SOURCE - Sensus Fidei - 8 février 2006
DICI, organe officiel d’information de la Fraternité Saint Pie X, a publié une reproduction de certains extraits "enregistrés" de la conférence de Presse de Mgr Fellay, tenue le l3 janvier 2006 devant l’Association des Journalistes de l’Information Religieuse (A.J.I.R.). DICI a pour objectif - ainsi qu’il l’annonce en introduction - de faire apparaître les différences existant entre ses propres extraits et ceux publiés par l’A.J.I.R. tout autant que les commentaires qu’en avaient tirés certains organes de Presse.
De la sorte, DICI entend manifestement apaiser, après coup, les très vives réactions suscitées dans les rangs de la Fraternité par le texte de l’A.J.I.R. et ce d’autant plus que ce dernier document avait été retransmis par le site Internet de la Fraternité, "La Porte Latine", sans aucune restriction et sans observations...
Du texte de l’A.J.I.R., il résultait en effet clairement :
C’est donc devant l’ampleur des réactions ainsi constatées que - après un temps d’observation - DICI s’est employé à présenter des textes et commentaires de nature à les calmer. Comme on le constatera ci-dessous, ses efforts - si habiles soient-ils - n’apportent guère que des nuances ,si ce n’est des dérobades, concernant les points 2, 3, 4, 5. En revanche,sur le premier point - qui manifestement a été celui le plus durement ressenti par les "Ultras" du "Front du Refus" puisqu’il indiquait la négociation avec Rome comme pratiquement acquise - DICI va jusqu’à renverser complètement cette perspective, ce qui indique à quel point la hiérarchie actuelle de la Fraternité éprouve des difficultés à surmonter les oppositions de sa"base".
Reprenant les textes de DICI, on constate tout d’abord que, concernant les point 4 et 5 qui avaient suscité les interrogations de Sensus Fidei, ceux-ci ne répondent guère à nos attentes. En effet :
- Sur le point 4, le texte de DICI marque bien que le régime d’administration apostolique est "..un régime de juridiction mixte, c’est-à-dire que Rome ne soustrait pas ses fidèles à l’autorité des évêques mais elle leur permet de bénéficier de cette autorité parallèle qu’on trouve dans une administration. "On peut donc constater que nos préoccupations à ce sujet sont fondées et restent sans réponses précises.
- Sur le point 5, on constate qu’aucune allusion n’est faite dans le texte de DICI, au rôle "second" de la messe mentionné dans le texte de l’A.J.I.R. Or, d’une part, il n’y a pas de fumée sans feu et le texte de l’A.J.I.R. est trop précis sur un point d’une telle gravité pour avoir été inventé. D’autre part, si tel était pourtant le cas, DICI aurait dû avoir à coeur de le démentir catégoriquement : c’était bien la moindre des choses ! Or, il n’en fait rien. On ne peut donc écarter l’hypothèse selon laquelle DICI, confronté à un texte qu’il ne pouvait démentir, a préféré le passer sous silence. En tout cas, notre interrogation sur ce point demeure toujours.
En ce qui concerne les trois premiers points mentionnés plus haut et sur lesquels Sensus Fidei n’a pas d’observations particulières à présenter, l’on notera toutefois :
- Sur le point 3 : que le texte de DICI confirme bien que Mgr Fellay se réfère à "l’optique de Campos" à propos du régime d’Administration Apostolique qu’il évoque pour la Fraternité. Il y a donc là, sans conteste, une réhabilitation de la démarche de Campos, qu’hier encore les organes de Presse de la Fraternité vouaient aux gémonies.
- Sur le point 4 : que Mgr Fellay marque bien qu’il voit dans le discours du Pape, fin décembre, "un essai de mettre le Concile sous une nouvelle lumière" et qu’il s’en "réjouit", ajoutant qu’il s’agit bien d’une" rupture"...ce que, pour leur part, les "ultras" de la Fraternité contestent sans nuances.
L’esprit des textes de l’A.J.I.R. et celui de DICI sont donc bien proches, d’autant que Mgr Fellay ne saurait se réjouir que d’une étude du concile réalisée dans l’optique de la Tradition...
