SOURCE - Abbé Vincent Bétin, fsspx - Présent - Anne Le Pape - via fsspx.news - 22 mars 2018
Entretien avec M. l’abbé Vincent Bétin, de la Fraternité Saint-Pie X, directeur de l’école de Bailly. Article publié par Anne Le Pape dans le journal Présent du 22 mars 2018 et reproduit sur FSSPX.Actualités avec son aimable autorisation.
Entretien avec M. l’abbé Vincent Bétin, de la Fraternité Saint-Pie X, directeur de l’école de Bailly. Article publié par Anne Le Pape dans le journal Présent du 22 mars 2018 et reproduit sur FSSPX.Actualités avec son aimable autorisation.
Monsieur l’abbé, l’école a emménagé depuis quelque temps maintenant. Etes-vous content de la nouvelle implantation?
L’école Saint-Bernard est installée dans ses locaux actuels (5, rue de Chaponval, 78870 Bailly) depuis 2012 pour l’école primaire (anciennement école de l’Enfant-Jésus de Bailly, déménagement sous la direction de l’abbé Xavier Lefebvre) et 2013 pour l’école secondaire (déménagement sous la direction de l’abbé Bernard de Lacoste). Le bâtiment a été conçu comme une école capable de recevoir plus de 300 élèves ; nous n’avons pas eu d’aménagements importants à réaliser. Cette adaptation nous aide beaucoup dans le fonctionnement quotidien. Nous sommes en plus en bordure de la plaine de Versailles, ce qui offre à nos enfants de la verdure et de l’espace pour jouer. D’ailleurs, notre colonie de poules investit bruyamment les aires de jeux dès que les récréations sont terminées et nous donne, en plus des œufs, un côté champêtre très agréable.
Combien d’élèves accueillez-vous en vos murs?
Aujourd’hui, nous scolarisons 241 élèves, répartis ainsi : 158 en primaire et le reste dans le secondaire. Le déménagement de Courbevoie nous a coupés des élèves parisiens, qui étaient surtout dans les classes du secondaire. Le projet du Grand Paris nous offrira prochainement une possibilité de transport direct depuis Paris. Nous l’attendons avec impatience. Cependant, l’installation des religieuses dominicaines de Fanjeaux à dix minutes de notre école et la proposition d’une scolarisation des garçons et filles de nos familles, a déjà convaincu nombre d’entre elles de déménager à proximité. Cette offre complémentaire de scolarisation et le travail en bonne intelligence de ces deux écoles est un vrai atout pour les familles. Nous assurons l’aumônerie et les cours de catéchisme chez les sœurs dominicaines. L’an prochain, nous scolariserons plus de 260 élèves (les dominicaines accueilleront plus de 120 filles) et notre secondaire atteindra doucement des effectifs normaux. Il faut cependant veiller à ce que les effectifs restent proportionnés à nos objectifs d’école familiale ; pour l’instant, nous avons encore de la marge.
Le primaire est assuré par le petit Saint-Bernard, situé en plein cœur de Paris. Les élèves entrant en secondaire viennent-ils facilement jusqu’à Bailly?
Nous avons notre propre primaire, ce qui assure une continuité pour les enfants. Ce primaire est mixte, le temps que l’école des dominicaines ouvre tous les niveaux pour les filles. Pour nos garçons, le passage en sixième se fait naturellement.
Le « petit » Saint-Bernard de Paris (rue du Petit-Musc), au moment du déménagement du « grand » Saint-Bernard de Courbevoie, a été rebaptisé « Saint-Louis ». Nous recevons quelques enfants sortant du primaire de Saint-Louis. Nous espérons, avec les nouveaux transports en commun promis (!) en recevoir plus.
Envisagez-vous d’ouvrir un jour un internat, ou est-ce hors de question?
