SOURCE - Abbé Pierre Barrère, fsspx - Le Pélican - juin-juillet-août 2018
Il y a trente ans Mgr Lefebvre a voulu réaliser l'opération survie de l'Église en conférant l'épiscopat à quatre prêtres non infectés par les doctrines révolutionnaires et modernistes.
Pour mieux comprendre l'acte posé par l'évêque le 30 juin 1988, divisons cet exposé en deux parties: 1- Avant les sacres. 2 - Après les sacres. Nous verrons alors que les choses ont bien évolué depuis, mais le problème essentiel de la crise de la foi dans l'Église demeure – c'est évident surtout avec un pape tel que François qui n'a pas du tout les états d'âme d'un Benoît XVI dans ses réformes. Il ne semble pas, à vue humaine, que l'on soit proche de trouver une solution satisfaisante. Cependant Dieu peut tout.
C'est le grand chambardement: ceux qui ont vécu cette période disent alors: " On nous change notre religion ". Les prêtres qui veulent demeurer fidèles à la messe de leur ordination sont mal vus et bien souvent ils sont relégués dans des lieux obscurs où ils ne pourront plus témoigner et transmettre ce qu'ils ont reçu - ou alors - ils sont chassés de leur paroisse surtout s'ils ont le courage de s'opposer publiquement aux directives nocives pour la foi qu'ils jugent inacceptables en conscience (c'est le cas de l'abbé Coache).
La messe de Saint Pie V est alors - de fait - interdite. Le Pape Paul VI ne tiendra aucun compte des critiques liturgiques et théologiques signées par les cardinaux Ottaviani et Bacci contre la nouvelle messe (cf.: " Bref examen critique du N.O.M "): pourtant c'est avec force que ces cardinaux concluent leurs arguments: " La nouvelle messe s'éloigne de façon impressionnante dans l'ensemble comme dans le détail de la théologie catholique de la sainte messe." Paul VI ne tiendra aucun compte également de la pétition de six mille prêtres espagnols qui, sans refuser le nouveau missel, réclament la possibilité de garder l'ancien plus conforme, selon eux, à la foi catholique parce que, disent-ils, les protestants n'en veulent pas tandis qu'ils veulent bien du nouveau missel.
Mgr Lefebvre – mis à la retraite - fonde son séminaire en 1970 avec approbation de Rome et sur la demande de séminaristes qui constatent que même dans les séminaires les plus prestigieux l'enseignement est devenu marxiste. Le drapeau rouge flotte au séminaire français de Rome. Saint Thomas n'est plus le Maître qui doit guider les études dans les séminaires et universités catholiques comme les papes jusqu'à Jean XXIII inclus l'ont tant de fois réclamé.
Mgr Lefebvre veut assurer une formation traditionnelle sur tous les plans: philosophique, théologique, liturgique, biblique... etc. Très vite cela se sait. Les vocations affluent à Écône alors que les séminaires qui appliquent le concile et abandonnent toute discipline se vident. En moins de quatre ans l'épiscopat français en particulier s'émeut de ce succès et décide de s'insurger contre l'œuvre naissante de la Fraternité Saint-PieX qui refuse les nouveautés. Mgr Etchegaray, parle contre toute justice de ‘séminaire sauvage’: la guerre contre la tradition est désormais déclenchée. Mgr Lefebvre va donc devoir exprimer de plus en plus fort son opposition au Concile « le plus grand désastre de toute l'histoire de l'Église » ; il dénonce sans relâche la nouvelle messe, ‘messe de Luther’, il conjure prêtres et fidèles de garder la fidélité à la tradition: " Nous refusons...et avons toujours refusé de suivre la Rome de tendance néo-moderniste et néo-protestante qui s'est manifestée clairement dans le concile Vatican II et après le concile dans toutes les réformes qui en sont issues." (déclaration 1974) Il est montré comme un rebelle au pape. Qu'importe les calomnies. Sur pression de l'épiscopat français Paul VI (1963-1978) va s’impliquer personnellement.
En 1976 le pape interdit à Mgr Lefebvre d'ordonner des prêtres mais il dira: « Si vous acceptez de célébrer la nouvelle messe tout ira bien ». Refus de l'évêque. Il ne veut pas cautionner la destruction de l'Église en germe dans cette ‘messe’ et le désastreux concile. Il continue de former des prêtres comme il l'a toujours fait dans l'Église depuis qu'il est évêque. Il n'a jamais été sanctionné pour cela mais félicité et même promu - il est vrai cependant - c'était avant Vatican II. Le pape Paul VI le frappe d'un première peine canonique: suspens a divinis! Normalement il ne doit plus célébrer la messe et donner les sacrements, surtout l'ordre qui perpétue les prêtres. Mgr Lefebvre répondra aux jounalistes avec humour " Je n'ai jamais célébré ni voulu célébrer la nouvelle messe ; je n'ai jamais donné les sacrements modernistes: je suis en plein accord avec le pape qui m'interdit toutes ces choses." (note: ici la citation n'est pas absolument exacte mais le sens y est )
En 1983 il écrit au cardinal Ratzinger " L’usage de cette messe œcuménique fait acquérir une mentalité protestante, indifférentiste, mettant toutes les religions sur un pied d'égalité à la manière de la déclaration sur la liberté religieuse, avec pour base doctrinale les droits de l'homme, la dignité humaine mal comprise, condamnée par Saint Pie X dans la lettre sur le Sillon."