Mais, en revanche, c’est sur le premier point que le texte de DICI diverge profondément de celui de l’A.J.I.R. Alors que ce dernier donnait l’accord avec Rome comme pratiquement acquis, DICI s’efforce de le rendre beaucoup plus aléatoire et beaucoup plus lointain. La phrase, citée par l’A.J.I.R et imputée à Mgr Fellay "Je suis pour ma part convaincu que nous aboutirons" disparaît et se trouve remplacée par des textes plus filandreux et plus équivoques. Mais surtout, DICI force la note dans ce sens de deux manières pour le moins contestables.
En effet, relatant la conférence de Presse, DICI écrit : "Une volée de questions empêche Mgr Fellay de terminer(sic). Il s’apprêtait à ajouter ce qui est résumé dans le paragraphe suivant tiré de la conférence du 11 décembre 2OO5 à Saint Nicolas du Chardonnet". Suit alors un texte très exigeant, et même humiliant pour Rome, commençant ainsi : "Si vous voulez regagner notre confiance, des paroles ne suffisent pas, il faut des actes. Il faut une reprise en mains. Il faut condamner ce qu’il faut condamner etc..."
On ne peut que rester songeur devant cet ajout, fait après coup, et dont les journalistes n’aurons pas eu connaissance au prétexte qu’ils posaient trop de questions ! Il rendrait en effet presqu’impossible un accord avec le Vatican. Mais DICI va surenchérir encore, car - selon le même procédé d’ajouts a posteriori - il ajoute en effet pour terminer : "A l’issue de la conférence, à une journaliste qui lui demandait en privé s’il voyait quand même une date pour une réconciliation avec Rome, Mgr Fellay répondait peut-être par boutade : "Oui d’ici 1O ans". Or, comme Rome souhaite, on le sait, aboutir dans des délais "limités", c’est prendre ainsi son exact contrepied.
Un tel propos laisse pantois. Car, enfin, DICI est l’organe officiel de communication de la Fraternité. Pourtant, face à une citation aussi grave, il serait incapable de dire si Mgr Fellay a ou non plaisanté ? De plus, est-ce un sujet sur lequel on est en droit de plaisanter et d’entretenir l’équivoque alors qu’il est pour des dizaines de milliers de fidèles un motif d’espoir mais aussi d’angoisse ? C’est, à leur égard, pousser la désinvolture jusqu’au mépris.
Il est bien évident, si l’on s’efforce de prendre un peu de recul devant de telles palinodies, - dont de précédentes déclarations de Mgr Fellay avaient été déjà victimes - qu’il s’agit là d’une tentative de rassurer les "Ultras" de la Fraternité, et qui, mal conduite, va trop loin dans la rétractation concernant un texte qui était allé trop loin sans doute dans l’affirmation. Mais comment, dans ces conditions, ne pas susciter la surprise et la réprobation des autorités romaines comme en témoigne un récent article du "Figaro". Son correspondant au Vatican, Hervé Yannou, écrit, en effet, qu’au Vatican : "On dénonce surtout le double langage des chefs traditionalistes qui veulent à la fois satisfaire les faucons et les partisans d’un rapprochement avec le Pape". C’est parfaitement résumer les choses...
S’agit-il d’une simple péripétie ou bien les textes de DICI marquent-ils une inflexion importante ? Nous ne pouvons en trancher. Mais, sachons conserver notre sang-froid et affirmer plus clairement que jamais les orientations qui sont les nôtres car, face à une situation aussi déconcertante , tout reste possible à tout moment. La Providence aidant, les écailles peuvent tomber des yeux de certains avant qu’il ne soit trop tard. C’est notre souhait, c’est aussi notre combat.
DICI, organe officiel d’information de la Fraternité Saint Pie X, a publié une reproduction de certains extraits "enregistrés" de la conférence de Presse de Mgr Fellay, tenue le l3 janvier 2006 devant l’Association des Journalistes de l’Information Religieuse (A.J.I.R.). DICI a pour objectif - ainsi qu’il l’annonce en introduction - de faire apparaître les différences existant entre ses propres extraits et ceux publiés par l’A.J.I.R. tout autant que les commentaires qu’en avaient tirés certains organes de Presse.
De la sorte, DICI entend manifestement apaiser, après coup, les très vives réactions suscitées dans les rangs de la Fraternité par le texte de l’A.J.I.R. et ce d’autant plus que ce dernier document avait été retransmis par le site Internet de la Fraternité, "La Porte Latine", sans aucune restriction et sans observations...
