SOURCE - Fideliter (n° 213) - mai-juin 2013
Ces voeux solennels sont les premiers depuis le déménagement en 2008 du monastère de Notre-Dame-de- Toute Confiance (Lamairé) à Perdechat près de Bellaigue. Trois religieuses se sont engagées pour toujours dans la phalange de saint Benoît, troquant leur voile blanc pour le voile noir, couleur du renoncement et de la mort au monde. Leur église de Perdechat étant en grands travaux, c'est dans l'abbatiale des moines, leurs voisins, que se déroula la cérémonie, devant une belle assemblée de parents et amis, malgré les frimas, le gel et la neige qui ont agrémenté cet hiver.
La consécration des vierges remonte aux temps antiques du IV° siècle. D'abord pour toute religieuse dans le monde, la cérémonie fut ensuite réservée aux soeurs cloîtrées, mais finit par être abandonnée auXII° siècle, au temps de sainte Gertrude, sauf chez les cisterciennes et les chartreuses. Dom Guéranger devait restaurer cette consécration au xixe siècle, l'unissant à l'émission des voeux perpétuels. Cette longue cérémonie, chantée de bout en bout, rassemble des textes de la tradition chrétienne et monastique la plus vénérable : la remarquable préface consécratoire, composée par saint Léon le Grand pour la consécration de sa propre soeur, en est le sommet, mais aussi une dizaine d'antiennes tirées de l'office de sainte Agnès, leur modèle, avec le célèbre Veni, sponsa Christi. Les religieuses étant assimilées à des diacres, la consécration se place au coeur de la messe entre le graduel et l'alléluia. Les vierges s'avancent, cierge en main – les vierges sages de l'Évangile – et se prosternent durant les litanies des saints. Elles sont consacrées par la préface puis reçoivent les insignes, voile, coule, anneau, couronne de fleurs et enfin le bréviaire car, comme les diacres, elles sont appelées à chanter les louanges divines pour l'Église ex officio.
Cette consécration, propre à l'ordre bénédictin, s'accomplit dans la neuvième année de vie religieuse, après six ans de voeux temporaires. Déjà pour l'an prochain, s'annonce une nouvelle consécration, mais dans l'immédiat, deux religieuses émettront leurs voeux temporaires à la Pentecôte et deux recevront l'habit des mains de Mgr Alfonso de Galarreta, le 1er juin.
Dans son sermon, le père Placide a insisté sur le mystère de l'église, épouse sans tache ni ride du Christ Sauveur, ce que la vierge consacrée a pour mission de rendre visible au coeur de la chrétienté. Ainsi sont affermis les autres membres du corps mystique alors qu'ils cheminent in via.
Au sein du cloître bénédictin, cette vie déjà céleste, que la couronne de fleurs représente au mieux, est la lumière même des Béatitudes de l'Évangile qui donne à tous l'assurance qu'en elles, qu'en nous, « la grâce n'a pas été vaine ».
Extrait de Fideliter n° 213