Autre chose. Alors les prêtres qui portent la soutane et les religieuses qui gardent leur habit sont moqués par ceux qui ont tout lâché pour prendre l'esprit du monde. Quant à ceux qui refusent les changements et les nouveautés doctrinales, surtout l'œcuménisme ou la liberté religieuse, ils sont traités de fanatiques, d'intégristes. Rappelons ici pour mémoire: l'œcuménisme a été très officiellement condamné par le pape Pie XI en 1928 dans l'encyclique ‘Mortalium animos’. Par la suite, il est vrai, il a été ‘canonisé’ par le pape Jean-Paul II à Assise avec la réunion de toutes les fausses religions pour prier pour la paix en 1986.
Disons-le ici: C'est l'œcuménisme enseigné et pratiqué par les papes conciliaires et avec la connivence ou, du moins, la passivité des évêques du monde entier qui a été le signe majeur et non équivoque pour Mgr Lefebvre que l'Église officielle était entrée en rupture avec sa Tradition constante et son passé doctrinal le plus authentique (cf: les encycliques des papes du 19e et première moitié du 20e siècle donnent la doctrine sûre et éclairent toute la controverse avec les modernistes d'aujourd'hui).
Désormais le dogme bien connu ‘hors de l'Église point de salut’ est oublié ou effacé et c'est le contraire qui est publié partout mais surtout dans les paroles et les actions mêmes des papes. Rappelons-nous le catéchisme élémentaire: l'Église est la seule épouse du Christ, le Christ ne peut pas être adultère en acceptant d'autres religions, d'autres épouses: l'œcuménisme est antichrist.
Désormais Mgr Lefebvre est fixé. Il sait ce qu'il doit faire. Ne pas agir c'est contribuer avec les autres à la destruction de la foi - il ne veut pas endosser une telle responsabilité lorsqu'il devra rendre des comptes au Seigneur lors du jugement ‘cum vix justus sit securus’ Il va sacrer sans autorisation du pape ou plutôt contre l'ordre formel d'un pape promoteur de l'œcuménisme - Jean-Paul II - nouveau saint de l'Église conciliaire depuis le pape François.
Les interdictions du droit ecclésiastique ne s'appliquent plus dans cette circonstance - c'est trop net - on ne peut se servir du droit canon contre le bien des âmes: prima lex salus animarum: la première loi c'est le salut des âmes. Il faut garder la foi et ne pas professer l'œcuménisme qui est intrinsèquement contre la foi. Tous les saints en particulier les martyrs ont confessé la foi de l'unique et véritable Église qui n'a jamais été œcuménique.
La juridiction que Mgr Lefebvre revendique alors est une juridiction de suppléance qui découle du chef de l'Église qui défaille - en l'occurrence Jean Paul II - à l'évêque ou aux évêques (Mgr de Castro Mayer a voulu être présent aux sacres) qui ne défaille (nt) pas. Il y a donc approbation totale de l'Église. Avez-vous le mandat? Dit la liturgie du sacre. Nous l'avons, dit Mgr Lefebvre. C'est clair sauf pour les aveugles qui perdent la foi!
Mgr Lefebvre ne se constitue donc pas chef d'une Église parallèle, il veut accomplir son ministère d'évêque et pérenniser autant qu'il dépend de lui la Tradition confiée à la charge du pape et des évêques.
Lors des sacres Mgr Lefebvre donnera un bon résumé de la situation de l'Église en 1988: il établit alors un constat que les historiens ne pourront que confirmer dans l'avenir s'ils sont honnêtes:
« Quels sont les évêques qui ont gardé vraiment la Tradition, qui ont gardé les sacrements tels que l'Église les a donnés pendant vingt siècles jusqu'au concile Vatican II? Eh bien Mgr Castro Mayer et moi-même. Je n'en puis rien. C'est comme ça. Donc beaucoup de séminaristes se sont confiés à nous et ont senti qu'il y avait là la continuité de l'Église, la continuité de la Tradition. Ils sont venus dans nos séminaires malgré les difficultés qu'ils ont rencontrées, pour recevoir une véritable ordination sacerdotale et pour pouvoir offrir le vrai sacrifice du Calvaire, le vrai Sacrifice de la messe et vous donner les vrais sacrements et la vraie doctrine, le vrai catéchisme. Voilà le but de ces séminaires. » Et encore: " Vous savez bien qu'il ne peut y avoir de prêtres sans évêques. Tous ces séminaristes qui sont ici présents, si demain le Bon Dieu me rappelle – ce sera sans doute sans tarder – de qui ces séminaristes recevront-ils le sacrement de l'Ordre, des évêques conciliaires dont les sacrements sont tous douteux parce que l'on ne sait pas exactement quelles sont leurs intentions! Ce n'est pas possible."