Du texte de l’A.J.I.R., il résultait en effet clairement :
- 1. Que même si le"dialogue" de la Fraternité avec Rome continuait "lentement", il avait néanmoins atteint un point de non -retour, laissant présager un accord prochain. Mgr Fellay affirmait en effet : "Je suis pour ma part convaincu que nous aboutirons".Le "Front du Refus", hostile à toute négociation avec Rome - et qui réunit une partie des prêtres et laïcs de la Fraternité - avait donc accueilli l’ensemble de ces propos par de violentes réactions dont Sensus Fidei avait eu de très nombreux échos. Pour sa part, notre Association, si elle recevait de façon très positive les trois premiers points exposés ci-dessus, réagissait avec plus de prudence sur le point 4, en souhaitant que les pouvoirs des évêques locaux soient clairement définis, et s’inquiétait de la teneur du point 5, tant il lui apparaissait que la Messe tridentine constituait l’expression même de la Foi Catholique.
- 2. Que, comme l’indiquait d’autre part Mgr Fellay : "La discussion va se concentrer sur la question de l’acceptation du Concile. Nous allons repartir de la formule proposée en l988 par Mgr Lefebvre : "Nous acceptons le concile à la lumière de la Tradition".
- 3. Qu’un statut d’Administration apostolique "comme c’est le cas dans le diocèse de Campos" serait probablement accordé à la Fraternité.
- 4. Qu’ainsi, "Rome permettrait aux fidèles de la Fraternité Saint Pie X de bénéficier d’une autorité parallèle sans se soustraire pour autant à l’évêque local ".
- 5. Par ailleurs, Mgr Fellay indiquait au passage "Que la question sur l’ancienne et sur la nouvelle Messe sur laquelle les esprits se focalisent est, au fond, seconde, la liturgie n’étant que l’expression de la Foi".
C’est donc devant l’ampleur des réactions ainsi constatées que - après un temps d’observation - DICI s’est employé à présenter des textes et commentaires de nature à les calmer. Comme on le constatera ci-dessous, ses efforts - si habiles soient-ils - n’apportent guère que des nuances ,si ce n’est des dérobades, concernant les points 2, 3, 4, 5. En revanche,sur le premier point - qui manifestement a été celui le plus durement ressenti par les "Ultras" du "Front du Refus" puisqu’il indiquait la négociation avec Rome comme pratiquement acquise - DICI va jusqu’à renverser complètement cette perspective, ce qui indique à quel point la hiérarchie actuelle de la Fraternité éprouve des difficultés à surmonter les oppositions de sa"base".
Reprenant les textes de DICI, on constate tout d’abord que, concernant les point 4 et 5 qui avaient suscité les interrogations de Sensus Fidei, ceux-ci ne répondent guère à nos attentes. En effet :
- Sur le point 4, le texte de DICI marque bien que le régime d’administration apostolique est "..un régime de juridiction mixte, c’est-à-dire que Rome ne soustrait pas ses fidèles à l’autorité des évêques mais elle leur permet de bénéficier de cette autorité parallèle qu’on trouve dans une administration. "On peut donc constater que nos préoccupations à ce sujet sont fondées et restent sans réponses précises.
- Sur le point 5, on constate qu’aucune allusion n’est faite dans le texte de DICI, au rôle "second" de la messe mentionné dans le texte de l’A.J.I.R. Or, d’une part, il n’y a pas de fumée sans feu et le texte de l’A.J.I.R. est trop précis sur un point d’une telle gravité pour avoir été inventé. D’autre part, si tel était pourtant le cas, DICI aurait dû avoir à coeur de le démentir catégoriquement : c’était bien la moindre des choses ! Or, il n’en fait rien. On ne peut donc écarter l’hypothèse selon laquelle DICI, confronté à un texte qu’il ne pouvait démentir, a préféré le passer sous silence. En tout cas, notre interrogation sur ce point demeure toujours.
En ce qui concerne les trois premiers points mentionnés plus haut et sur lesquels Sensus Fidei n’a pas d’observations particulières à présenter, l’on notera toutefois :
- Sur le point 3 : que le texte de DICI confirme bien que Mgr Fellay se réfère à "l’optique de Campos" à propos du régime d’Administration Apostolique qu’il évoque pour la Fraternité. Il y a donc là, sans conteste, une réhabilitation de la démarche de Campos, qu’hier encore les organes de Presse de la Fraternité vouaient aux gémonies.
