SOURCE - Jérôme Bourbon - Rivarol - 15 février 2013
Le 11 février, à la surprise générale, Benoît XVI a annoncé aux cardinaux lors d’un consistoire qu’il renonçait à occuper le siège de Pierre : « Après avoir examiné ma conscience devant Dieu, à diverses reprises, je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l’avancement de mon âge, ne sont plus aptes à exercer adéquatement le ministère pétrinien. (...) Dans le monde d’aujourd’hui, sujet à de rapides changements et agité par des questions de grande importance pour la vie de la foi, pour gouverner la barque de saint Pierre et annoncer l’Evangile, la vigueur du corps et de l’esprit est aussi nécessaire, vigueur qui, ces derniers mois, s’est amoindrie en moi d’une telle manière que je dois reconnaître mon incapacité à bien administrer le ministère qui m’a été confié. C’est pourquoi, bien conscient de la gravité de cet acte, en pleine liberté, je déclare renoncer au ministère d’Evêque de Rome, Successeur de saint Pierre, qui m’a été confié par les mains des cardinaux le 19 avril 2005, de telle sorte que, à partir du 28 février 2013 à vingt heures, le Siège de Rome, le Siège de saint Pierre, sera vacant et le conclave pour l’élection du nouveau Souverain Pontife devra être convoqué par ceux à qui il appartient de le faire.»
Le 11 février, à la surprise générale, Benoît XVI a annoncé aux cardinaux lors d’un consistoire qu’il renonçait à occuper le siège de Pierre : « Après avoir examiné ma conscience devant Dieu, à diverses reprises, je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l’avancement de mon âge, ne sont plus aptes à exercer adéquatement le ministère pétrinien. (...) Dans le monde d’aujourd’hui, sujet à de rapides changements et agité par des questions de grande importance pour la vie de la foi, pour gouverner la barque de saint Pierre et annoncer l’Evangile, la vigueur du corps et de l’esprit est aussi nécessaire, vigueur qui, ces derniers mois, s’est amoindrie en moi d’une telle manière que je dois reconnaître mon incapacité à bien administrer le ministère qui m’a été confié. C’est pourquoi, bien conscient de la gravité de cet acte, en pleine liberté, je déclare renoncer au ministère d’Evêque de Rome, Successeur de saint Pierre, qui m’a été confié par les mains des cardinaux le 19 avril 2005, de telle sorte que, à partir du 28 février 2013 à vingt heures, le Siège de Rome, le Siège de saint Pierre, sera vacant et le conclave pour l’élection du nouveau Souverain Pontife devra être convoqué par ceux à qui il appartient de le faire.»
UN UNANIMISME SOVIETOÏDE
Aussitôt
cette décision a été saluée unanimement. Par les media qui ont loué ce
geste témoignant d’une grande modernité. Par le monde politique, de la
gauche à la droite nationale. Par les dignitaires des diverses religions et
confessions, les organisations juives se montrant particulièrement élogieuses.
On retiendra notamment le communiqué du Congrès juif mondial, dithyrambique :
« Aucun pape avant lui n’avait visité autant de synagogues. Il a
rencontré des représentants de la communauté juive à chaque fois qu’il
s’est rendu à l’étranger. Aucun pape avant lui n’avait fait autant
d’efforts pour améliorer les relations avec les juifs, sur autant de niveaux. »
Le Conseil représentatif des institutions juives de France n’est pas en reste
(voir ci-dessous son communiqué), non plus que le grand rabbin d’Israël qui
se dit « reconnaissant envers le pape Benoît XVI pour tout ce qu’il a
fait pour renforcer les liens entre les religions et promouvoir la paix
interconfessionnelle » Il faut dire que Josef Ratzinger a maintes fois répété
que l’Ancienne Alliance n’a jamais été abrogée, que l’interprétation
juive de la Bible est parfaitement possible, qu’il a décoré moult rabbins,
reçu plusieurs fois au Vatican le B’naiB’rith (en 2006 et 2011), condamné
à maintes reprises le révisionnisme (sans jamais dénoncer les peines de
prison infligés en Occident aux chercheurs et historiens ne croyant pas en
l’“Holocauste”), visité nombre de synagogues de Rome à Cologne. On
s’explique ainsi aisément l’hommage universel qui lui est rendu.
LES RAISONS D’UN DEPART
Reste
à s’interroger sur les raisons de cette renonciation. La raison officielle
est son état de santé. Il ne tiendrait pas à finir comme son prédécesseur
dont le délabrement et l’agonie très médiatisés se sont éternisés. Nous
ne savons évidemment rien des éventuels problèmes de santé de Benoît XVI
mais il ne semble pas en tout cas que ses capacités intellectuelles soient altérées
puisque deux jours avant cette annonce il méditait quasiment sans notes la
première épître de saint Pierre avec les séminaristes de Rome ! Ce qui
est sûr en revanche, c’est que cette décision contribue à désacraliser la
fonction qu’il affirme incarner. En 1964 Paul VI avait déjà déposé la
tiare, ce qui était un geste fort. Celui de Benoît XVI en ce mois de février
2013 est tout aussi significatif. De même que depuis Vatican II les curés et
les évêques doivent prendre leur retraite à 75 ans et que les cardinaux sont
privés de droit de vote à partir de 80 ans révolus, l’occupant du siège de
Pierre prend désormais sa retraite tel un vulgaire PDG ! Les conséquences
de cette décision seront innombrables : dès que son successeur tiendra
des propos controversés, dès qu’il vieillira, on l’incitera à démissionner.