1- Depuis 1988 - on peut le dire - une nouvelle race d'évêques conciliaires est née.
En effet depuis ce jour, un certain nombre d'entre eux célébrant habituellement " la messe de Luther " et admettant depuis 1965 (fin du concile) les pires incohérences doctrinales déjà condamnées par l'Église (œcuménisme, liberté religieuse) acceptent d'ordonner des prêtres dans le rite traditionnel avec messe de saint Pie V. C'est nouveau. Cela ne s'était pas vu depuis 1969. Une condition essentielle est demandée à ceux qui désirent une telle ordination: il faut qu'ils viennent de communautés bien séparées de Mgr Lefebvre et de sa Fraternité Saint-PieX (on s'en souvient, une condition similaire avait été exigée par Jean-Paul II en 1984 pour pouvoir célébrer - exceptionnellement - la messe saint Pie V.)
Quel avantage y a-t-il pour ces évêques modernistes à autoriser désormais une présence disons ‘traditionnelle’ dans l'Église conciliaire alors qu'ils l'ont farouchement combattue jusque-là au nom de leur concile? Est-ce que le concile est remis en question? La question vaut la peine d'être posée.
Le premier avantage saute aux yeux: c'est la division. Il faut diviser le bloc de résistance qui s'était solidement constitué autour de Mgr Lefebvre depuis les années 70 avec des personnalités importantes comme dom Gérard – Jean Madiran. Mgr Lefebvre - rappelons-le – était le nom le plus connu et souvent perçu par tous - comme le seul à maintenir la tradition. Sans doute il était facile de critiquer cet isolement et d'en rire mais sa réputation d'évêque sérieux dans son agir était difficilement attaquable. Si son mouvement restait uni et même venait à prendre de l'ampleur, c'était prendre le risque de faire de lui un champion de la foi, une sorte de saint Athanase qui maintient seul la foi alors que tout sombre. Déjà la comparaison était dans toutes les pensées.
Donc on comprend: En autorisant ces traditionalistes ralliés, en leur donnant une certaine autonomie, Rome et les évêques font croire à tous que l'Église conciliaire n'est pas en rupture avec la Tradition. « Nous accueillons des traditionalistes, donc nous ne sommes pas contre la Tradition » semblent-t-ils dire. C'est habile il faut le reconnaître. Ce qui a précédé le concile, disent les conciliaires, est une forme de sensibilité toujours valable et il y aura toujours une place pour les minorités nostalgiques du passé, mais l'Église universelle doit suivre ‘le sens de l'Histoire’ et c'est le dernier concile qui nous le montre: on n'a pas le droit de s'y opposer.
Deuxième avantage: En divisant ce bloc homogène traditionnel créé autour de Mgr Lefebvre ils désamorcent le très fort reproche que la Tradition fait à l'Église conciliaire. Regardez ces ‘traditionalistes’, ils se rallient à Rome conciliaire. Ils cautionnent - au moins implicitement - les grands principes de celle-ci (liberté religieuse, œcuménisme, collégialité), principes contraires à la foi. Du coup les évêques et Rome moderniste se trouvent rassurés ou déculpabilisés: ils n'ont pas à se repentir si l'Église va mal car il n'y a pas d'erreurs dans les réformes. La preuve? Des anciens disciples de Mgr Lefebvre formés dans la théologie traditionnelle sont là comme témoins et ils ne se plaignent pas de ses nouveautés doctrinales introduites en 1965. Il n'y a donc aucune raison de remettre en cause le concile qui demeure sauf: il suffit de bien l'interpréter (ce sera le thème préféré du cardinal Ratzinger et très cher à Benoît XVI). Ainsi le mal perdure mais c'est moins visible. Or nous savons que si la cause d'un désordre demeure, les effets s'en suivront nécessairement.
2- D'autre part, depuis 1988, une nouvelle race de traditionalistes est née. Les supérieurs des communautés ralliées ne ressentent plus aucun malaise à faire ordonner leurs membres par des évêques manifestement acquis aux utopies de Vatican II. L'avertissement tragique des sacres est oublié: ‘Si demain le bon Dieu me rappelle… de qui ces séminaristes recevront-ils le sacrement de l'Ordre, des évêques conciliaires dont les sacrements sont tous douteux parce que l'on ne sait pas exactement quelles sont leurs intentions? Ce n'est pas possible.’ Pour ces anciens disciples et pas des moindres: abbé Bisig, abbé Coiffet et plus tard abbé Aulagnier: c'est possible.
Mais alors quels avantages ces ‘traditionalistes’ ralliés trouvent-ils pour agir de la sorte? L'essentiel pour eux c'est d'avoir une reconnaissance légale. De fait, la légalité chez eux prime sur la foi. Grâce à cette reconnaissance de la Rome moderniste ils se trouvent en paix avec l'obéissance et ils peuvent attirer toute une catégorie de catholiques hésitants qui ont le cœur porté vers ce qui est traditionnel mais qui craignent de fréquenter la FSSPX à cause du décret d'excommunication qui agit comme un épouvantail. Beaucoup voient dans ce décret une séparation réelle non seulement avec le pape mais aussi avec la papauté. Ils ne se donnent pas la peine de réfléchir et les autorités conciliaires le savent bien.
