très simple : quelle joie de lire cette lettre du pape Benoît XVI aux évêques de l’Eglise catholique. Quelle hauteur de vue et quelle leçon de dignité et de charité, on a affaire ici à un grand texte : il remet à leur juste place tous ceux qui se sont crus autorisés à attaquer le pape en cette affaire sans nullement chercher à comprendre ses motivations profondes et les raisons d’un tel geste.
Certes, je comprends que l’on ait pu être gêné par cette mesure de clémence, surtout en raison des propos négationnistes de Mgr Williamson, je comprends beaucoup moins qu’on se soit servi de ce geste de charité pour laisser croire que le pape lui-même pouvait avoir une quelconque indulgence à l’égard du négationnisme ou qu’il allait remettre en cause le Concile Vatican II en se rangeant soudain peu ou prou aux thèses des fidèles de Mgr Lefebvre. Tout cela est absurde, il n’empêche qu’une certaine presse – y compris dite « catholique » – s’est précipitée pour réaliser cet amalgame et contribuer ainsi aux ignobles attaques dont Benoît XVI a été victime.
Sur toutes les folies auxquelles on a assisté, le pape répond avec sérénité, avec douceur, mais aussi avec fermeté et chacun ferait bien de lire très attentivement cette lettre dont je retiens ici les points suivants.
1. La portée et la limite de la levée des excommunications : il s’agit d’un geste à but médicinal pour favoriser le retour d’une communauté qui est en « danger de schisme » (il faut arrêter de parler de « schisme » comme s’il était déjà consommé). Mais cela n’a jamais signifié le retour à la pleine communion, la rupture n’étant pas le fait de raisons disciplinaires mais bel et bien doctrinales. Sans un accord minimum sur ce plan-là, la Fraternité Saint-Pie-X ne pourra avoir de statut canonique dans l’Eglise : c’est très clair.
2. Si le pape fustige le « blocage » de la Fraternité Saint-Pie-X à l’année 1962, il rappelle aussi qu’on ne peut se prévaloir de défendre Vatican II et rejeter les enseignements antérieurs à ce Concile. Il ne peut y avoir de rupture substantielle sur les points essentiels du Magistère, c’est la fameuse « herméneutique de la réforme dans la continuité ».
3. Cette mesure était-elle nécessaire, opportune, n’y avait-il pas d’autres priorités plus urgentes ? La priorité – qui osera le nier ? – « est de rendre Dieu présent dans ce monde et d’ouvrir aux hommes l’accès à Dieu ». Si l’on admet cela, le raisonnement du pape est difficilement critiquable et l’on ne comprendrait pas que l’on refuse des sacrifices pour réintégrer les derniers partis qui demeurent aussi les plus proches, même si leur attitude souvent présomptueuse est fort agaçante. Et le pape a raison d’insister sur le fait que le retour à la communion contribue à changer les cœurs et à faire tomber les écailles devant les yeux, l’expérience passée le montre abondamment.
4. Pour certains, l’affaire Williamson aidant, on a vraiment l’impression que les membres et fidèles de la Fraternité Saint-Pie-X sont devenus le mal incarné, le bouc émissaire au sens girardien. A force de les traiter d’« intégristes » et de réaliser des dossiers pour montrer combien ils sont pervers et forcément liés à « l’extrême-droite », avec tous les clichés qui ressortent invariablement, on ne favorise guère un quelconque rapprochement, on ne fait que braquer un peu plus les lecteurs contre ces salauds d’« intégristes », et le pape apparaîtra d’autant plus coupable de vouloir leur tendre une main charitable. Mais ceux qui s’offusquent si fort que des fidèles de la Fraternité Saint-Pie-X puissent voter Le Pen, seraient-ils choqués que des cathos de gauche puissent voter Besancenot ? Deux poids, deux mesures ?…
La conclusion du pape sur le passage de la lettre aux Galates est très forte : « Si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres ! » Le pape nous offre là une formidable leçon en nous apprenant à voir l’essentiel qui est souvent exigeant et difficile : l’amour. Merci très Saint-Père.
Christophe Geffroy