SOURCE - Sam Gamegie - Le Forum Catholique - 20 février 2006
Dans un post précédent, je me demandais si Mgr Fellay souhaitait des « papiers » en référence au livre d’Huguette Pérol sur la FSSPX, Les sans papiers de l'Eglise. Depuis, de nouveaux éléments sont apparus. En voici l’analyse que l’on peut en faire.
-Rome est parfaitement au parfum de ce revirement et a pu même le calculer avec Mgr Fellay, histoire de ne pas affoler les troupes sur la rapidité des négociations alors que l’élection de juillet 2006 arrive à grand pas.
-Mgr Fellay a pu aussi vouloir montrer à Rome qu’il était en phase avec sa base et qu’il souhaitait placer la barre un peu plus haut dans les négociations, après avoir clôturé un pool de rencontres mensuelles depuis le 29 août.
-Enfin, Mgr Fellay a pu adopter seul une telle attitude de revirement en sachant très bien que les négociations aboutiront : reculer en quelque sorte pour mieux sauter. On a pu voir dans l’affaire de Bordeaux que quand il avait une idée en tête, il la menait dans sa logique jusqu’au bout et, au fond, toute la politique des sept derniers mois tend vers un accord avant la date fatidique de juillet 2006. Mais en agissant ainsi il aurait souhaité calmer son aile droite, à la limite du sédévacantisme, idée de plus en plus en vogue dans la FSSPX depuis l’élection de Benoît XVI.
Quoiqu’il en soit, beaucoup de questions restent en suspens : pourquoi avoir réuni les quatre évêques ? Pourquoi avoir fait parcourir 15000 km à Mgr Williamson pour lui dire : « Je suis victime des journalistes et d’Internet, il n’y a pas d’accord en vue » ? Pourquoi avoir fait venir des journalistes en majorité d’esprit gauchistes ou modernistes pour leur parler de l’état des négociations alors que précisément Mgr Fellay déclare dix jours plus tard à Flavigny qu’il n’y a que du vent et rien de concret?
De son côté, nul doute que Benoît XVI souhaite mettre en avant la Tradition en la faisant participer à l'oeuvre apostolique, souci majeur en cette période de crise admise par tous, et ayant d'ailleurs provoqué l'élection du Cardinal Ratzinger. C’est pourquoi, le pape considère le cas de Campos et de Mgr Rifan comme un exemple et une voie à suivre. De fait et à ses yeux, sa politique à l’égard de la FSSPX doit aboutir. La main tendue de Rome ou bien la démarche de Mgr Fellay qui ont mené à la rencontre du 29 août place donc ce dernier dans une impasse : que Mgr Fellay refuse de poursuivre la négociation et il prend le risque d’une coupure nette avec Rome ; qu’il signe et il prend le risque au plus de briser l’unité des quatre évêques (Fort improbable à mon sens), au moins de pousser vers les marges l’aile la plus dure de la FSSPX.
Dans ce contexte, ce n’est pas un hasard si Mgr Rifan est venu en France faire la tournée des évêques et en profiter pour observer ce qu’il se passe à Bordeaux (WE dernier) alors que les abbés Laguerie et Héry n’ont même pas de celebret ; et au Centre Saint Paul (Demain soir)alors qu'un ralliement à l'image de celui de l'abbé Guelfucci est hors de propos pour l'abbé de Tanouarn. Cette visite de Mgr Rifan en tous les cas permet de considérer très sérieusement l’idée de création d’un séminaire tradi en France, annoncé le mois dernier dans Le Mascaret… L’avenir nous dira si Rome a un plan pour cet évêque qui fait des petits pour la tradition au Brésil.
Dans un post précédent, je me demandais si Mgr Fellay souhaitait des « papiers » en référence au livre d’Huguette Pérol sur la FSSPX, Les sans papiers de l'Eglise. Depuis, de nouveaux éléments sont apparus. En voici l’analyse que l’on peut en faire.
Quelle est la politique de Mgr Fellay ?Difficile en effet de saisir la logique du Supérieur général. Depuis le sermon de Flavigny et la double rencontre des quatre évêques de la FSSPX, la tendance est à l’absence d’un accord à court et moyen terme. On se rappellera les derniers mots sous forme de boutade de Mgr Fellay à un journaliste de l’AJIR, propos rapporté par DICI, sur la possibilité d’un accord « mais dans dix ans » alors que tout le monde interprétait cette conférence de presse exceptionnelle comme une première marche publique vers l’aboutissement des négociations et la réintégration de la FSSPX dans l’Eglise. Comment interpréter donc ce revirement ? Permettez moi plusieurs hypothèses :
-Rome est parfaitement au parfum de ce revirement et a pu même le calculer avec Mgr Fellay, histoire de ne pas affoler les troupes sur la rapidité des négociations alors que l’élection de juillet 2006 arrive à grand pas.