En résumé et grosso modo nous observons donc depuis un peu avant 1990, d'un côté des modernistes qui ne méprisent pas des traditionalistes, d'un autre côté des traditionalistes qui veulent bien s'entendre avec des modernistes. Il semble que l'on peut donc coopérer et marier deux choses qui se sont combattues farouchement: N'est-ce pas magnifique?
Ne nous y trompons pas, chers fidèles: cette alliance n'est possible qu'entre les modernistes modérés et les traditionnalistes mous ou, si vous préférez, entre personnes qui ne poussent pas les doctrines jusqu'au bout. Mais les doctrines ont leur logique propre et tôt ou tard l'une l'emporte sur l'autre et s’impose. Il s'agit donc d'une entente dans l'inconséquence: on ne regarde pas la contradiction mais on cherche à établir un modus vivendi acceptable en pratique. Chacun pense qu'avec le temps les choses évolueront dans le bon sens car Dieu veille sur son Église qui ne peut pas périr. Mais personne n'ose vraiment dire de quelle Église parle-t-on comme si la Rome néomoderniste – celle que Mgr Lefebvre a déclaré avoir toujours refusé - pouvait être toujours l'Église.
Il y a là quelque chose de significatif et qui doit éclairer les fidèles en leur montrant du doigt où se trouve le libéralisme dangereux et dissolvant de la foi. Le libéralisme comme chacun sait est un mélange de principes bons et mauvais que chaque conscience individuelle dose à sa guise: un peu plus vous êtes moderniste, un peu moins vous ressemblez à un traditionaliste. Le libéralisme n'est pas l'acceptation de l'hérésie à l'état brut mais c'est tout de même trouver un terrain d'entente avec les doctrines hérétiques pour avoir la paix.
Récemment nous avons l'illustration de cette réalité à Bordeaux: « le 11 novembre 2017 à l'église saint Bruno desservie par la Fraternité Saint Pierre, en présence du cardinal J-P Ricard, archevêque de la ville, s'est tenu ‘une journée pour la paix’. La ‘pasteur’ de "l'Église protestante unie" s'était jointe à cette manifestation en surplis: Mme Valérie Mali, est une ‘grosse pointure’ qui se vante d’avoir ‘béni’ les premières unions homosexuelles de la ville. Dans le chœur était aussi présent l'abbé Benoît de Giacomoni, de la Fraternité Saint Pierre. Il ne s'agissait pas d'une sorte de ’raté’ mais d'un choix véritable, assumé de manière responsable par les ‘dirigeants’. C'était en effet une ‘messe catholique’ œcuménique, et par ailleurs il fallait maintenir de bons rapports avec le cardinal-archevêque demandeur. » (Fideliter n°242 J-P Dickès)
Avec Mgr Lefebvre nous continuons à dire qu'il ne faut pas se contenter d'un catholicisme de façade ou en trompe l'œil. Peut-on conserver tout l'extérieur de la tradition et être œcuméniste façon Jean-Paul II à Assise. La réponse catholique est non; la réponse catholibérale est oui. Peut-on dire être pour le règne du Christ et démolir les États catholiques (les nouveaux concordats signés par Jean-Paul II ont réalisé cela) ou détruire les familles catholiques (promouvoir les unions contre nature)? La réponse catholique est non; la réponse catho-libérale est oui. Les communautés traditionnelles qui ont fait alliance avec Rome moderniste font croire que leur combat est légitime et bon, il n'est que légal et mauvais (comme la loi sur l'avortement). Ils font fausse route: in fine il se fera plus de mal que de bien car ils sont en train de former des générations de libéraux: le cas de Bordeaux le prouve. Si la Fraternité Saint-Pie-X suivait ce chemin, cela prendra certes du temps, mais les résultats seront les mêmes.
Terminons par deux citations: ‘Il existe un mal pire et plus meurtrier que la persécution, c'est l'empoisonnement perfide de la mentalité.’ saint Cyprien. Bossuet dans son commentaire de l'Apocalypse fait remarquer dans l'Église deux sortes de persécutions: "La première a son commencement dans l'empire romain, où la violence devait prévaloir, la seconde à la fin des siècles où sera le règne de la séduction."
Abbé Pierre Barrère
Il y a trente ans Mgr Lefebvre a voulu réaliser l'opération survie de l'Église en conférant l'épiscopat à quatre prêtres non infectés par les doctrines révolutionnaires et modernistes.