Pendant 20 ans, j’ai été directeur d’un internat. En arrivant à Bailly, j’ai découvert l’externat, son organisation, ses avantages et ses inconvénients. J’ai découvert une autre façon de s’occuper des enfants, reposant plus sur la collaboration avec les professeurs pour tout ce qui relève de l’éducation (en internat, nous avions plus de temps pour nous occuper des enfants le soir, ou les après-midi libres). L’internat ne me semble pas réalisable ici, faute de place, d’air et de calme. Mais l’Eglise a reçu du divin Maître cette mission d’enseigner et nous pensons que nous avons notre place pour réaliser cette mission ici. Il nous manque encore une grande et belle église pour donner la beauté de la liturgie à tous nos enfants. Aujourd’hui, l’école ne peut avoir de cérémonie commune… 240 élèves, avec leurs familles, ça fait du monde. Notre projet de vaste église a été autorisé par la mairie, malheureusement des recours, à notre avis abusifs, ont été déposés, nous attendons qu’ils soient réglés. Prions pour cela le bon saint Joseph.
Assurez-vous la formation dans toutes les sections (encore actuelles) pour le bac?
Nous entendons donner le meilleur à nos élèves. Les formations littéraires nous tiennent particulièrement à cœur. La richesse culturelle de notre région est un vrai atout. Je suis très heureux de voir nos élèves organiser d’eux-mêmes des sorties au théâtre ou à des expositions pour leur classe. Ce goût est donné par nos professeurs de lettres, d’histoire, mais aussi de sciences.
Aujourd’hui, nous proposons les filières littéraires et scientifiques, avec l’enseignement du grec et du latin. Tout le monde peut réussir ; bien sûr nous visons l’excellence dans les résultats, mais nous souhaitons que chaque enfant réussisse à la hauteur des talents qu’il a reçus du Bon Dieu. Nos anciens nous honorent par les grandes écoles qu’ils ont pu intégrer, mais aussi par leur épanouissement dans leur métier et dans leur famille. Nous sommes catholiques, donc universels.
Que pensez-vous des lois envisagées sur le hors contrat? Craignez-vous pour l’avenir de votre école?
Dans mon ancienne affectation, j’ai eu l’honneur d’ouvrir un lycée professionnel (le lycée P. Vrau de la Martinerie) ; je l’ai dirigé pendant quatre ans. La loi sur l’ouverture d’un établissement professionnel est très exigeante : c’est normal, les formations professionnelles sont potentiellement dangereuses pour les enfants et nous relevons d’autres ministères que celui de l’Education. Les nouvelles lois sur les établissements hors contrat sont plus sévères quant à l’ouverture. Ces nouvelles exigences nous obligent à plus d’excellence encore. Nous pouvons comprendre ces nouvelles normes, tout en espérant que cela n’entraîne pas une restriction de notre liberté scolaire. Nos programmes se veulent complets dans l’enseignement des lettres, ou de la philosophie, ou de l’histoire, ou encore de l’enseignement religieux (histoire sainte, sainte Ecriture, doctrine, selon ce que l’Eglise a fait depuis toujours). Cette différence qui nous est propre et, nous le pensons, un véritable atout, a été prise en compte jusqu’à présent par les différentes inspections.
Quel est le bagage le plus important à faire passer à vos élèves, à vos yeux?
Le chrétien est un homme de foi, dont la vie est une vie sacramentelle profondément enracinée dans la messe de toujours. C’est ce qui permet à nos enfants de s’insérer le mieux possible dans le monde ; nous sommes convaincus des paroles de saint Paul lorsqu’il parle des chrétiens en les appelant « fils de lumière » : « Voilà tout ce que produit la lumière : c’est tout ce qui est bon, tout ce qui est juste, tout ce qui est vrai. » Nous travaillons à ça, c’est notre service pour notre mère la sainte Eglise. Nous le faisons avec l’aide de la grâce et sous la direction du divin Maître. Après, c’est Dieu qui couronne nos efforts.
Propos recueillis par Anne Le Pape