SOURCE - Abbé Christian Bouchacourt - Iesus Christus N°143 - juillet-septembre 2013
Comme le dit saint
Thomas d’Aquin dans son “de Regno”, traité sur le
gouvernement des princes de ce monde, à la différence des minéraux, des
végétaux et des animaux, l’homme n’est pas déterminé à atteindre sa fin. La
pierre, reste immobile tant que personne ne la déplace, le pépin de pomme
donnera nécessairement un pommier et l’animal mû par son unique instinct,
atteindra immanquablement la fin que le Créateur lui a assignée. Pour l’homme
c’est différent, car créé libre, doté d’un libre arbitre, il a le pouvoir de se
dérober au plan divin et de s’éloigner du but que Dieu lui a fixé.
L’homme n’est pas autosuffisant, il est un « animal
social » qui a besoin de la société pour vivre. Afin de le préserver
de possibles égarements, une autorité au dessus de lui, un chef exemplaire
qu’il admire et qui sera le garant de l’unité et de la prospérité de la société
dans laquelle il évolue, l’aidera et le protégera
De même, parce qu’elle est un corps social immense composée d’individus très différents, appartenant à des cultures diverses, l’humanité a besoin d’une tête parfaite, d’une autorité qui saura faire l’unité autour d’elle. Cette tête c’est le Christ-Roi, Dieu fait homme, Créateur et maître de toutes choses. Il a conquit les âmes au prix de son Sang afin de leur communiquer sa vie ici bas et leur ouvrir le Ciel.
Le Christ-Roi veut régner ! Il exprime cette volonté dans la prière du Notre Père composée par lui-même et que nous récitons chaque jour : « Adveniat regnum tuum, que votre règne arrive ». Il veut conquérir les âmes, les familles, les sociétés et le monde entier. Pour étendre son sceptre sur l’univers, il a envoyé ses apôtres et ses disciples enseigner toutes les nations. Cette mission, les prêtres, les missionnaires la perpétuent depuis plus de deux mille ans et elle ne prendra fin que lorsque le Roi des rois reviendra dans la gloire au dernier jour pour juger les vivants et les morts.
De même, parce qu’elle est un corps social immense composée d’individus très différents, appartenant à des cultures diverses, l’humanité a besoin d’une tête parfaite, d’une autorité qui saura faire l’unité autour d’elle. Cette tête c’est le Christ-Roi, Dieu fait homme, Créateur et maître de toutes choses. Il a conquit les âmes au prix de son Sang afin de leur communiquer sa vie ici bas et leur ouvrir le Ciel.
Le Christ-Roi veut régner ! Il exprime cette volonté dans la prière du Notre Père composée par lui-même et que nous récitons chaque jour : « Adveniat regnum tuum, que votre règne arrive ». Il veut conquérir les âmes, les familles, les sociétés et le monde entier. Pour étendre son sceptre sur l’univers, il a envoyé ses apôtres et ses disciples enseigner toutes les nations. Cette mission, les prêtres, les missionnaires la perpétuent depuis plus de deux mille ans et elle ne prendra fin que lorsque le Roi des rois reviendra dans la gloire au dernier jour pour juger les vivants et les morts.
