SOURCE - Abbé Christian Bouchacourt, fsspx - Fideliter (éditorial) - juillet-août 2016
Imaginons deux hommes de même constitution ayant subi le même grave accident qui les a menés aux portes de la mort. Si nous revenons quinze jours plus tard à l’hôpital, nous serons sans doute étonnés d’apprendre que l’un est mort, tandis que l’autre semble ressuscité. Que s’est-il passé ? Le premier, anéanti par la souffrance, s’est laissé emporter sur la pente douce de l’endormissement fatal. Le second, lui, a refusé de mourir, tout son être s’est mobilisé pour faire « repartir la machine », une véritable rage de vivre l’a envahi et a donné à son corps l’énergie nécessaire pour que les médicaments produisent un effet inespéré, pour que la mort recule craintivement.
Imaginons deux hommes de même constitution ayant subi le même grave accident qui les a menés aux portes de la mort. Si nous revenons quinze jours plus tard à l’hôpital, nous serons sans doute étonnés d’apprendre que l’un est mort, tandis que l’autre semble ressuscité. Que s’est-il passé ? Le premier, anéanti par la souffrance, s’est laissé emporter sur la pente douce de l’endormissement fatal. Le second, lui, a refusé de mourir, tout son être s’est mobilisé pour faire « repartir la machine », une véritable rage de vivre l’a envahi et a donné à son corps l’énergie nécessaire pour que les médicaments produisent un effet inespéré, pour que la mort recule craintivement.
Ce qui a fait la différence entre les deux, c’est la vitalité de leur âme. Chez l’un, elle était comme fatiguée de lutter, de souffrir. L’autre, au contraire, a mis en pratique la devise du maréchal de Lattre de Tassigny : « Ne pas subir ».
Notre France est malade : c’est une trivialité de le constater. Contre cette langueur mortelle, « on a tout essayé », diraient les politiques : plus de droits de l’homme, plus de socialisme, de libéralisme, plus de laïcité, de « vivre ensemble », de « valeurs républicaines », de démocratie... Mais rien n’y fait. La maladie continue de progresser.
Le problème, c’est que tous les remèdes proposés concernent le corps de la France. Il est vrai que notre pays souffre de difficultés économiques, de tensions sociales, d’une immigration incontrôlée, d’insécurité et de terrorisme, d’un chômage massif. Mais ceci n’est que la conséquence d’un mal plus profond et, faute de soigner celui-ci, on administre d’inutiles emplâtres.
Si la France est malade, ce n’est pas d’abord du chômage ou de la crise économique : c’est que son âme est blessée, altérée. Guérissez son âme, et la France revivra. Rendez-lui son âme, et les problèmes que connaît notre pays (et ils existent, bien sûr) trouveront une solution.
L’âme de la France est chrétienne. On peut tourner le problème de tous les côtés, on peut discuter pendant cent sept ans, on ne sortira pas de cette évidence solaire : l’âme de la France est chrétienne. Or, ce qui a constitué le geste fondateur de la modernité en France, c’est précisément la rupture entre le Christ et la France, lors de la Révolution. À partir de ce jour, parce que la racine de sa vitalité était coupée par le laïcisme, notre pays est comme entré en agonie.
Les effets les plus graves de cette rupture mortelle ne sont néanmoins pas apparus tout de suite : car la France vivait sur l’élan de la chrétienté. Les institutions issues du christianisme étaient encore largement en place, les moeurs étaient imprégnées de christianisme.
Toutefois, de génération en génération, cette empreinte chrétienne s’est progressivement effacée.
Les moeurs se sont paganisées. La France a commencé à subir cette perte de mémoire historique et spirituelle, cette décomposition morale qui la caractérise aujourd’hui. Plus graves encore ont été les lois scélérates qui institutionnalisent le mal, l’installent dans la société comme une chose normale, depuis la loi Naquet sur le divorce, en 1884, jusqu’à la loi sur les unions infâmes, en passant par la loi Veil sur l’assassinat des enfants, sans oublier ces lois d’euthanasie qu’on nous promet.
Il restait toutefois une institution qui conservait intactes les traditions françaises : c’était l’Église. Hélas ! à partir des années cinquante, les hommes d’Église ont commencé à tourner le dos à leur devoir et à vouloir à tout prix rejoindre la modernité dans ce qu’elle a de plus contestable. Cette trahison des clercs s’est accélérée avec le concile Vatican II et la période qui l’a suivi, dont le symbole est mai 1968.
Cependant, ce processus de décadence, s’il est très grave, n’est pas irrémédiable. Si l’âme de la France est atteinte, elle n’est pas encore définitivement morte, car elle survit dans tous les Français qui veulent conserver la foi catholique et les traditions nationales.
Pour inverser ce processus, il faut impérativement que chaque Français conscient du drame que connaissent notre pays et notre civilisation travaille au salut de la France. Nous avons besoin d’évêques vraiment catholiques et « gardiens de la cité ». Nous avons besoin de prêtres zélés, humbles, fervents, missionnaires. Nous avons besoin d’hommes politiques clairvoyants, habiles, courageux et habités d’une foi profonde. Nous avons besoin de soldats catholiques, de chefs d’entreprise catholiques, d’ouvriers et de paysans catholiques, d’enseignants catholiques, de policiers catholiques, de juges catholiques, de médecins catholiques...
Bref, il faut que les catholiques se réapproprient les postes majeurs de notre pays, non pas pour se servir eux-mêmes, mais pour servir la France. Il faut que les chrétiens reconquièrent méthodiquement leur patrimoine national, pour le rendre au Christ-Roi. Il faut que les disciples de Jésus cessent de subir avec résignation et tremblement une dictature mentalement étrangère aux traditions françaises, pour refaire une France vraiment catholique, et par là pleinement française.
Abbé Christian Bouchacourt +, Supérieur du District de France de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X