L'évêque consulte son diocèse avant de décider des dispositions nécessaires au bien du Diocèse de Blois. - Un prêtre donne son point de vue. Réaction au MOTU PROPRIO de Benoit XVI sur la réintroduction du missel de Pie V - à la demande du Père M. de Germiny, évêque de Blois, aux prêtres, diacres, religieux et laics de son diocèse.
Par Jean Proust, délégué diocésain à l'Apostolat des laïcs et modérateur au secteur paroissial de Villerbon au diocèse de Blois
Je ne suis pas favorable à voir appliquer, dans le diocèse et de manière générale en France, les formules anciennes du Missel dit de Pie V, qui sont peut-être très vénérables, mais qui deviendront davantage des facteurs de divisions, de rivalités, d'oppositions de classes sociales... que de complémentarité des spiritualités, des cultures et des manifestations de la foi et de la convivialité communautaitre.
Pourquoi a-t-on fait Vatican II, un Aggiornamento salué par le monde entier qui a fait tomber de nombreuses barrières entre l'Église et le monde, après avoir été débattu pendant des années et adopté à une quasi unanimité, si c'est pour en briser l'élan et couper les chemins d'ouverture ? Le Concile de Trente a mis 200 ans à devenir la règle de l'Église (doctrine, organisation...). On peut toujours trouver que l'ancien avait telle ou telle caractéristique qui correspondait mieux à la sensibilité, au style de vie, à la conception sociale de « notre famille », de « notre classe sociale », aussi respectable soit-elle ; mais l'Église se doit d'être de son temps dans ce qui est son vocabulaire, ses concepts, ses modes d'expression communautaires, dans les modes de communication d'aujourd'hui, tout en favorisant des spiritualités diversifiées (franciscaines, jésuites, contemplatives, actives...).Qu'il y ait des personnes de sensibilité plus portée à voir ce qui se faisait dans le passé, je le respecte, mais je ne pense pas que ce soit servir l'Église du Christ que d'officialiser dans le culte officiel, même si on le dit semi-public, ouvert à x, y , ... à tout le monde, des liturgies dont la langue devient le symbole d'un rejet de 100 ans d'ouverture de l'Église au monde pour qu'elle y porte et y célèbre le message et le mystère d'amour aux petits, dans leur langue ( j'ajouterais dans leur culture si je parlais pour les chrétientés d'Afrique, d'Amérique, d'Asie...).
On parle de construire l'unité à travers la diversité, on le voit dans nos paroisses à travers les appartenances à des milieux sociaux, professionnels, culturels diverses, mais s'il s'agit d'une classe sociale, un monde politique, un style académique, une symbolique moyenâgeuse dont on voit bien qu'elle se fonde sur une conception de l'Église qui a entraîné des drames au 19ème et au 20ème siècles (quand les papes disaient que l'Église avait perdu la classe ouvrière et d'autres pans de la société, la réalité symbolique de la langue n'y était pas totalement étrangère).
Il y a dans la discipline actuelle un certain nombre de possibilités de faire de grandes célébrations en utilisant quelques morceaux de latin, comme langue commune (même si, en Allemagne, je prie mieux avec des chorals de Bach en allemand qu'avec une prière eucharistique en latin que ni les allemands ni les français ne comprennent). Réaliser au niveau local, dans un diocèse, un secteur, une paroisse, pour une sensibilité sociologique bien située dans le passé, une diversité de langue et de rite, je pense que c'est DIVISER le peuple chrétien quand nous disons vouloir « l'unité ».Dans le directoire des Évêques de France à Lourdes 2006, on demande de bâtir des communautés catéchétiques et missionnaires, témoins de foi et d'espérance. On s'y attelle de toutes manières... et « maintenant » la communauté que l'on s'efforce de fortifier, va se disperser, se diviser en fonction de choix affectifs fondés en large partie sur des atavismes d'un autre âge. Il est possible de laisser un mode d'expression diversifié dans le domaine privé, mais ne divisons pas nos communautés paroissiales et diocésaines qui ont, plus que jamais, besoin de vivre une seule foi, un seul Dieu, une seule Eucharistie, y compris dans la référence de la langue et des textes établis par l'Église de ce temps.La volonté de voir des communautés séparées revenir est une intention louable, mais ne va-t-on pas voir l'évasion de chrétiens dans des groupes marginaux, le départ d'une nouvelle partie, d'un nouveau pan de l'Église tomber dans l'incompréhension, l'indifférence (et souvent parmi les plus actifs dans la construction d'un monde de justice et de fraternité, vivant une option préférentielle pour les petits, les paumés, les marginalisés ... ; dans le Loir et Cher, en France et dans le monde.
Va-t-on voir se multiplier ce qui se passe en Afrique noire, dans une contexte plutôt protestant ou évangéliste – ce dont souffrent les églises protestantes elles-mêmes : on n'est pas d'accord avec un petit groupe ou avec le pasteur, alors on va se créer une nouvelle église, avec un leader qui devient vite le veau d'or de la communauté ? Dans l'Église catholique, qui bénéficie d'une plus grande unité, on peut utiliser des dévotions particulières (litanies, textes, chants, adoration du Saint Sacrement, chapelet...), mais utilisons les textes liturgiques d'aujourd'hui dans la langue d'aujourd'hui.
NB. Il aurait sans doute fallu faire un texte plus construit, avec une analyse historique, sociologique, théologique et spirituelle plus détaillée ; des théologiens, des pasteurs, des exégètes s'y emploient. Modestement je pense qu'a travers ce problème que je juge d'un autre âge, au lieu d'avancer, on se place, sous prétexte de "charité", en dehors de la Vérité et du véritable Amour qui ne peut faire fi des exigences, d'une Église qui se veut, selon la prière du Christ lui-même, non uniforme, mais UNE dans son expression de Foi et de Confession publique dans un lieu donné : « un diocèse », « un pays ».
Au service du diocèse y compris pour ces problèmes de rites et de langage catéchétiques et liturgiques
Jean Proust - 12 08 07 |