“Oportet illum regnare, dit saint Paul, «
il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait placé tous ses ennemis sous ses pieds
».(1) De la réussite de
cette mission dépend la paix et l’ordre du monde entier et le salut de
l’humanité dans l’éternité. Le Pape
Pie XI l’a exprimé magnifiquement dans son encyclique “Quas primas” :
« Si les hommes venaient à reconnaître l'autorité royale du Christ dans leur vie privée et dans leur vie publique, des bienfaits incroyables - une juste liberté, l'ordre et la tranquillité, la concorde et la paix - se répandraient infailliblement sur la société tout entière. En imprimant à l'autorité des princes et des chefs d'Etat un caractère sacré, la dignité royale de Notre Seigneur ennoblit du même coup les devoirs et la soumission des citoyens ».(2)
« Si les hommes venaient à reconnaître l'autorité royale du Christ dans leur vie privée et dans leur vie publique, des bienfaits incroyables - une juste liberté, l'ordre et la tranquillité, la concorde et la paix - se répandraient infailliblement sur la société tout entière. En imprimant à l'autorité des princes et des chefs d'Etat un caractère sacré, la dignité royale de Notre Seigneur ennoblit du même coup les devoirs et la soumission des citoyens ».(2)
Au lendemain de la Révolution française, alors que le règne
du Christ était attaqué de toutes parts, alors que les malheurs ne cessaient de
fondre sur l’humanité, les papes jusqu’à Pie XII ont unanimement rappelé qu’aucune paix véritable
n’était possible hors de Jésus-Christ :
“« La reconnaissance des droits royaux du Christ et le retour des individus et de la société à la loi de sa vérité et de son amour sont la seule voie de salut ».(3)
“« La reconnaissance des droits royaux du Christ et le retour des individus et de la société à la loi de sa vérité et de son amour sont la seule voie de salut ».(3)
Saint Pie X affirmait
avec une admirable clarté cette même vérité :
« Sans doute, le désir de la paix est dans tous les cœurs,
et il n'est personne qui ne l'appelle de tous ses vœux.Mais cette paix, insensé qui la cherche en
dehors de Dieu car, chasser Dieu, c'est bannir la justice ; et,
la justice écartée, toute espérance de paix devient une chimère. La paix est
l'œuvre de la justice). Il en est, et en grand nombre, Nous ne l'ignorons pas,
qui, poussés par l'amour de la paix, c'est-à-dire de la tranquillité de
l'ordre, s'associent et se groupent pour former ce qu'ils appellent le parti de
l'ordre. Hélas ! Vaines espérances, peines perdues ! De partis d'ordre capables de rétablir la
tranquillité au milieu de la perturbation des choses, il n'y en a qu'un : le
parti de Dieu. C'est donc celui-là qu'il nous faut promouvoir ; c'est
à lui qu'il nous faut amener le plus d'adhérents possible, pour peu que nous
ayons à cœur la sécurité publique ».(4)
Il est cependant douloureux de constater que ce discours
clair ait disparu aujourd’hui de la bouche des autorités de l’Eglise
catholique. Au nom de la liberté religieuse exaltée lors du Concile Vatican II,
plus personne ne défend les droits de Dieu sur les hommes et la société. Hier,
les papes demandaient aux gouvernants de protéger et soutenir l’Eglise ainsi
que de conformer les lois civiles à la loi divine exprimée dans les
commandements. Aujourd’hui, tout s’est inversé ! Le Saint Siège ne demande plus
aux autorités civiles que la liberté pour l’Eglise catholique, celle de
coexister aux côtés des autres religions. Lisez ces mots du Pape Paul VI adressés aux
gouvernants :
« Que demande-t-elle de vous, cette Eglise, après deux mille ans bientôt de vicissitudes de toutes sortes dans ses relations avec vous (…) elle ne vous demande que la liberté. La liberté de croire et de prêcher sa foi, la liberté d’aimer son Dieu et de le servir, la liberté de vivre et de porter aux hommes son message de vie ».(5)
« Que demande-t-elle de vous, cette Eglise, après deux mille ans bientôt de vicissitudes de toutes sortes dans ses relations avec vous (…) elle ne vous demande que la liberté. La liberté de croire et de prêcher sa foi, la liberté d’aimer son Dieu et de le servir, la liberté de vivre et de porter aux hommes son message de vie ».(5)
Hier les Papes demandaient aux états de revenir au Christ
pour recouvrer la paix et la tranquillité, aujourd’hui le Pape François propose comme seul
remède aux maux de notre époque, le dialogue et la rencontre. Voyez ce qu’il
disait lors des dernières Journées Mondiales de la Jeunesse au cours desquelles
la liturgie a été massacrée et la sainte Eucharistie outragée :
« L’unique façon de grandir pour une personne, pour une famille, une société, l’unique manière pour faire progresser la vie des peuples, est la culture de la rencontre, une culture dans laquelle tous aient quelque chose de bon à donner et tous peuvent recevoir quelque chose de bon en échange (…) aujourd’hui, ou bien on mise sur la culture de la rencontre, ou bien tous perdent ; parcourir la voie juste rend le chemin fécond et juste ».(6)
Si le Christ, Prince de la paix est banni de ces rencontres,
alors elles seront stériles. Ce seront des réunions mondaines comme le sont ces
rencontres œcuméniques qui sont une insulte envers le Christ-Roi parce qu’elles
mettent la seule et unique Eglise fondée par Jésus-Christ sur le même pied
d’égalité que celles que des hérétiques et des schismatiques en rébellion ont
fondées durant l’histoire. Dans ces rencontres il n’est jamais question de
convaincre ceux qui sont hors de l’Eglise d’y entrer… Seul compte le dialogue !