- Sur le point 4 : que Mgr Fellay marque bien qu’il voit dans le discours du Pape, fin décembre, "un essai de mettre le Concile sous une nouvelle lumière" et qu’il s’en "réjouit", ajoutant qu’il s’agit bien d’une" rupture"...ce que, pour leur part, les "ultras" de la Fraternité contestent sans nuances.
L’esprit des textes de l’A.J.I.R. et celui de DICI sont donc bien proches, d’autant que Mgr Fellay ne saurait se réjouir que d’une étude du concile réalisée dans l’optique de la Tradition...
Mais, en revanche, c’est sur le premier point que le texte de DICI diverge profondément de celui de l’A.J.I.R. Alors que ce dernier donnait l’accord avec Rome comme pratiquement acquis, DICI s’efforce de le rendre beaucoup plus aléatoire et beaucoup plus lointain. La phrase, citée par l’A.J.I.R et imputée à Mgr Fellay "Je suis pour ma part convaincu que nous aboutirons" disparaît et se trouve remplacée par des textes plus filandreux et plus équivoques. Mais surtout, DICI force la note dans ce sens de deux manières pour le moins contestables.
En effet, relatant la conférence de Presse, DICI écrit : "Une volée de questions empêche Mgr Fellay de terminer(sic). Il s’apprêtait à ajouter ce qui est résumé dans le paragraphe suivant tiré de la conférence du 11 décembre 2OO5 à Saint Nicolas du Chardonnet". Suit alors un texte très exigeant, et même humiliant pour Rome, commençant ainsi : "Si vous voulez regagner notre confiance, des paroles ne suffisent pas, il faut des actes. Il faut une reprise en mains. Il faut condamner ce qu’il faut condamner etc..."
On ne peut que rester songeur devant cet ajout, fait après coup, et dont les journalistes n’aurons pas eu connaissance au prétexte qu’ils posaient trop de questions ! Il rendrait en effet presqu’impossible un accord avec le Vatican. Mais DICI va surenchérir encore, car - selon le même procédé d’ajouts a posteriori - il ajoute en effet pour terminer : "A l’issue de la conférence, à une journaliste qui lui demandait en privé s’il voyait quand même une date pour une réconciliation avec Rome, Mgr Fellay répondait peut-être par boutade : "Oui d’ici 1O ans". Or, comme Rome souhaite, on le sait, aboutir dans des délais "limités", c’est prendre ainsi son exact contrepied.
Un tel propos laisse pantois. Car, enfin, DICI est l’organe officiel de communication de la Fraternité. Pourtant, face à une citation aussi grave, il serait incapable de dire si Mgr Fellay a ou non plaisanté ? De plus, est-ce un sujet sur lequel on est en droit de plaisanter et d’entretenir l’équivoque alors qu’il est pour des dizaines de milliers de fidèles un motif d’espoir mais aussi d’angoisse ? C’est, à leur égard, pousser la désinvolture jusqu’au mépris.
Il est bien évident, si l’on s’efforce de prendre un peu de recul devant de telles palinodies, - dont de précédentes déclarations de Mgr Fellay avaient été déjà victimes - qu’il s’agit là d’une tentative de rassurer les "Ultras" de la Fraternité, et qui, mal conduite, va trop loin dans la rétractation concernant un texte qui était allé trop loin sans doute dans l’affirmation. Mais comment, dans ces conditions, ne pas susciter la surprise et la réprobation des autorités romaines comme en témoigne un récent article du "Figaro". Son correspondant au Vatican, Hervé Yannou, écrit, en effet, qu’au Vatican : "On dénonce surtout le double langage des chefs traditionalistes qui veulent à la fois satisfaire les faucons et les partisans d’un rapprochement avec le Pape". C’est parfaitement résumer les choses...
S’agit-il d’une simple péripétie ou bien les textes de DICI marquent-ils une inflexion importante ? Nous ne pouvons en trancher. Mais, sachons conserver notre sang-froid et affirmer plus clairement que jamais les orientations qui sont les nôtres car, face à une situation aussi déconcertante , tout reste possible à tout moment. La Providence aidant, les écailles peuvent tomber des yeux de certains avant qu’il ne soit trop tard. C’est notre souhait, c’est aussi notre combat.