Luc Perrin, dans Le Temps, a présenté ce qui me semble être la meilleure explication du revirement récent de Rome dans les négociations avec la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X. Les modifications apportées par Mgr Fellay au préambule doctrinal semblaient, à la mi-mai, avoir, en effet, l’agrément de Rome. Mais depuis plusieurs mois nous assistons à une montée au créneau des ennemis de la Fsspx parmi les évêques et les cardinaux. L’ancien évêque de Bâle en tête, celui qui a laissé son diocèse, dont fait partie le Jura suisse, dans un état catastrophique (voir mon article Assez d’hypocrisie) a été l’un des leaders de la fronde. Il a plusieurs fois attaqué l’antijudaïsme de la Fsspx, l’amalgamant honteusement à de l’antisémitisme, et en ne précisant jamais les distinctions à établir entre le judaïsme pré-chrétien et le judaïsme post-chrétien (ici). D’autres évêques et théologiens, notamment en Allemagne, ont exprimé leurs craintes de voir la Fsspx réintégrée compte tenu de sa position conforme à celle constamment formulée par l’Eglise sur la question du judaïsme post-chrétien.
Le vice-président du Bundestag, Wolfgang Thierse s’est également inquiété de cette réintégration en raison des positions claires, conformes à la doctrine constante de l’Eglise, de la Fsspx sur la question du judaïsme post-chrétien, et le grand rabbin ashkénaze d’Israël, Yona Metzger a carrément opposé son veto à cette réintégration, jusqu’à ce que les évêques lefebvristes «changent d’avis» sur Nostra Aetate et les relations avec les Juifs, a-t-il déclaré. J’ai déjà écrit des articles sur ce sujet pour préciser que toujours l’Eglise a été la plus grande protectrice des juifs, que toujours elle a condamné l’antisémitisme et les violences physiques. Mais que tout aussi constamment elle a dénoncé dans le judaïsme post-chrétien un ennemi du Christ lui-même. Cette position est celle de la Fsspx. Si des évêques intellectuellement malhonnêtes ou médiocres ne voient pas la différence entre le judaïsme pré-chrétien et le judaïsme post-chrétien et entretiennent la confusion à leur sujet, comme l’a fait Mgr Koch, il est à souhaiter que jamais la Fsspx accepte de se soumettre à leur autorité et que le pape lui permette de vivre de la Vérité enseignée par le Christ en toute liberté.
Les ennemis de la vérité, les affabulateurs propagateurs de haine envers la Fsspx auront des comptes à rendre le jour du jugement. Luc Perrin les désigne avec raison comme responsables « du revirement de Rome ». « «A la mi-mai, poursuit Luc Perrin, un certain nombre de cardinaux ont exprimé leur mécontentement sur la solution proposée par la Fraternité. Mgr Kurt Koch, le cardinal suisse responsable des relations œcuméniques, aurait fait savoir qu’il n’était pas satisfait du processus de réconciliation. Le 13 juin, lorsqu’il est allé à Rome pour recevoir la réponse du pape, Mgr Fellay s’attendait à des retouches mineures du document. Or il a constaté que cette nouvelle version du Préambule reprenait en substance les propositions de septembre 2011, rejetées par la Fraternité.» explique-t-il dans Le Temps.
Nous vivons dans une société du mensonge, de la manipulation et de la lâcheté. Jamais l’Eglise ne pourra soutenir, comme l’abbé Theurillat l’a fait en invoquant le catéchisme de l’Eglise catholique, que les gay pride doivent être accueillies, jamais elle ne pourra soutenir que l’hostilité au judaïsme post-chrétien est une trahison de « la foi chrétienne » (Mgr Koch), comme si la non-reconnaissance de la divinité du Christ par les religions (judaïsme post-chrétien, islam etc), ou par les idéologies (marxisme, nazisme, relativisme), était secondaire. Que les religions non-chrétiennes disposent de semences de vérité ne veut pas dire que globalement elles ne détourent pas du Christ. Soutenir le contraire est un non-sens total. Mais de l’opposition au judaïsme post-chrétien ne doit évidemment pas découler une haine et un mépris des personnes. Tout comme l’opposition aux gay pride ou à l’idéologie du genre ne doit pas conduire à une haine et à un mépris des homosexuels. Dans les rapports interpersonnels la confiance et le respect doivent toujours primer. Ce sont ces nuances que l’Eglise ne semble plus en droit de faire. De puissants lobby veillent pour l’en empêcher et sont prêts à déclencher des tempêtes de mensonges et de violence si elle franchit la ligne jaune qu’eux-mêmes ont tracée pour la maintenir en servitude. Mais la Vérité jamais ne sera captive du mensonge, jamais elle ne sera captive de la lâcheté. Prions pour que notre pape nous libère des mensonges et de la lâcheté.
Julien Gunzinger