Cependant, l’Eglise a toujours enseigné que le Christ n’est pas une option,
mais La solution pour
sauver l’humanité tout entière du chaos vers lequel elle se précipite. Certes,
dans certains de ses discours, le Pape François demande bien aux hommes de
revenir à Jésus-Christ, mais « au nom d’une saine laïcité ». Il
n’a jamais invité les états et les gouvernants à revenir au Christ-Roi. Le
Christ doit-il demeurer dans la sphère privée ? La réponse est : « Non!
».
Œuvrer à l’extension du Royaume du Christ-Roi, n’est-ce pas
une action réservée à ceux qui se consacrent à la politique ? Non, car tout
catholique a une vocation politique. La mère de famille qui éduque ses enfants,
l’infirmière ou le médecin qui soignent les malades avec patience, le
professeur qui enseigne à l’école ou à l’université, le vieillard qui offre ses
souffrances pour la persévérance ou la conversion de ses enfants et petits
enfants, œuvrent pour la cité et travaillent, chacun à sa place, à la défense
et à l’extension du Règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ pourvu qu’ils
le fassent animés de la grâce de Dieu. Qu’est ce que la sainteté sinon le Règne
du Christ-Roi réalisé dans une âme en raison de sa fidélité à la grâce.
Les saints, même ceux qui vivaient cloîtrés, par leur
sainteté personnelle, leur exemple et leur zèle ont eu un rôle social éminent.
Ils ont contribué à l’extension du Règne du Christ-Roi, en étant le levain dans
la pâte dont parle l’Evangile. Saint
Bernard de Clairvaux, appelant à la croisade ou sainte Thérèse de L’Enfant Jesus,
patronne des missions au fond de son couvent ont chacun travaillé à l’extension
du Règne du Christ. Saint Pierre
Julien Eymard disait « Un saint garde et sauve son pays ;
sa prière et ses vertus sont plus puissantes que toutes les armées de la terre
».(7)
N’oublions jamais que toute activité apostolique doit partir
du Christ et revenir au Christ. « Sans moi vous ne pouvez rien faire » (8) nous dit-il. Sans cette
protection et cette force de la grâce divine que nous obtiendrons par le moyen
de la prière, de la pénitence et des sacrements, nous ne pourrons ni agir avec
efficacité ni résister efficacement à Satan, à ses pompes et à ses œuvres.
C’est spécialement au pied de l’autel que nous recevrons les grâces nécessaires
pour nous mettre au service du Christ-Roi. Rien n’est plus apostolique que la
messe. Elle répand dans les âmes et sur le monde les bienfaits de la
Rédemption, c'est-à-dire la charité du Christ. La civilisation chrétienne en
est le fruit. La destruction de la messe catholique avec le Novus ordo Missæ a porté un coup décisif à la
chrétienté. La restauration de cette dernière ne se fera pas sans que la messe
traditionnelle, qui a sanctifié tant d’âmes et de sociétés, soit remise à
l’honneur dans toute l’Eglise. La messe est l’acte suprême du Christ-Roi par
lequel il continue quotidiennement d’agir dans le monde.
Que le Christ-Roi règne aussi dans vos familles. Consacrez
vos foyers au Sacré Cœur et que les chefs de famille veillent à renouveler
cette consécration chaque année. Que la vie de vos familles soit irriguée par
la prière commune, le chapelet récité chaque jour et que l’esprit de sacrifice
soit bien ancré dans vos âmes, chers parents ainsi que dans celles de vos
enfants. Alors vos foyers seront des îlots de sainteté invincibles aux attaques
du monde moderne. Parents catholiques, vous avez un rôle capital à tenir dans
la chrétienté. Si le Christ-Roi ne règne pas dans vos foyers, alors il est vain
d’espérer qu’il règnera dans la société.
Nous voulons aussi que la société retrouve le chemin de la
paix et de la justice, mais pour cela elle-même doit revenir au Christ-Roi. Pie
XI l’a remarquablement exprimé dans son encyclique « Quas primas » :
« Nous proclamons ouvertement deux choses: l'une, que ce
débordement de maux sur l'univers provient de ce que la plupart des hommes ont
écarté Jésus-Christ et sa loi très sainte des habitudes de leur vie
individuelle aussi bien que de leur vie familiale et de leur vie publique;
l'autre, que jamais ne pourra luire une ferme espérance de paix durable entre
les peuples tant que les individus et les nations refuseront de reconnaître et
de proclamer la souveraineté de notre Sauveur (…) Pour ramener
et consolider la paix, Nous ne voyions pas de moyen plus efficace que de
restaurer la souveraineté de Notre Seigneur ». Ces paroles se font
l’écho de celles que prononça Saint Pie X vingt ans plus tôt : «
Restaurer toutes choses dans le Christ ». (9)
Le Christ est l’âme de toute société. Sans Lui, elle n’est
qu’un cadavre qui se décompose lentement. Prions donc pour que les détenteurs
de l’autorité relèvent leurs regards vers Celui qui est la source de toute
autorité : le Christ-Roi. Ils ont rejeté ce Roi, ils doivent revenir à Lui.
