28 mars 2018

[Jérôme Bourbon - Rivarol] Nos deuils: Monsieur le Curé Jean Siegel (1925-2018)

SOURCE - Jérôme Bourbon - Rivarol - 28 mars 2018

Monsieur l’Abbé Jean Siegel a rendu son âme à Dieu, au soir du 23 mars, vendredi de la Passion et fête de Notre-Dame des Sept Douleurs. Né en 1925, ordonné prêtre en 1949, il était depuis 1955 curé de Thal-Druligen (Bas-Rhin). Dans la paroisse qui lui fut confiée, il se montra fidèle à la célébration de la sainte Messe, tant que ses forces le lui permirent, jusqu’en novembre dernier.
    
Fidèle rivarolien (il attendait chaque semaine avec impatience notre hebdomadaire qu’il dévorait), le curé de Thal a toujours refusé de célébrer « la messe de Luther » et il refusait également de reconnaître l’autorité et la légitimité des occupants du siège de Pierre depuis la mort de Pie XII (il était non una cum au canon de la messe). Monsieur le curé professait publiquement des positions intégralement sédévacantistes, n’adhérant ni à la position doctrinale de la FSSPX, ni à la thèse de Cassiciacum.
Démis de ses fonctions par l’“évêque” moderniste de Strasbourg en 1978 qui lui avait supprimé son traitement à la suite de sa fidélité à la foi catholique et à la messe traditionnelle, il s’était inscrit à l’ANPE et avait réussi à conserver, avec l’appui de ses paroissiens, sa charmante petite église villageoise et sa modeste cure au prix d’un courageux bras de fer avec l’“ordinaire” du lieu.
   
Vivant de manière spartiate (il n’avait ni téléphone ni ordinateur), faisant lui-même son jardin potager, jeûnant plusieurs fois la semaine, ce curé de campagne à l’ancienne est resté toute sa vie fidèle au service du Bon Dieu et de ses paroissiens. Il accueillait toujours avec bonhommie, gaieté et générosité ses visiteurs, leur servant un bon petit verre de vin blanc autour d’une table conviviale.
   
Lorsqu’on allait le voir dans cette oasis, on avait le sentiment que le temps s’était arrêté. Il était en effet resté intégralement fidèle au mode de vie et de pensée de nos aïeux, de ce peuple paysan pieux, travailleur, courageux, lucide, dur au mal et plein de bon sens.
   
Avec lui c’est à la fois un valeureux combattant de la foi et un pan de la France traditionnelle qui disparaissent. Et cela nous rend infiniment triste car nous nous sentons vraiment orphelins dans ce monde apostat si effrayant, si mensonger.
    
Que Dieu accueille son humble et fidèle serviteur dans son paradis. Requiescat in pace.