-Mgr Fellay a pu aussi vouloir montrer à Rome qu’il était en phase avec sa base et qu’il souhaitait placer la barre un peu plus haut dans les négociations, après avoir clôturé un pool de rencontres mensuelles depuis le 29 août.
-Enfin, Mgr Fellay a pu adopter seul une telle attitude de revirement en sachant très bien que les négociations aboutiront : reculer en quelque sorte pour mieux sauter. On a pu voir dans l’affaire de Bordeaux que quand il avait une idée en tête, il la menait dans sa logique jusqu’au bout et, au fond, toute la politique des sept derniers mois tend vers un accord avant la date fatidique de juillet 2006. Mais en agissant ainsi il aurait souhaité calmer son aile droite, à la limite du sédévacantisme, idée de plus en plus en vogue dans la FSSPX depuis l’élection de Benoît XVI.
Quoiqu’il en soit, beaucoup de questions restent en suspens : pourquoi avoir réuni les quatre évêques ? Pourquoi avoir fait parcourir 15000 km à Mgr Williamson pour lui dire : « Je suis victime des journalistes et d’Internet, il n’y a pas d’accord en vue » ? Pourquoi avoir fait venir des journalistes en majorité d’esprit gauchistes ou modernistes pour leur parler de l’état des négociations alors que précisément Mgr Fellay déclare dix jours plus tard à Flavigny qu’il n’y a que du vent et rien de concret?
Que peut faire Rome ?Dans la négociation, on est au moins deux, sinon trois ; et en diplomatie, faites quelques chose ou ne faites rien, il y aura toujours des conséquences… C’est pourquoi il faudrait plutôt écrire, "Que va faire Rome ?" Car Rome va agir. Rome veut cet accord et, comme je le disais dans mon post précédent, je ne pense pas que les évêques français et la curie puissent s’y opposer. Seul Benoît XVI décide. Toutefois, si la FSSPX ne souhaite pas aboutir, on peut très bien imaginer une seconde condamnation, accusant la FSSPX de schisme de fait. En effet, après un refus de la Fraternité, on imagine mal Benoît XVI acceptant d’attendre des « jours meilleurs » et de reporter sine die sa bienveillance du moment. On imagine très mal que le pape tende à nouveau la main à une société religieuse qui n’attendrait qu’une chose : que Rome renie publiquement tout ou partie du Concile Vatican II. « Tout ou partie » car même dans sa critique du Concile la FSSPX n’est pas claire hormis la question de la Liberté religieuse (Cf les propos de Mgr Fellay : les fameux « 95% du Concile à garder » il y a deux ou trois ans et « Le Concile à rejeter dans sa globalité » il y a deux semaines ; « La liberté de la messe, préalable à toute avancée » en 2001 et la messe « une question secondaire » en 2006).
De son côté, nul doute que Benoît XVI souhaite mettre en avant la Tradition en la faisant participer à l'oeuvre apostolique, souci majeur en cette période de crise admise par tous, et ayant d'ailleurs provoqué l'élection du Cardinal Ratzinger. C’est pourquoi, le pape considère le cas de Campos et de Mgr Rifan comme un exemple et une voie à suivre. De fait et à ses yeux, sa politique à l’égard de la FSSPX doit aboutir. La main tendue de Rome ou bien la démarche de Mgr Fellay qui ont mené à la rencontre du 29 août place donc ce dernier dans une impasse : que Mgr Fellay refuse de poursuivre la négociation et il prend le risque d’une coupure nette avec Rome ; qu’il signe et il prend le risque au plus de briser l’unité des quatre évêques (Fort improbable à mon sens), au moins de pousser vers les marges l’aile la plus dure de la FSSPX.
Dans ce contexte, ce n’est pas un hasard si Mgr Rifan est venu en France faire la tournée des évêques et en profiter pour observer ce qu’il se passe à Bordeaux (WE dernier) alors que les abbés Laguerie et Héry n’ont même pas de celebret ; et au Centre Saint Paul (Demain soir)alors qu'un ralliement à l'image de celui de l'abbé Guelfucci est hors de propos pour l'abbé de Tanouarn. Cette visite de Mgr Rifan en tous les cas permet de considérer très sérieusement l’idée de création d’un séminaire tradi en France, annoncé le mois dernier dans Le Mascaret… L’avenir nous dira si Rome a un plan pour cet évêque qui fait des petits pour la tradition au Brésil.