Pour mieux comprendre l'acte posé par l'évêque le 30 juin 1988, divisons cet exposé en deux parties: 1- Avant les sacres. 2 - Après les sacres. Nous verrons alors que les choses ont bien évolué depuis, mais le problème essentiel de la crise de la foi dans l'Église demeure – c'est évident surtout avec un pape tel que François qui n'a pas du tout les états d'âme d'un Benoît XVI dans ses réformes. Il ne semble pas, à vue humaine, que l'on soit proche de trouver une solution satisfaisante. Cependant Dieu peut tout.
I- Avant les sacres de 1988, qu'en est-il de l'Église?Rappelons tout d'abord que, en raison du Concile Vatican II, mais aussi avec la nouvelle messe (1969) et jusque tard dans les années 80, les évêques en place abandonnent la Tradition. Non seulement ils l'abandonnent, mais ils la combattent. Non seulement ils la combattent dans sa doctrine (nouveau Credo, nouveau catéchisme, nouveau Notre Père) mais dans tous ses symboles: abandon du latin, de la soutane, des autels remplacés par des tables (retrait du tabernacle), du chant grégorien, de la pratique du chapelet, des processions du Saint Sacrement, changement des rites de tous les sacrements...etc.)
C'est le grand chambardement: ceux qui ont vécu cette période disent alors: " On nous change notre religion ". Les prêtres qui veulent demeurer fidèles à la messe de leur ordination sont mal vus et bien souvent ils sont relégués dans des lieux obscurs où ils ne pourront plus témoigner et transmettre ce qu'ils ont reçu - ou alors - ils sont chassés de leur paroisse surtout s'ils ont le courage de s'opposer publiquement aux directives nocives pour la foi qu'ils jugent inacceptables en conscience (c'est le cas de l'abbé Coache).
La messe de Saint Pie V est alors - de fait - interdite. Le Pape Paul VI ne tiendra aucun compte des critiques liturgiques et théologiques signées par les cardinaux Ottaviani et Bacci contre la nouvelle messe (cf.: " Bref examen critique du N.O.M "): pourtant c'est avec force que ces cardinaux concluent leurs arguments: " La nouvelle messe s'éloigne de façon impressionnante dans l'ensemble comme dans le détail de la théologie catholique de la sainte messe." Paul VI ne tiendra aucun compte également de la pétition de six mille prêtres espagnols qui, sans refuser le nouveau missel, réclament la possibilité de garder l'ancien plus conforme, selon eux, à la foi catholique parce que, disent-ils, les protestants n'en veulent pas tandis qu'ils veulent bien du nouveau missel.
Mgr Lefebvre – mis à la retraite - fonde son séminaire en 1970 avec approbation de Rome et sur la demande de séminaristes qui constatent que même dans les séminaires les plus prestigieux l'enseignement est devenu marxiste. Le drapeau rouge flotte au séminaire français de Rome. Saint Thomas n'est plus le Maître qui doit guider les études dans les séminaires et universités catholiques comme les papes jusqu'à Jean XXIII inclus l'ont tant de fois réclamé.
Mgr Lefebvre veut assurer une formation traditionnelle sur tous les plans: philosophique, théologique, liturgique, biblique... etc. Très vite cela se sait. Les vocations affluent à Écône alors que les séminaires qui appliquent le concile et abandonnent toute discipline se vident. En moins de quatre ans l'épiscopat français en particulier s'émeut de ce succès et décide de s'insurger contre l'œuvre naissante de la Fraternité Saint-PieX qui refuse les nouveautés. Mgr Etchegaray, parle contre toute justice de ‘séminaire sauvage’: la guerre contre la tradition est désormais déclenchée. Mgr Lefebvre va donc devoir exprimer de plus en plus fort son opposition au Concile « le plus grand désastre de toute l'histoire de l'Église » ; il dénonce sans relâche la nouvelle messe, ‘messe de Luther’, il conjure prêtres et fidèles de garder la fidélité à la tradition: " Nous refusons...et avons toujours refusé de suivre la Rome de tendance néo-moderniste et néo-protestante qui s'est manifestée clairement dans le concile Vatican II et après le concile dans toutes les réformes qui en sont issues." (déclaration 1974) Il est montré comme un rebelle au pape. Qu'importe les calomnies. Sur pression de l'épiscopat français Paul VI (1963-1978) va s’impliquer personnellement.
En 1976 le pape interdit à Mgr Lefebvre d'ordonner des prêtres mais il dira: « Si vous acceptez de célébrer la nouvelle messe tout ira bien ». Refus de l'évêque. Il ne veut pas cautionner la destruction de l'Église en germe dans cette ‘messe’ et le désastreux concile. Il continue de former des prêtres comme il l'a toujours fait dans l'Église depuis qu'il est évêque. Il n'a jamais été sanctionné pour cela mais félicité et même promu - il est vrai cependant - c'était avant Vatican II. Le pape Paul VI le frappe d'un première peine canonique: suspens a divinis! Normalement il ne doit plus célébrer la messe et donner les sacrements, surtout l'ordre qui perpétue les prêtres. Mgr Lefebvre répondra aux jounalistes avec humour " Je n'ai jamais célébré ni voulu célébrer la nouvelle messe ; je n'ai jamais donné les sacrements modernistes: je suis en plein accord avec le pape qui m'interdit toutes ces choses." (note: ici la citation n'est pas absolument exacte mais le sens y est )
En 1983 il écrit au cardinal Ratzinger " L’usage de cette messe œcuménique fait acquérir une mentalité protestante, indifférentiste, mettant toutes les religions sur un pied d'égalité à la manière de la déclaration sur la liberté religieuse, avec pour base doctrinale les droits de l'homme, la dignité humaine mal comprise, condamnée par Saint Pie X dans la lettre sur le Sillon."
