SOURCE - FSSPX Actualités - 28 mars 2018
En déplacement à Pietrelcina et San Giovanni Rotondo le 17 mars 2018, le pape François a invité les fidèles à se mettre à l’école du Padre Pio et a dénoncé le fait que de nos jours les enfants mal formés soient rejetés « avec un raffinement de cruauté qui n’a rien à envier à l’antique cité de Sparte ».
En déplacement à Pietrelcina et San Giovanni Rotondo le 17 mars 2018, le pape François a invité les fidèles à se mettre à l’école du Padre Pio et a dénoncé le fait que de nos jours les enfants mal formés soient rejetés « avec un raffinement de cruauté qui n’a rien à envier à l’antique cité de Sparte ».
Un des temps forts du voyage pontifical fut la visite de l’hôpital fondé par le capucin sous le nom de « Maison du soulagement de la souffrance ». François a pu franchir le seuil du département d’oncologie-hématologie pédiatrique et rencontrer dix-huit enfants malades.
Après sa visite à l'hôpital, le Saint-Père s’est recueilli devant la dépouille du Padre Pio. Celle-ci demeure dans un état de conservation exceptionnel. Sur la châsse en verre, le pape a déposé une étole pastorale. Le vicaire du Christ a ensuite célébré la messe devant 30.000 fidèles. Dans son homélie, François a appliqué trois leçons tirées des textes liturgiques au saint de Pietrelcina.
Un modèle pour adorer Dieu dans la prière
D'abord la prière. Padre Pio fut un modèle de persévérance dans la prière, et il encourageait ses nombreux visiteurs à ne jamais se lasser de prier beaucoup. La prière n'est pas seulement ni d'abord une demande pour obtenir la satisfaction d'un besoin, un « appel d’urgence » ou un « tranquillisant à prendre à doses régulières, pour se soulager du stress », mais premièrement le moyen d'adorer et de louer Dieu. François a déploré que la prière d'adoration ait été mise de côté. - à qui la faute ? La pauvreté liturgique actuelle n'est-elle pas responsable en bonne partie de l'abandon de l'esprit de vérité et d'adoration dans le culte rendu à Dieu ?
Le Padre Pio fonda des groupes de prière pour encourager les fidèles du monde entier. Il leur expliquait lors d'un Congrès, en 1966 : « C’est la prière, cette force unie de toutes les âmes bonnes, qui fait bouger le monde, qui renouvelle les consciences, […] qui guérit les malades, qui sanctifie le travail, qui élève les soins de santé, qui donne la force morale, qui répand le sourire et la bénédiction de Dieu sur toute langueur et toute faiblesse ».
Un modèle pour protéger les petits et les humbles de ce monde
Ensuite la petitesse, c'est-à-dire l'humilité du cœur et de l'esprit. Dieu se révèle aux petits, à ceux qui ne sont pas pleins d'eux-mêmes. A l’exemple du Padre Pio, il faut vivre dans l’humilité, car « le cœur des petits est comme une antenne qui capte le signal de Dieu, (…) mais lorsqu’on est rempli de sa superbe, il n'y a pas de place pour Dieu ». D’ailleurs, a ajouté le pape, « le mystère de Jésus, tel que nous le voyons dans l'hostie à chaque Messe, est un mystère de petitesse, d'amour humble, et ne peut être saisi qu'en se faisant petit et en assistant les petits ».
Padre Pio fonda la Maison du soulagement de la souffrance pour venir en aide aux malades et aux plus fragiles. Le pape en a profité pour dénoncer « les prophètes de la mort de toute époque, même d’aujourd’hui, qui rejettent le peuple, rejettent les enfants, les personnes âgées, parce qu’ils sont inutiles. » Et de rapporter ce souvenir d'enfance : « à l’école, on nous enseignait l’histoire des spartiates. J’ai toujours été frappé par ce que nous disait la maîtresse : quand un petit garçon ou une petite fille naissait avec des malformations, ils l’emmenaient au sommet de la montagne et le précipitaient en bas ». L'application est aisée : « nous faisons de même, avec plus de cruauté, avec plus de science. Ce qui n’est pas utile, ce qui ne produit pas doit être jeté. C’est la culture du rebut ; aujourd’hui, on ne veut pas des petits. Et c’est pour cela que Jésus est laissé de côté ».
Un modèle de vraie sagesse
Enfin la sagesse. Le Padre Pio a vécu de la vraie sagesse, celle de « la charité animée par la foi » qui triomphe du mal « par l'humilité, par l'obéissance, par la croix, offrant sa souffrance par amour ». Ayant « offert sa vie et ses innombrables souffrances », le saint de Pietrelcina « était un apôtre du confessionnal » parce que c'est là que pour la plupart « commence et recommence une vie sage, aimée et pardonnée. » C’est là que commence la guérison du cœur, a conclu François, déplorant que « tout le monde l’admire, mais que bien peu nombreux sont les chrétiens qui l’imitent ». Et de résumer son hommage au Padre Pio : « Les groupes de prière, les malades de la Maison du Soulagement, le confessionnal ; trois signes visibles qui nous rappellent trois précieux héritages : la prière, la petitesse et la sagesse de la vie ».
Un aspect de la vie du Padre Pio qui n'est pas mis en avant est sa grande défiance vis-à-vis du parfum des nouveautés qui envahissait l'Eglise à la faveur du concile Vatican II. Ce saint religieux se méfiait de l'aggiornamento conciliaire et craignait qu'il produise l'abandon de l'authentique vie franciscaine. Le 3 septembre 1965, en la fête de saint Pie X, il obtenait la permission de continuer à célébrer la messe en latin et de ne pas se plier aux nouvelles règles liturgiques, annonciatrices du nouveau rite qui devait être promulgué quatre ans plus tard. « Jusqu'à la fin de sa vie, écrit le Père Jean Derobert, Padre Pio aura célébré la Messe tridentine, celle de son ordination ».
En 1968, au général des capucins venu lui confier le Chapitre général réuni pour appliquer le Concile, il répondra en s'agaçant : « Ce ne sont que bavardages et ruines ! » Quatre mois plus tard, il écrivait au pape Paul VI, le 12 septembre 1968 : « Je prie le Seigneur que l'ordre des capucins continue dans sa tradition de sérieux et d'austérité religieuse, de pauvreté évangélique, d'observance de la règle et des constitutions, tout en se renouvelant dans la vitalité et l'esprit intérieur selon les directives du concile Vatican II » (cf. Mgr Tissier de Mallerais, Marcel Lefebvre, une vie, pp. 391-392). Pieusement décédé le 23 septembre 1968 à San Giovanni Rotondo, il n'eut pas à connaître la nouvelle messe ni les déchirements de l'adaptation au monde voulut par le Concile : abandon de la vie religieuse, des traditions de son ordre et de la règle qu'il chérissait tant.
La veille de sa mort, il avait célébré son ultime messe – celle du cinquantenaire de ses stigmates qui le configurèrent, sa vie durant, à la divine Victime qu'il offrait quotidiennement à l'autel.