« Dieu et Jésus-Christ ayant été exclus de la législation
et des affaires publiques, et l'autorité ne tenant plus son origine de Dieu
mais des hommes, il arriva que (…) les bases mêmes de
l'autorité furent renversées dès lors qu'on supprimait la raison fondamentale
du droit de commander pour les uns, du devoir d'obéir pour les autres.
Inéluctablement, il s'en est suivi un ébranlement de la société humaine tout
entière, désormais privée de soutien et d'appui solides ». (10)
Que les chefs d’états recentrent leur autorité sur le Christ,
source de toute autorité sur la terre. Alors ils seront respectés, Dieu bénira
les nations dont ils ont reçu la charge et rendra fécond leurs efforts de
gouvernement.
L’apostasie
générale actuelle des nations à laquelle nous assistons rend
cet idéal humainement impossible à réaliser. Cependant, il n’existe pas d’autre
recours pour sauver l’humanité qui court à sa perte. La lutte est titanesque et
nous dépasse, mais nous devons avoir foi dans les secours divins. Dieu est Dieu
! La société civile ne peut espérer sa guérison que si les hommes d’Eglise et
les autorités civiles recouvrent la foi en la Royauté du Christ qui veut régner
sur l’univers entier. Toute autre solution ne sera qu’un cautère sur une jambe
de bois. Il faut pour cela que le pape, les évêques et les prêtres se
réapproprient la doctrine sociale enseignée jusqu’à Pie XII et persuadent les
gouvernants de cette vérité. Sans cette conversion des autorités civiles et
religieuses, toute restauration véritable et durable s’avérera impossible.
Monseigneur
Lefebvre n’a cessé d’enseigner cette foi dans le Christ–Roi
dont il fut le héraut. Voici ce qu’il disait lors d’un sermon :
« Il n’y a qu’un nom sur la terre pour transformer les
âmes, la civilisation, et même les corps, la société, et l’économie. C’est le
nom de Jésus-Christ. Il n’y a pas à chercher ailleurs. On veut transformer la
société ; on veut la rendre vivable, on veut la rendre sainte ; on veut la
rendre même économiquement saine, politiquement saine : le moyen, c’est Notre
Seigneur Jésus-Christ. Je suis reparti de l’Afrique avec cette conviction qu’il
n’y avait qu’un moyen de sauver les âmes et en même temps de leur donner une
civilisation chrétienne ici-bas, de les faire participer un peu ici-bas au
bonheur du Ciel par le bonheur que donne la grâce : c’est le règne de Notre
Seigneur Jésus-Christ ».(11)
C’est par nos prières, nos sacrifices, par l’exemple d’une
vie sainte que les Cœurs de Jésus et de Marie se laisseront toucher et
règneront. Alors au travail et que Dieu vous bénisse !
Padre Christian
Bouchacourt,
Superior de
Distrito América del Sur
----------
1. I Cor.
15, 25.
2. Pie XI : Encyclique “Quas
primas”, du 11 décembre 1925.
3. Pie XII : Encyclique “Summi pontificatus”, du 23 octobre 1939.
4. Saint Pie X : Encyclique “E supremi apostolatus”, du 4 octobre 1903.
5. Paul VI : «
Message aux gouvernants », du 8 décembre 1965.
6. Pape François : «
Discours aux décideurs politiques, économiques, financiers et religieux du
Brésil », le 27 juillet 2013.
7. Saint Pierre Julien
Eymard : “La divine eucharistie, première série”, La Présence
Réelle, p. 35.
8. Saint Jean, 15, 5.
9. Saint Pie X: Encyclique “E
supremi apostolatus”, du 4 octobre 1903.
10. Pie XI: Encyclique “Quas
primas”.
11. Mgr Marcel Lefebvre:
Homélie donnée à Zaitzkofen le 15 février 1987.