Autre chose. Alors les prêtres qui portent la soutane et les religieuses qui gardent leur habit sont moqués par ceux qui ont tout lâché pour prendre l'esprit du monde. Quant à ceux qui refusent les changements et les nouveautés doctrinales, surtout l'œcuménisme ou la liberté religieuse, ils sont traités de fanatiques, d'intégristes. Rappelons ici pour mémoire: l'œcuménisme a été très officiellement condamné par le pape Pie XI en 1928 dans l'encyclique ‘Mortalium animos’. Par la suite, il est vrai, il a été ‘canonisé’ par le pape Jean-Paul II à Assise avec la réunion de toutes les fausses religions pour prier pour la paix en 1986.
Disons-le ici: C'est l'œcuménisme enseigné et pratiqué par les papes conciliaires et avec la connivence ou, du moins, la passivité des évêques du monde entier qui a été le signe majeur et non équivoque pour Mgr Lefebvre que l'Église officielle était entrée en rupture avec sa Tradition constante et son passé doctrinal le plus authentique (cf: les encycliques des papes du 19e et première moitié du 20e siècle donnent la doctrine sûre et éclairent toute la controverse avec les modernistes d'aujourd'hui).
Désormais le dogme bien connu ‘hors de l'Église point de salut’ est oublié ou effacé et c'est le contraire qui est publié partout mais surtout dans les paroles et les actions mêmes des papes. Rappelons-nous le catéchisme élémentaire: l'Église est la seule épouse du Christ, le Christ ne peut pas être adultère en acceptant d'autres religions, d'autres épouses: l'œcuménisme est antichrist.
Désormais Mgr Lefebvre est fixé. Il sait ce qu'il doit faire. Ne pas agir c'est contribuer avec les autres à la destruction de la foi - il ne veut pas endosser une telle responsabilité lorsqu'il devra rendre des comptes au Seigneur lors du jugement ‘cum vix justus sit securus’ Il va sacrer sans autorisation du pape ou plutôt contre l'ordre formel d'un pape promoteur de l'œcuménisme - Jean-Paul II - nouveau saint de l'Église conciliaire depuis le pape François.
Les interdictions du droit ecclésiastique ne s'appliquent plus dans cette circonstance - c'est trop net - on ne peut se servir du droit canon contre le bien des âmes: prima lex salus animarum: la première loi c'est le salut des âmes. Il faut garder la foi et ne pas professer l'œcuménisme qui est intrinsèquement contre la foi. Tous les saints en particulier les martyrs ont confessé la foi de l'unique et véritable Église qui n'a jamais été œcuménique.
La juridiction que Mgr Lefebvre revendique alors est une juridiction de suppléance qui découle du chef de l'Église qui défaille - en l'occurrence Jean Paul II - à l'évêque ou aux évêques (Mgr de Castro Mayer a voulu être présent aux sacres) qui ne défaille (nt) pas. Il y a donc approbation totale de l'Église. Avez-vous le mandat? Dit la liturgie du sacre. Nous l'avons, dit Mgr Lefebvre. C'est clair sauf pour les aveugles qui perdent la foi!
Mgr Lefebvre ne se constitue donc pas chef d'une Église parallèle, il veut accomplir son ministère d'évêque et pérenniser autant qu'il dépend de lui la Tradition confiée à la charge du pape et des évêques.
Lors des sacres Mgr Lefebvre donnera un bon résumé de la situation de l'Église en 1988: il établit alors un constat que les historiens ne pourront que confirmer dans l'avenir s'ils sont honnêtes:
« Quels sont les évêques qui ont gardé vraiment la Tradition, qui ont gardé les sacrements tels que l'Église les a donnés pendant vingt siècles jusqu'au concile Vatican II? Eh bien Mgr Castro Mayer et moi-même. Je n'en puis rien. C'est comme ça. Donc beaucoup de séminaristes se sont confiés à nous et ont senti qu'il y avait là la continuité de l'Église, la continuité de la Tradition. Ils sont venus dans nos séminaires malgré les difficultés qu'ils ont rencontrées, pour recevoir une véritable ordination sacerdotale et pour pouvoir offrir le vrai sacrifice du Calvaire, le vrai Sacrifice de la messe et vous donner les vrais sacrements et la vraie doctrine, le vrai catéchisme. Voilà le but de ces séminaires. » Et encore: " Vous savez bien qu'il ne peut y avoir de prêtres sans évêques. Tous ces séminaristes qui sont ici présents, si demain le Bon Dieu me rappelle – ce sera sans doute sans tarder – de qui ces séminaristes recevront-ils le sacrement de l'Ordre, des évêques conciliaires dont les sacrements sont tous douteux parce que l'on ne sait pas exactement quelles sont leurs intentions! Ce n'est pas possible."