A terme, au rythme où vont les choses, on pourrait même envisager des mandats
limités dans le temps comme cela se fait dans les démocraties pour les différents
élus, de la mairie à la présidence de la République. Ce serait pousser la
logique démocratique et la collégialité conciliaire à leur paroxysme.
Certains
observateurs pensent que cette subite renonciation pourrait être liée à
l’affaire VatiLeaks, le majordome particulier de Benoît XVI, Paolo Gabriele,
ayant dérobé des documents confidentiels faisant notamment état de
corruption, de malversations, de népotisme et de favoritisme dans la gestion
des biens immobiliers de la cité vaticane. D’aucuns affirment que la décision
de Benoît XVI s’expliquerait en grande partie par l’échec, au moins
temporaire, des pourparlers avec la Fraternité Saint-Pie X. Depuis son élection
le 19 avril 2005, Josef Ratzinger avait entrepris de “normaliser” l’œuvre
fondée par Mgr Lefebvre. En recevant son supérieur général Mgr Fellay à
Castel Gandolfo en août 2005. En promulguant en juillet 2007 le Motu
Proprio SummorumPontificum faisant de la messe tridentine (cependant modifiée
par les réformes de Jean XXIII) une « forme
extraordinaire » du rite romain. En levant en janvier 2009 les
excommunications des quatre évêques sacrés par le fondateur de la Fraternité
Saint-Pie X. En organisant des colloques doctrinaux avec les “lefebvristes”
entre 2009 et 2011. En proposant la signature d’un préambule doctrinal en échange
de l’octroi d’une prélature personnelle. Ces efforts qui ont failli être
couronnés de succès en juin 2012 ont finalement été vains. Tout comme,
semble-t-il, la dernière lettre de Mgr Di Noia envoyée en janvier par
l’entremise de Menzingen à tous les prêtres de la FSSPX. Les dirigeants de
la commission Ecclesia Dei, Müller et
Di Noia, auraient d’ailleurs fixé un ultimatum au 22 février, soit quelques
jours seulement avant le départ de Benoît XVI (étrange coïncidence !)
pour que Mgr Fellay acceptât le préambule doctrinal du 13 juin 2012. Cet échec
si, comme c’est probable, il se confirme est une défaite cinglante pour Benoît
XVI qui avait mis au centre de ses préoccupations et de son action la résolution
du « problème FSSPX».
VERS DE NOUVEAUX BOULEVERSEMENTS
Quoi
qu’il en soit des raisons réelles de cette abdication, compte tenu de
l’atmosphère anti-chrétienne dans laquelle évolue le monde, on peut
s’attendre dans les années et décennies qui viennent à de terribles
bouleversements. Voici ce que l’on pouvait lire il y a quelques jours dans Le
Monde, quotidien de la bien-pensance, sous la plume du socilogue Eric Fassin :
« Ainsi, l’Eglise catholique est
aujourd’hui, en tout cas en France, le seul employeur qui affiche fièrement
une discrimination homophobe à l’embauche — au mépris du droit. [...] L’Eglise
catholique est-elle homophobe ? Ce sera aux tribunaux d’en juger, dès qu’un
séminariste alsacien ou mosellan, écarté de la carrière ecclésiastique,
aura porté plainte contre une telle discrimination dans l’emploi. Ce pourrait
être l’occasion de contester une autre exclusion, tellement familière que la
justice oublie de s’en soucier : les femmes sont interdites de sacerdoce.
Peut-être le Vatican aura-t-il intérêt à moins se mêler de politique,
s’il ne veut pas qu’en retour l’Etat se mêle davantage de ses affaires. »
Cela paraît fou mais la perspective de légaliser une union contre-nature ne
paraissait-elle pas insensée il y a trente ans ? Les anti-chrétiens
cachent d’ailleurs de moins en moins leur fanatisme. La
une de Libération, le mercredi
des Cendres, était volontairement blasphématoire : « Après le pape : Dieu démission ! » La veille, les
lesbiennes hystériques du mouvement Femen entraient à Notre-Dame, torse nu, et
se jetaient sur les cloches flambant neuves exposées dans la nef en braillant
des slogans anticatholiques, avant de se mettre à genoux et de singer le signe
de Croix.
Ne
nous leurrons pas, le pire est devant nous d’autant que l’on ne saurait
attendre d’un aréopage de fieffés modernistes la moindre espérance de
redressement tant d’ailleurs sur le plan temporel que spirituel.
Jérôme BOURBON.
RIVAROL
daté du vendredi 15 février 2013.
Editions des Tuileries, 82 boulevard Masséna, 75013 Paris.
Editions des Tuileries, 82 boulevard Masséna, 75013 Paris.