SOURCE - Roman Larvor - Le Télégramme - 23 novembre 2016
Depuis le mois de septembre, un prêtre traditionaliste est autorisé à dire la messe en latin à l'église Saint-Mathieu de Quimper. Les fidèles sont quelques dizaines. Faut-il y voir une percée des opposants à la modernisation de l'église?
Depuis le mois de septembre, un prêtre traditionaliste est autorisé à dire la messe en latin à l'église Saint-Mathieu de Quimper. Les fidèles sont quelques dizaines. Faut-il y voir une percée des opposants à la modernisation de l'église?
Depuis le 11 septembre, l'abbé Loïc Courtois, de la Fraternité Sacerdotale
Saint-Pierre (FSSP), assure, chaque dimanche matin, à 10 h 30, une messe
traditionaliste à l'église Saint-Mathieu. L'abbé Courtois, qui réside à
Lanmeur dans une maison appartenant à sa société cléricale, anime
également une messe selon le même rituel, chaque dimanche à 18 h, à
Saint-Pol-de-Léon.
« L'abbé Courtois était à Bordeaux, d'où vient aussi l'évêque Mgr Dognin,
précise Yvon Gargam, chargé de la communication au diocèse. Ils se
connaissaient donc. Il a été chargé d'une messe pour tout le Sud-Finistère.
Il y avait ici une petite demande pour une messe traditionaliste. Une
soixantaine de personnes y assiste chaque dimanche ». À noter qu'un
autre prêtre assure également une messe, selon le même rite à Brest
depuis quelques années.
Issu du schisme de 1988
La FSSP a été créée en 1988. Il s'agit d'une scission de la Fraternité Saint
Pie X fondée en 1970 par Marcel Lefebvre, dans un registre intégriste. Cet
évêque fut excommunié en 1988 pour avoir nommé des évêques sans
autorisation de Rome (*).
Un groupe de prêtres qui n'avait pas accepté ce schisme a alors créé la
FSSP, restée dans le giron de l'Église sous l'autorité du Pape. Ils ont
néanmoins continué à suivre le rite antérieur à la réforme « moderniste »
de 1969 issue du concile de Vatican 2. Il s'agit du rite, pur et dur, romain
traditionnel, également appelé tridentin ou de Saint Pie V, défini au XVIe
siècle.
L'arrivée de prêtres traditionalistes est-elle une réponse à la faiblesse des
ordinations dans l'Église actuelle ? On compte aujourd'hui moins de 100
ordinations à l'année en France (79 cette année). Or, malgré leur faible
représentation, les traditionalistes fournissent 20 % de cet effectif. « Je ne
crois pas qu'il y a une orientation vers les traditionalistes, estime Yvon
Gargam. Rien ne permet de le dire ».
« Tant qu'ils restaient dans "l'opposition", ils ne présentaient pas grand
risque. Mais ils sont en train de franchir le cordon sanitaire qui protégeait
l'Église, estimait la revue catholique critique Golias, il y a quelques
années. Même si dans un premier temps, ils paraissent ne réclamer que le
droit de prier en latin, leur visée profonde est beaucoup plus radicale. Ils
contestent l'Église dans ses choix conciliaires, ou tout au moins dans ce
qu'il en reste. Bien évidemment, pour se faire accepter, ils ont encore le
profil discret, mais ils restent des "reconquérants" qui veulent restaurer
l'Église dans sa puissance dominatrice... ».
Notons que la Fraternité Saint Pie X pourrait aussi être reconnue par le
Pape prochainement.
(*) Dans le Finistère, il y a des communautés intégristes relevant de cette
mouvance à Brest, Guipavas, Plouigneau, Morlaix et au Trévoux.