II- Après les sacres de 1988.Nous arrivons à une deuxième étape, elle apporte des changements significatifs et même de la confusion. Il importe donc de juger avec discernement. Divisons en deux parties notre propos car deux nouveautés majeures apparaissent à cette date: 1- naissance d'une nouvelle race d'évêques ; 2- naissance d'une nouvelle race de traditionalistes.
1- Depuis 1988 - on peut le dire - une nouvelle race d'évêques conciliaires est née.
En effet depuis ce jour, un certain nombre d'entre eux célébrant habituellement " la messe de Luther " et admettant depuis 1965 (fin du concile) les pires incohérences doctrinales déjà condamnées par l'Église (œcuménisme, liberté religieuse) acceptent d'ordonner des prêtres dans le rite traditionnel avec messe de saint Pie V. C'est nouveau. Cela ne s'était pas vu depuis 1969. Une condition essentielle est demandée à ceux qui désirent une telle ordination: il faut qu'ils viennent de communautés bien séparées de Mgr Lefebvre et de sa Fraternité Saint-PieX (on s'en souvient, une condition similaire avait été exigée par Jean-Paul II en 1984 pour pouvoir célébrer - exceptionnellement - la messe saint Pie V.)
Quel avantage y a-t-il pour ces évêques modernistes à autoriser désormais une présence disons ‘traditionnelle’ dans l'Église conciliaire alors qu'ils l'ont farouchement combattue jusque-là au nom de leur concile? Est-ce que le concile est remis en question? La question vaut la peine d'être posée.
Le premier avantage saute aux yeux: c'est la division. Il faut diviser le bloc de résistance qui s'était solidement constitué autour de Mgr Lefebvre depuis les années 70 avec des personnalités importantes comme dom Gérard – Jean Madiran. Mgr Lefebvre - rappelons-le – était le nom le plus connu et souvent perçu par tous - comme le seul à maintenir la tradition. Sans doute il était facile de critiquer cet isolement et d'en rire mais sa réputation d'évêque sérieux dans son agir était difficilement attaquable. Si son mouvement restait uni et même venait à prendre de l'ampleur, c'était prendre le risque de faire de lui un champion de la foi, une sorte de saint Athanase qui maintient seul la foi alors que tout sombre. Déjà la comparaison était dans toutes les pensées.
Donc on comprend: En autorisant ces traditionalistes ralliés, en leur donnant une certaine autonomie, Rome et les évêques font croire à tous que l'Église conciliaire n'est pas en rupture avec la Tradition. « Nous accueillons des traditionalistes, donc nous ne sommes pas contre la Tradition » semblent-t-ils dire. C'est habile il faut le reconnaître. Ce qui a précédé le concile, disent les conciliaires, est une forme de sensibilité toujours valable et il y aura toujours une place pour les minorités nostalgiques du passé, mais l'Église universelle doit suivre ‘le sens de l'Histoire’ et c'est le dernier concile qui nous le montre: on n'a pas le droit de s'y opposer.
Deuxième avantage: En divisant ce bloc homogène traditionnel créé autour de Mgr Lefebvre ils désamorcent le très fort reproche que la Tradition fait à l'Église conciliaire. Regardez ces ‘traditionalistes’, ils se rallient à Rome conciliaire. Ils cautionnent - au moins implicitement - les grands principes de celle-ci (liberté religieuse, œcuménisme, collégialité), principes contraires à la foi. Du coup les évêques et Rome moderniste se trouvent rassurés ou déculpabilisés: ils n'ont pas à se repentir si l'Église va mal car il n'y a pas d'erreurs dans les réformes. La preuve? Des anciens disciples de Mgr Lefebvre formés dans la théologie traditionnelle sont là comme témoins et ils ne se plaignent pas de ses nouveautés doctrinales introduites en 1965. Il n'y a donc aucune raison de remettre en cause le concile qui demeure sauf: il suffit de bien l'interpréter (ce sera le thème préféré du cardinal Ratzinger et très cher à Benoît XVI). Ainsi le mal perdure mais c'est moins visible. Or nous savons que si la cause d'un désordre demeure, les effets s'en suivront nécessairement.
2- D'autre part, depuis 1988, une nouvelle race de traditionalistes est née. Les supérieurs des communautés ralliées ne ressentent plus aucun malaise à faire ordonner leurs membres par des évêques manifestement acquis aux utopies de Vatican II. L'avertissement tragique des sacres est oublié: ‘Si demain le bon Dieu me rappelle… de qui ces séminaristes recevront-ils le sacrement de l'Ordre, des évêques conciliaires dont les sacrements sont tous douteux parce que l'on ne sait pas exactement quelles sont leurs intentions? Ce n'est pas possible.’ Pour ces anciens disciples et pas des moindres: abbé Bisig, abbé Coiffet et plus tard abbé Aulagnier: c'est possible.
Mais alors quels avantages ces ‘traditionalistes’ ralliés trouvent-ils pour agir de la sorte? L'essentiel pour eux c'est d'avoir une reconnaissance légale. De fait, la légalité chez eux prime sur la foi. Grâce à cette reconnaissance de la Rome moderniste ils se trouvent en paix avec l'obéissance et ils peuvent attirer toute une catégorie de catholiques hésitants qui ont le cœur porté vers ce qui est traditionnel mais qui craignent de fréquenter la FSSPX à cause du décret d'excommunication qui agit comme un épouvantail. Beaucoup voient dans ce décret une séparation réelle non seulement avec le pape mais aussi avec la papauté. Ils ne se donnent pas la peine de réfléchir et les autorités conciliaires le savent bien.
En résumé et grosso modo nous observons donc depuis un peu avant 1990, d'un côté des modernistes qui ne méprisent pas des traditionalistes, d'un autre côté des traditionalistes qui veulent bien s'entendre avec des modernistes. Il semble que l'on peut donc coopérer et marier deux choses qui se sont combattues farouchement: N'est-ce pas magnifique?
Ne nous y trompons pas, chers fidèles: cette alliance n'est possible qu'entre les modernistes modérés et les traditionnalistes mous ou, si vous préférez, entre personnes qui ne poussent pas les doctrines jusqu'au bout. Mais les doctrines ont leur logique propre et tôt ou tard l'une l'emporte sur l'autre et s’impose. Il s'agit donc d'une entente dans l'inconséquence: on ne regarde pas la contradiction mais on cherche à établir un modus vivendi acceptable en pratique. Chacun pense qu'avec le temps les choses évolueront dans le bon sens car Dieu veille sur son Église qui ne peut pas périr. Mais personne n'ose vraiment dire de quelle Église parle-t-on comme si la Rome néomoderniste – celle que Mgr Lefebvre a déclaré avoir toujours refusé - pouvait être toujours l'Église.
Il y a là quelque chose de significatif et qui doit éclairer les fidèles en leur montrant du doigt où se trouve le libéralisme dangereux et dissolvant de la foi. Le libéralisme comme chacun sait est un mélange de principes bons et mauvais que chaque conscience individuelle dose à sa guise: un peu plus vous êtes moderniste, un peu moins vous ressemblez à un traditionaliste. Le libéralisme n'est pas l'acceptation de l'hérésie à l'état brut mais c'est tout de même trouver un terrain d'entente avec les doctrines hérétiques pour avoir la paix.
Récemment nous avons l'illustration de cette réalité à Bordeaux: « le 11 novembre 2017 à l'église saint Bruno desservie par la Fraternité Saint Pierre, en présence du cardinal J-P Ricard, archevêque de la ville, s'est tenu ‘une journée pour la paix’. La ‘pasteur’ de "l'Église protestante unie" s'était jointe à cette manifestation en surplis: Mme Valérie Mali, est une ‘grosse pointure’ qui se vante d’avoir ‘béni’ les premières unions homosexuelles de la ville. Dans le chœur était aussi présent l'abbé Benoît de Giacomoni, de la Fraternité Saint Pierre. Il ne s'agissait pas d'une sorte de ’raté’ mais d'un choix véritable, assumé de manière responsable par les ‘dirigeants’. C'était en effet une ‘messe catholique’ œcuménique, et par ailleurs il fallait maintenir de bons rapports avec le cardinal-archevêque demandeur. » (Fideliter n°242 J-P Dickès)
Avec Mgr Lefebvre nous continuons à dire qu'il ne faut pas se contenter d'un catholicisme de façade ou en trompe l'œil. Peut-on conserver tout l'extérieur de la tradition et être œcuméniste façon Jean-Paul II à Assise. La réponse catholique est non; la réponse catholibérale est oui. Peut-on dire être pour le règne du Christ et démolir les États catholiques (les nouveaux concordats signés par Jean-Paul II ont réalisé cela) ou détruire les familles catholiques (promouvoir les unions contre nature)? La réponse catholique est non; la réponse catho-libérale est oui. Les communautés traditionnelles qui ont fait alliance avec Rome moderniste font croire que leur combat est légitime et bon, il n'est que légal et mauvais (comme la loi sur l'avortement). Ils font fausse route: in fine il se fera plus de mal que de bien car ils sont en train de former des générations de libéraux: le cas de Bordeaux le prouve. Si la Fraternité Saint-Pie-X suivait ce chemin, cela prendra certes du temps, mais les résultats seront les mêmes.
Terminons par deux citations: ‘Il existe un mal pire et plus meurtrier que la persécution, c'est l'empoisonnement perfide de la mentalité.’ saint Cyprien. Bossuet dans son commentaire de l'Apocalypse fait remarquer dans l'Église deux sortes de persécutions: "La première a son commencement dans l'empire romain, où la violence devait prévaloir, la seconde à la fin des siècles où sera le règne de la séduction."
Abbé Pierre Barrère